[Notre histoire] La belle plaisance, une histoire nantaise au fil de l’eau

Publié le 03 sept. 2025

Dernière mise à jour 03 sept. 2025

Les Rendez-vous de l'Erdre sont l'occasion chaque année de redécouvrir le patrimoine de la belle plaisance. À Nantes, c'est une histoire qui s'ancre au 19e siècle.

  • La belle plaisance une histoire nantaise
    Nantes a été le creuset d'innovations navales et la belle plaisance s'est développée dans ce sillage. © Archives de Nantes

Au 19e siècle, la plaisance se développe à Nantes, notamment à la faveur de l’arrivée du chemin de fer. Il permet aux Parisiens amateurs de plaisance et propriétaires de bateaux de se rendre en province pour assister aux régates et naviguer. « Le développement économique de Nantes favorise également l’émergence d’une bourgeoisie qui s’adonne à cette pratique sportive dans son temps libre. Et Nantes, grand port maritimo-fluvial, bénéficie bien sûr de sa géographie avec la Loire et l’Erdre, des plans d’eau accessibles pour le yachting », relate Franck Barrau, président de l’association Erdre Voiles Passion.
Les premières régates nantaises officielles sont ainsi organisée au mitan du siècle. Suivies, une décennie plus tard, de la création des premières associations dédiées, comme la Société nautique de Nantes en 1857, ou le Sport Nautique de l’Ouest (SNO) en 1882 – un club encore en activité aujourd’hui.

Innovation des chantiers nantais

La pratique de la plaisance est une aubaine pour les constructeurs navals nantais. Ils diversifient leur production et innovent dans le nautisme, à l’image des chantiers Blasse. « Les chantiers nantais et chantenaysiens se spécialisent notamment dans la construction de yachts à voiles et à coque en métal, dont certains existent encore aujourd’hui, comme le Vezon et le Vétille », pointe Franck Barrau.
La plaisance essuie toutefois un coup de vent pendant la première moitié du 20e siècle, du fait essentiellement de la Seconde Guerre mondiale. Mais la construction connaît une embellie à partir des années 1950 en France, à la faveur des Trente Glorieuses et du développement des activités de loisirs et touristiques qui en découlent.

Nouvel essor pour la plaisance

Le regain d’activité est aussi assuré par la constitution d’une classe moyenne et l’apparition de nouveaux matériaux et procédés qui permettent la construction en grande série et la pratique de la voile par tous. On assiste à l’essor des dériveurs tels que le Vaurien (1951), la Caravelle (1953), le Caneton dit « à restriction » ou le Caneton 57 (plan de l'architecte Eugène Cornu), mais aussi des petits voiliers de croisière tels que les Corsaires, Corvettes (plan Herbulot) et les Muscadets (plan Harlé), pour ne citer que ceux-là.

Le Muscadet, un grand cru

Dans la région nantaise, le nom de l’architecte naval Philippe Harlé est indissociable de celui du constructeur Aubin. Harlé-Aubin donne naissance à « la » référence française dans le domaine de la voile : le Muscadet, un bateau accessible – un tiers moins cher que ses concurrents – et un coup de maître en termes de conception navale. « Le "Mumu", comme l’appellent ses inconditionnels, est fabriqué jusqu’en 1979, vaincu par la concurrence des voiliers en polyester. En 1987, l’association des propriétaires de Muscadets se constitue. Sous son influence, les vieux bateaux ressortent des hangars », relate Nantes Patrimonia. Il n’est pas rare aujourd’hui d’en croiser lors de régates, organisées sur le littoral atlantique.

Nos sources
• Nantes Patrimonia : Dossier « La plaisance à Nantes ».
• Dictionnaire de Nantes (Presses universitaires de Rennes).
• L'association Erdre Voile Passion : barraufranck.wixsite.com/vetille

Repères chronologiques

Organisation par la municipalité de la première régate officielle pour marquer l’inauguration de la gare ferroviaire. Devant Notre-Dame-de-Bon-Port, 34 embarcations à voile et 19 à l'aviron, dont trois venues de Paris par le train, y participent.

Naissance du Muscadet au chantier Aubin. Il sera élu voilier du siècle en 2000 par le magazine Voiles et Voiliers.

Renaissance grâce à l’association Erdre Voiles Passion, du monotype de la Loire Talma, bateau du patrimoine nantais, dessiné en 1928 par Talma Bertrand. Une initiative soutenue par la Ville et Nantes Métropole.

  • Belle plaisance Vetille
    Vetille fait partie du patrimoine nautique nantais et français. © Rodolphe Delaroque

Le saviez-vous ?

Une spécificité nantaise : les yachts en fer

Alors que l’industrie se développe, nourrie d’innovations technologiques, Nantes va connaître, dans la 2e moitié du 19e siècle, de fortes évolutions. Notamment dans les secteurs de la construction navale et des conserveries, où l’on travaille le métal dans ses différentes formes : le fer et, plus tard, l’acier doux. Ainsi, quatorze yachts en fer – dix dériveurs (dont les trois V) suivis de quatre quillards – ont été construits par les chantiers nantais.

Les Trois V

On les désigne parfois sous cette appellation. Viviane, Vezon et Vétille sont trois yachts en fer nantais construits dans la deuxième moitié du 19e siècle. Trois bateaux de régate qui se moquent bien de leur grand âge, puisque deux d’entre eux naviguent toujours – Vezon (1887) et Vétille (1893) – alors que Viviane (1859) est désormais visible au Port-musée de Douarnenez.