Dans quel état d’esprit êtes-vous, à quelques jours de la réouverture ?
"Après 6 mois de fermeture, on est très contents de se retrouver, à la fois dans l’équipe et avec les spectateurs. On a perdu de l’argent dans la période, mais on a été aidés. L’inquiétude, c’est ce qui va se passer sur le long terme, à savoir si l’on aura des spectateurs dans nos salles."
Dans quelles conditions allez-vous rouvrir ?
"Le 19 mai, nous aurons encore un couvre-feu jusqu’à 21h, et des jauges à 35% : nous devons laisser deux fauteuils entre chaque spectateurs ou groupe de spectateurs. Au 9 juin, le couvre-feu passera à 23h et les jauges à 65%. Le 30 juin, si le couvre-feu se termine bien, les jauges reviendront à 100 %. Dans l’immédiat, nous proposerons des séances tous les matins, à 10h30-11h. On accueillera à nouveau aussi des scolaires, on attend les directives. Et les événements reprennent. D’abord deux week-ends avec le Festival du cinéma espagnol, pendant le week-end de Pentecôte puis avec Marisa Paredes, les 11 et 13 juin. Ensuite Ciné Pride, même si les séances se termineront à 20h30 – ça n’est pas trop dans l’esprit du festival ! Nos rendez-vous comme l’Absurde séance, les Goûters de l’écran, reviennent également."
Près de 400 films français et étrangers sont prêts à sortir… Comment écouler cette énorme production ?
"On sait que des films sortent en VOD, d’autres iront juste à la télévision, et les 400 films vont peut-être devenir 350. À la réouverture, nous aurons à l’affiche majoritairement les films qu’on avait fin octobre : « Drunk », « ADN », « Garçon chiffon »… Ensuite à partir du 2 juin, c’est assez compliqué, on ne prendra pas certains films. On s’arrache déjà les cheveux !"
Sessions de rattrapage au Cinématographe
Le cinéma associatif de la rue des Carmélites, à Nantes, va lui aussi rouvrir ses portes au public dès le 19 mai. Pour cet établissement spécialisé dans le film de patrimoine, pas de choix cornélien au programme : « À la fermeture fin octobre, tout le programme de décembre janvier était calé, prêt à partir à l’imprimerie », explique Emmanuel Gibouleau, le programmateur. Les cinéphiles pourront se régaler avec « cinq Chabrol restaurés, des Fritz Lang, le "Man hunter" de Michael Mann, "The wicker man" dont on avait fait l’avant-première en octobre... »
Le Cinématographe va aussi retrouver ses spectateurs les plus jeunes : « On repart avec les scolaires tout de suite. Même si on ne récupérera pas l’année, on fait le maximum pour que les élèves puissent voir au moins un film. » Quant aux étudiants, le programmateur s’avoue confiant : « Si ça se passe comme en juin 2020, on va les retrouver rapidement. » Emmanuel Gibouleau se dit surtout inquiet pour le réseau français du cinéma : « Il n’y a pas eu d’accord pour un calendrier concerté des sorties, et je suis pessimiste pour les exploitants les plus fragiles. »