2020-2025 : Un mandat pour mieux prévenir et soigner à Nantes

Publié le 04 avr. 2025

La santé et l'accès aux soins, notamment dans les quartiers populaires, sont devenus l'une des priorités de ce mandat. Explications.

  • Le centre de santé du Breil a ouvert ses portes en octobre 2024. © Garance Wester pour Nantes Métropole.

La question de l’accès aux soins à Nantes — comme ailleurs — est plus que jamais au cœur des préoccupations, notamment dans les quartiers populaires. Selon l’Observatoire régional de la santé (ORS) des Pays de la Loire, ces derniers comptent seulement 26 médecins sur 286 exerçant dans la Cité des ducs. Derrière ces données brutes, quelles sont les conséquences pour les habitants ?

« J’ai reçu des patients âgés qui n’avaient pas vu de médecin depuis 10 ans, confie Raphaëlle Bigot, médecin généraliste à la maison de santé de Bellevue. Parfois, on arrive après la bataille, quand la maladie est déjà bien installée… C’est une vraie perte de chances. » Comment l’expliquer ? Toujours selon le rapport de l’ORS, cet écart est lié notamment « aux départs en retraite des médecins généralistes […] Les professionnels de santé en activité manquent de disponibilité pour recevoir des patients, entraînant des délais de consultation qui se rallongent. »

Répondre à la pénurie de médecins

Si la crise sanitaire a accentué ces inégalités d’accès, l’organisation de l'offre de soins relève avant tout de l’État. Toutefois, la Ville agit, en complément, pour améliorer l’accès aux soins. En lien avec l’Agence régionale de santé (ARS), elle a mis en place plusieurs initiatives pour pallier la pénurie de professionnels de santé. Parmi ces solutions : les maisons de santé pluridisciplinaires (Nantes Nord, Bellevue) et les centres de santé, qui regroupent divers professionnels (médecins, infirmiers, kinésithérapeutes, etc.).

La santé des enfants fait aussi l’objet d’un suivi renforcé dans les écoles nantaises, avec des bilans médicaux dès la grande section de maternelle, un accompagnement des enfants en situation de handicap et de nombreuses actions de prévention. À noter : Nantes fait partie des 11 villes françaises à gérer directement la santé scolaire.

« 75 minutes d’exercice intense par semaine »

Autre enjeu, la prévention. La Ville a fait du sport-santé une priorité, reconnaissant ses bienfaits pour la santé physique, mentale et sociale. « Les adultes devraient pratiquer entre 150 et 300 minutes d’activité physique modérée par semaine, ou au moins 75 minutes d’exercice intense, pour en tirer des bénéfices pour la santé », recommande l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

En 2020, Nantes a lancé plusieurs initiatives pour bouger régulièrement avec le soutien des maisons sport-santé pour accompagner la reprise d’activité physique, des parcours sportifs en libre accès, des équipements pour les seniors et des événements de sensibilisation. L’objectif est clair : améliorer la qualité de vie des Nantaises et Nantais, lutter contre la sédentarité et renforcer le lien social. La multiplication d’espaces comme les street-workouts, skateparks et sites d’escalade, illustrent cette volonté.

Ce qu'il reste à faire

Nantes compte 286 médecins généralistes en 2024 — un chiffre stable depuis 2021 — mais si leur nombre ne diminue pas, leur répartition reste très inégale. Certains quartiers manquent cruellement de praticiens, alors que la population de la ville continue de croître : « La densité de médecins varie de 0 à 204 médecins pour 100 000 habitants selon les micro-quartiers nantais », observe l’ORS.

