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Soofût veut la peau des fûts plastiques jetables
Publié le 03 nov. 2025
Dernière mise à jour 04 nov. 2025
[Série : les acteurs du réemploi] L’entreprise de Rezé propose aux brasseries artisanales un service clé en main leur évitant de recourir aux fûts plastiques jetables. Elle s’intéresse aujourd’hui aux petits contenants.
Une alternative écologique pour les petites brasseries
Peut-être faites-vous partie de celles et ceux qui ont délaissé les marques des multinationales pour des bières plus confidentielles ? Ces dernières années, le marché français a connu un boom des brasseries artisanales : « Elles sont passées en 10 ans de 500 à plus de 2 500 ! » observe Mathieu Roirand, cofondateur avec Hugo Daudet de Soofût, entreprise rezéenne œuvrant dans le secteur de l’économie sociale et solidaire (ESS). Leur collaboration remonte à 2019 : « On cherchait à entreprendre dans l’économie circulaire et le réemploi, et on a rencontré Bout à Bout qui nous a mis sur la piste des fûts jetables en plastique de 20 et 30 litres. Des brasseries leur avaient demandé de créer une filière pour ces contenants, mais ils étaient concentrés sur leur filière bouteilles et ils nous ont proposé d’étudier cette problématique ».
Les deux jeunes entrepreneurs vont s'atteler à mettre au point une alternative écologique à ces contenants à usage unique, « multiplastiques, difficilement dissociables et non recyclés en France ». Avec l’ambition de permettre aux petites brasseries artisanales d’accéder aux fûts inox pour vendre leur production. « Elles n’ont pas forcément les volumes suffisants pour avoir leur parc de fûts inox, et surtout leur propre laveuse. D’où l’intérêt de les mutualiser dans des centres de lavage de proximité », poursuit Mathieu Roirand. Soofût ouvre en 2020 à la Ressourcerie de l’île à Rezé. C’est alors le premier centre en France à proposer un service clé en main de location, lavage, maintenance et logistique de fûts inox réemployables, « un service moins cher que le fût plastique jetable ».
Soutien de la Métropole pour une tireuse innovante
En 5 ans d’activité, Soofût a évité l’emploi de « 512 000 fûts jetables 20 et 30 litres, représentant 768 tonnes ». C’est désormais aux mini-fûts de quelques litres – pour tireuses à bière types Perfect Draft ou BeerTender – qu’elle compte s’attaquer. « Ce sont des petits fûts alu avec une poche plastique jetable à l’intérieur et une faible durée de vie, précise Mathieu Roirand. Les artisans n’y ont pas accès, car ces modèles sont verrouillés par les grands acteurs du marché. » Soofût travaille ainsi à la conception d’une tireuse à bière utilisant des fûts réemployables de 10 litres. « C’est un projet d’environ 48 000 €, le fonds métropolitain en couvrira la moitié ». L’entreprise rezéenne entend proposer cette offre à la fin 2026, « avec une expérimentation à Nantes et dans la métropole ».
Une implantation dans le Grand Est en vue
L’entreprise, qui doit dégager 2,4 M€ de chiffre d’affaires en 2025, s’est développée dans tout le pays et compte désormais six centres de lavage à Nantes, Bordeaux, Paris, Lyon, Marseille, Toulouse. « Nous étudions actuellement une 7e implantation à Strasbourg, pour couvrir le Grand Est », dévoile Mathieu Roirand. Et les projets ne manquent pas puisque Soofût entend aussi développer un service professionnel de réparation et maintenance de fûts inox arrivés en fin de vie : « L’idée est de les re-carrosser, remplacer la partie technique, et augmenter ainsi leur durée de vie. Ce service n’existe pas encore en France, et beaucoup de fûts dorment aujourd’hui dans les entrepôts ».
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            2 020 année de création de Soofût
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            15 salariés et une dizaine d’opérateurs en insertion
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            24 214 euros reçus du fonds métropolitain d’appui aux innovations de réemploi
 
Quand Nantes Métropole soutient les innovations dans le réemploi
Soofût est parmi la quinzaine d’entreprises soutenues dans le cadre du fonds métropolitain d’appui aux innovations de réemploi, voté en octobre 2024 en conseil métropolitain et doté de 1 million d’euros. L’ambition ? Soutenir le développement de projets innovants de réemploi industriel. Cette démarche est déjà engagée au sein de quatre filières économiques stratégiques : l’industrie (et les matériaux composites carbone), la mode durable, le numérique responsable et le secteur de la construction. La collectivité a en outre lancé la charte Nantes, terre de réemploi, signée par près de 90 acteurs à ce jour (entreprises, acteurs institutionnels, associations…), pour faire émerger une filière locale.