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Les chercheurs nantais ont le regard braqué sur Mars

ActualitésPublié le 23 février 2021

Une équipe du laboratoire de planétologie et géodynamique (LPG) s’apprête à étudier les données sur le sol et les roches martiennes rapportées par le rover Perseverance.

Ingénieur recherche CNRS au LPG de Nantes, Stéphane Le Mouélic va travailler sur les données transmises par le rover martien Perseverance.
Ingénieur recherche CNRS au LPG de Nantes, Stéphane Le Mouélic va travailler sur les données transmises par le rover martien Perseverance.

Jeudi 18 février, il y avait de la tension et de l’émotion au sein du Laboratoire de Planétologie et Géodynamique de Nantes (LPG). Comme de nombreux autres scientifiques de la planète, l’attention des chercheurs nantais était portée à 70 millions de kilomètres de nous. Sur Mars, où atterrissait le rover Perseverance.

“Ce sont des moments très forts, raconte Stéphane Le Mouélic, ingénieur de recherche CNRS au LPG. Souvent, on les suit ensemble, avec l’équipe scientifique. C’est la phase la plus risquée, il y a beaucoup d'émotion au moment de l’atterrissage. Pour certains, c’est l’accomplissement de près de dix ans de travail pour fabriquer l’instrument, et pour d'autres, le début de plusieurs années d'acquisition et d'analyse de données. Tout commence maintenant, et il y a beaucoup d’excitation.”

En images

Le rover Perseverance en train de se poser sur Mars (Nasa/JPl-caltech)
Le rover Perseverance en train de se poser sur Mars (Nasa/JPl-caltech)
Première image en couleur de Mars prise par le rover Perseverance (NASA/JPL-Caltech)
Première image en couleur de Mars prise par le rover Perseverance (NASA/JPL-Caltech)
La caméra couleur est l'une des innovations de la SuperCam (NASA/JPL-Caltech)
La caméra couleur est l'une des innovations de la SuperCam (NASA/JPL-Caltech)
Dessin du rover Perseverance avec la SuperCam en action (NASA)
Dessin du rover Perseverance avec la SuperCam en action (NASA)

Un outil de mesure très complet 

Avec son collègue du LPG, Nicolas Mangold, directeur de recherche au CNRS, Stéphane Le Mouélic fait partie de l’équipe scientifique de la SuperCam, un outil dont la construction a été pilotée par l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie, à Toulouse, avec des contributions de plusieurs laboratoires français pour ses différentes composantes. C’est un outil de mesure qui combine plusieurs technologies pour déterminer à distance la composition des sols et des roches de la planète rouge.

“La SuperCam a des fonctionnalités supplémentaires par rapport à la Chemcam, qui était embarquée sur le précédent rover, Curiosity. Elle reprend la technologie LIBS : on tire sur la roche avec un laser, et on analyse la lumière produite pour en déterminer la composition élémentaire, les atomes présents. Supercam pourra faire en plus de la spectroscopie Raman et de la spectroscopie infrarouge pour déterminer quels sont les minéraux présents, voire détecter des traces de matière organique s’il y en a. La caméra de ChemCam, sur Curiosity, était en noir et blanc, Celle de SuperCam est désormais en couleur sur Perseverance. On a ajouté un imageur, qui comme un télescope observe des détails très fins. Et enfin, il y a un micro qui enregistre le son, une première sur Mars.” 

NASA · Sounds From Mars: Includes Rover Self-Noise

Le son de Mars, jamais entendu par l’oreille humaine jusqu’à présent, a bouleversé les chercheurs, mais aussi beaucoup de simples internautes. “Sur Mars, on n’avait jamais eu ça. On l’avait eu sur Titan, avec le module Huygens. Ce sont des enregistrements chargés d’émotion. Mais on peut aussi faire beaucoup de science avec le son. On peut aussi déduire pas d'informations des bruits que font l’impact du laser sur la roche, comme sa dureté, sa porosité.”

La vie a-t-elle existé sur Mars ?

Car au-delà de l’exploit technique, les données ramenées par Perseverance vont être scrutées attentivement, notamment au LPG. “Notre vrai rôle à Nantes démarre quand les données arrivent, insiste Stéphane Le Mouélic. Ce qui nous intéresse dans ces mesures, c’est qu’en déterminant la composition des roches, on va remonter dans le passé, savoir quelles étaient les conditions sur la planète au moment où ces roches se sont formées. Y avait-il de l’eau ? Etait-elle salée, acide?  La vie sur Terre est apparue il y a plus de 3,5 milliards d’années. Or, les indices des sondes martiennes indiquent qu’il y avait beaucoup d'eau liquide sur Mars au même moment, notamment à l’endroit où le rover s’est posé, qui est un ancien lac asséché. On va chercher des traces, des biosignatures de bactéries fossiles. La question est de savoir si la vie a pu un jour démarrer sur Mars comme sur la Terre.”