Révisez vos connaissances sur la Tour LU avant votre visite

En 1885, Louis Lefèvre-Utile rachète une ancienne filature sur l’île de la Madeleine pour y déménager sa biscuiterie. Il va la transformer en une usine moderne où est produit à partir de 1888 le célèbre Petit-Beurre. Féru d’art, l’industriel nantais « voit dans l’architecture un moyen d’assurer la notoriété de sa marque », explique Didier Guyvarc’h dans le Dictionnaire de Nantes. Il imagine une porte monumentale encadrant la nouvelle avenue Carnot, dans la perspective des cours et du pont de la Rotonde. Déjà auteur d’une « tour phare » pour le pavillon LU à l’Exposition universelle de 1900 à Paris, Auguste Bluysen conçoit les deux tours de 38 mètres surplombant les bâtiments de l’usine. Achevées en 1910, elles sont ornées de bas-reliefs représentant la Renommée, alors emblème de la marque. Leur coupole est surmontée d’une lanterne, « le phare LU».

Les bombardements alliés de septembre 1943 endommagent une partie de la biscuiterie, mais celle-ci conserve son apparence. De grands travaux dans les années 1970 vont faire disparaître les coupoles, puis la tour ouest est démolie lorsqu’est aménagé un hôtel quai Baco. En 1985, la décision est prise de déménager la biscuiterie LU en dehors de la ville. Chose faite l’année suivante. Fin d’une époque.

Ce qu’il reste du site industriel devient dans les années 1990 une friche culturelle. « C’est une période charnière entre la biscuiterie et le lieu dédié aux artistes », souligne Fleur Richard, secrétaire générale du lieu unique. Le site accueille entre autres Royal de Luxe puis les chaudes soirées des Allumées, la provocante Bite Génération, un concert géant de Tri Yann… Jean Blaise y installe en 1994 le CRDC, le Centre de recherche pour le développement culturel, qu’il dirige. La Ville de Nantes, devenue propriétaire du site, en confie la réhabilitation globale à Patrick Bouchain. Jean-Marie Lépinay fait reconstruire la Tour LU, qui retrouve son cachet originel en 1998. « C’était une volonté de l’État et de l’architecte des Bâtiments de France », précise Fleur Richard. La restauration fait appel à des matériaux modernes, résine et éléments préfabriqués. Mais l’escalier en fonte qui mène au lanternon est bien celui d’origine !

Le lieu unique ouvre le 1er janvier 2000 sur le site réhabilité. Le centre de culture contemporaine, labellisé scène nationale, accueille depuis spectacles de théâtre et danse, concerts, expositions, conférences… « Il fallait conserver cet état d’esprit, l’idée qu’on peut tout faire dans ce lieu, faire émerger des formes d’art à la marge, des expériences, à côté de formes plus reconnues », note Fleur Richard. La programmation culturelle du lieu unique attire aujourd’hui 200 000 personnes par an, sur un total de 650 000 visiteurs. « Restaurant, café, librairie, crèche, hammam sont conçus pour en faire un lieu de vie et attirer un public parfois rétif à la fréquentation des lieux culturels institutionnels », souligne Didier Guyvarc’h dans le Dictionnaire de Nantes.

L’ascension de la Tour LU permet de découvrir les grands pans de l’histoire du lieu, grâce à un nouveau parcours de visite imaginé par les scénographes de Praline. Il associe images d’archives, affiches, photos de spectacles, interviews vidéo, mais aussi une rétrospective qui retrace 20 ans de programmation au lieu unique – pas moins de 10 000 artistes sont passés entre ses murs ! Au centre de la cage d'escalier, le visiteur découvre une œuvre sonore et lumineuse du collectif nantais AA et Matisse Vrignaud, avant d’accéder au gyrorama : un belvédère ludique, à actionner soi-même, qui permet de profiter pleinement de la vue sur le château et le quartier Madeleine/Champ-de-Mars. Bonne nouvelle : après la période des fêtes, la visite de la Tour LU devrait être possible à l’année.