Environ 70 000 spectateurs franchissent chaque année le seuil du Cinématographe. Un succès, mais aussi un seuil critique pour la salle à écran unique, « en saturation depuis plusieurs années » comme le souligne son directeur Emmanuel Gibouleau. Les locaux – une ancienne chapelle rue des Carmélites à Nantes – sont non seulement trop étroits mais restent inaccessibles aux personnes à mobilité réduite et sont loués avec un bail précaire. Autant de freins pour la structure associative, engagée pour la défense du cinéma indépendant, du cinéma de patrimoine et pour l’éducation à l’image.
C’est au sein d’un programme immobilier privé porté par le promoteur Six Ares, situé allée des Tanneurs sur le cours des Cinquante-Otages, que va se relocaliser le Cinématographe à échéance 2025. C’est un peu comme s’il passait du film 16 mm au Cinémascope. La structure associative bénéficiera d’un espace de 1 328 m² sur quatre niveaux (sous-sol, rez-de-chaussée, 1er et 2e étages). Le site abritera trois salles de projection, de 47, 77 et 146 places, un espace pédagogique et d’éducation à l’image, un espace ressources, une zone d’exposition, des locaux administratifs, de stockage, archives, sanitaires.
« Cela ne veut pas dire beaucoup plus de films, mais ils seront bien mieux exposés, précise Emmanuel Gibouleau. Aujourd’hui, un film est diffusé au maximum cinq fois ». Des séances tout public pourront être proposées l’après-midi en semaine, une impossibilité actuellement du fait de l’accueil de scolaires. « Et pour les événements type ciné-concerts, séances et festivals proposés par des partenaires, nous serons beaucoup plus à l’aise ».
L’accessibilité, une priorité
Le conseil municipal d'avril 2021 avait approuvé le programme et l’enveloppe financière pour l’aménagement du futur espace, qui sera mis à disposition de l’association gérant le Cinématographe. La Ville de Nantes sera locataire, pilotera l’aménagement en lien avec l’association et prendra en charge l’essentiel des travaux d’aménagements intérieurs (cloisons, sols, etc.). Coût prévisionnel de l’investissement : 3,2 millions d’euros TTC. Le Cinématographe prendra de son côté en charge les équipements dédiés à la diffusion (écrans et rideaux, projecteurs, sonorisation, fauteuils…). La maîtrise d’œuvre des travaux d’aménagements a été confiée à l’agence Barré Lambot Architectes.
Un travail poussé est effectué quant à l’accessibilité du site, avec la volonté d'en faire une référence nationale. « Nous sommes investis depuis longtemps sur la question du handicap et l’inclusion, y compris sociale », rappelle son directeur. En lien avec la Ville de Nantes, l’équipe s’est rapprochée des associations représentatives d’usagers en situation de handicap. Emplacements PMR, robinetterie des sanitaires, matériaux des sols, boucles magnétiques… l’aménagement prévoit même un espace « retour au calme » où pourront être accueillies des personnes autistes.