Le rideau se lève sur un Jardin (encore plus) extraordinaire
Modixia réemploie les ordinateurs destinés à la poubelle
Publié le 06 oct. 2025
Dernière mise à jour 08 oct. 2025
[Série : les acteurs du réemploi] Modixia a conçu un ordinateur fixe qui s’adapte à toutes les cartes-mères issues de PC destinés au rebut. Rencontre avec Jérôme Botte, dirigeant de Modixia.
Des PC réemployés made in France
Au chômage technique pendant la pandémie de Covid, Jérôme Botte, alors dessinateur industriel pour Naval Group, imagine une unité centrale d’ordinateur fixe dans laquelle il réemploierai des composants électroniques de portables non reconditionnables. « Les reconditionneurs ne les revendent pas pour des questions d’esthétiques essentiellement. Nous les récupérons pour donner une seconde vie à la carte-mère et au système de ventilation. Ces composants fonctionnels, fabriqués avec des métaux précieux difficiles à trouver, représentent plus de la moitié du bilan carbone du PC portable initial, » rappelle le dessinateur devenu dirigeant de Modixia. C’est l’entreprise qu’il a lancée en 2023, après un temps d’incubation aux Ecossolies, avec l’objectif de vendre ses ordinateurs « Restart » made in France aux collectivités et entreprises principalement pourvoyeuses de postes de travail fixes. « Les PC récupérés ne sont pas tous identiques, mais le boîtier que nous avons conçu peut accueillir n’importe quel format de carte-mère. Nous avons breveté cette innovation », souligne Jérôme Botte.
Soutien de la Métropole pour un logiciel
Jusqu’à présent les pièces adaptatives des composants électroniques étaient dessinées à la main avant d’être fabriquées dans une imprimante 3D. Un partenaire de Modixia développe actuellement un logiciel qui permettra de redessiner automatiquement les éléments à réemployer et de générer les pièces de standardisation associées. Ces pièces seront ensuite directement envoyées en fabrication. « Ce sera un gain de temps très important pour nous, et qui évitera les erreurs dues à une conception manuelle, se réjouit Jérôme Botte. Nous pourrons passer à l’échelle en industrialisant la partie réemploi et en répondant plus rapidement aux commandes. »
À terme, le logiciel générera également la pièce de sortie de ventilation et ouvrira la possibilité de proposer des ordinateurs à l’unité. « Nous recevons majoritairement des séries de PC identiques mais nous pourrons aussi collecter et réemployer des lots hétérogènes afin d’élargir le réseau de collecte », ajoute Jérôme Botte. Ce logiciel est pour moitié financé par Nantes Métropole à travers le fonds métropolitain d’appui aux innovations de réemploi.
Un boîtier garanti à vie
Modixia va encore plus loin en garantissant son boîtier à vie, en proposant une offre de maintenance et de mise à niveau à la fin de la garantie. Les composants internes peuvent être changés en fonction du nouveau besoin client. « L’idée est d’avoir un produit durable, de ne pas pousser au rachat d’un nouveau matériel et d’utiliser les ressources déjà présentes sur notre territoire, » précise Jérôme Botte. Aujourd’hui de nombreuses PME, le Voyage à Nantes ou Nantes Métropole sont clients de Modixia ainsi que des intégrateurs comme Cisit et Duotech qui proposent des offres d’infogérance (installation, cloud, cybersécurité… ).
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2 023 année de création de Modixia
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2 salariés et 3 prestataires progressivement internalisés
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30 000 euros reçus du fonds métropolitain d’appui aux innovations de réemploi
Quand Nantes Métropole soutient les innovations dans le réemploi
Modixia est parmi la quinzaine d’entreprises soutenues dans le cadre du fonds métropolitain d’appui aux innovations de réemploi, voté en octobre 2024 en conseil métropolitain et doté de 1 million d’euros. L’ambition ? Soutenir le développement de projets innovants de réemploi industriel. Cette démarche est déjà engagée au sein de quatre filières économiques stratégiques : l’industrie (et les matériaux composites carbone), la mode durable, le numérique responsable et le secteur de la construction. La collectivité a en outre lancé la charte Nantes, terre de réemploi, signée par près de 90 acteurs à ce jour (entreprises, acteurs institutionnels, associations…), pour faire émerger une filière locale.