Attirer de nouveaux praticiens, notamment dans les quartiers populaires, est un enjeu majeur. Comment s’y prendre ? « Aujourd’hui, les médecins veulent exercer autrement, ils n'imaginent plus travailler différemment qu’en groupe, et s’appuient sur les compétences d'autres acteurs tels que les médiateurs, pour soigner leurs patients avec des situations sociales plus complexes, explique Xavier Samson, chargé de mission à la direction de la santé publique de la Ville de Nantes. Nous devons créer des conditions d’installation attractives. Cela passe par l’aide à la recherche de locaux. »

La collectivité pourra s’appuyer, à terme, sur « un dispositif métropolitain d’aide à l’installation et au maintien de professionnels de santé de premier recours. » Ce dernier, qui est en cours d’élaboration, « ambitionne de mieux répartir l’offre de médecins généralistes à l’échelle de la ville. »

En chiffres

  • 2 maisons de santé ouvertes (Bellevue, Nantes Nord) et un centre de santé au Breil.
  • 26 médecins généralistes dans les quartiers prioritaires, contre 17 en janvier 2021. Source : ORSPDL mai 2024.
  • 2 636 bilans médicaux réalisés en 2024 pour les élèves de grande section de maternelle.

Pourquoi la Ville de Nantes fait-elle du sport-santé une priorité ?

Marlène Collineau, adjointe à la santé
Ali Rebouh, adjoint aux sports  

« Le sport est un levier majeur de bien-être et de santé pour toutes et tous. Consciente de ses bienfaits physiques, mentaux et sociaux, la Ville fait du sport-santé une priorité en développant des infrastructures accessibles, des dispositifs adaptés et des partenariats avec les acteurs médicaux et associatifs. Nous soutenons notamment le développement des Maisons sport-santé labellisées, qui accompagnent les personnes souhaitant reprendre une activité physique personnalisée et adaptée, notamment celles atteintes de maladies chroniques. Les parcours sportifs en libre accès, les activités pour les seniors et les événements de sensibilisation participent aussi à cet engagement. Notre ambition est claire : favoriser une pratique sportive régulière pour améliorer la qualité de vie des Nantaises et Nantais, lutter contre la sédentarité et renforcer le lien social. En intégrant l’activité physique et sportive dans les politiques publiques de santé, Nantes s’affirme comme une ville engagée pour le bien-être de ses habitants. »

La Maison de santé de Bellevue, 100 000 consultations en trois ans

  • © Nantes Métropole

La réalisation qui fait du bien

Portée par la Ville de Nantes et une équipe de professionnels de santé libéraux, la maison de santé de Bellevue s’est imposée, en 3 ans, comme un lieu incontournable du quartier. Pénurie de médecins, départs à la retraite de nombreux professionnels, besoins spécifiques des habitants... La structure nantaise était très attendue. « C’est bien plus qu’un cabinet médical, explique Hélène Boulc’h, coordinatrice du projet pour la Ville de Nantes. C’est à la fois un lieu de soin et de médiation ouvert à tous, qui rassemble différents professionnels travaillant ensemble pour faciliter la continuité des soins dans un espace moderne et chaleureux au cœur du quartier. » 

Médecins, sages-femmes, orthophonistes, kinésithérapeutes, psychologue, médiatrice de santé, infirmiers, secrétaires médicaux, coordinatrices... Une trentaine de professionnels de santé (deux fois plus qu’au démarrage) travaillent aujourd’hui au service de 9 000 patients. Ils ont réalisé plus de 100 000 consultations en trois ans d’ouverture. 

Outre l’accès aux soins, la structure propose tout au long de l’année de multiples projets de prévention et promotion de la santé ouverts à tous gratuitement à l’initiative des professionnels de santé, des associations ou de la collectivité, à l’image du groupe de parole « santé des femmes » et du café thématique « Samedi d’en parler ». En complément des actions de santé ponctuelles, des structures associatives et institutionnelles interviennent également sous forme de permanences régulières.

« L’idée est de travailler en synergie pour créer du lien avec les habitants », analyse la coordinatrice. Afin de les rendre acteurs de leur santé, la structure ambitionne de devenir une « maison de santé participative », une expérimentation régionale soutenue par l’ARS des Pays de la Loire.

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