Johan Creten : La mouche morte, Sans titre
Jardin des Plantes et place de la Bourse
L’artiste d’origine flamande et installé à Montreuil développe des projets « dans le temps long ». Il expose à Nantes deux œuvres saisissantes dans des lieux que tout oppose. Sa Mouche morte prend place dans une serre au milieu d’une végétation luxuriante : « On peut se demander si elle n’est pas morte d’épuisement : elle est dans cette serre un peu comme nous tous, dans une planète qui commence à chauffer… Elle a un côté très humain. » Changement radical avec Sans titre, saisissante représentation d’un homme courbé, installée dans une cour minérale : « Une œuvre de jeunesse, sur la souffrance et la douleur », qui entre ainsi en résonance avec l’histoire des lieux, un immeuble du 18e siècle qui rappelle le passé négrier de la ville.
Sanam Khatibi : Je serais douce
Jardin de la Psalette
Cette figure féminine géante, réalisée en basalte, rejoindra en septembre la Persagotière. « Mon travail traite de l’animalité, des fonctions primaires, mais aussi de la domination, la soumission, et la nature a une place très importante », explique l’artiste installée à Bruxelles. Au pied de la statue de 5,50 m, se trouvent un jardin médicinal « pour la symbolique des herbes », et de minuscules offrandes miniatures, « pour jouer avec les tailles, déstabiliser ».
Olivier Texier : Le temps d’une pause
Château, rue des Deux-Ponts, place Graslin, Navibus N2
Pour sa 3e participation au VAN, le bédéiste nantais s’est vu proposer de « déplacer » quatre statues nantaises. Les généraux Cambronne, Méllinet, ainsi que deux allégories féminines de la fontaine de la place Royale s’offrent ainsi une pause estivale... « J’avais à cœur de proposer des lieux dans la ville et un peu à l’écart, des lieux apaisés, comme au-dessus de l’Arche-Sèche. Cela m’amusait de les faire descendre de leur piédestal, apaiser les visages et leurs regards très durs, de les sortir de ces costumes figés, de les rendre humaines, proches de nous. »
Philippe Ramette : Éloge du déplacement
Place du Bouffay et autres lieux surprises
Toujours aussi facétieux, celui dont la figure trône depuis 2018 sur la place historique de Nantes s’offre un nouveau Pas de côté, avec une réplique descendue de son socle… « Au fur et à mesure s’est construit un scénario, jusqu’à ce dédoublement. Cela relativise l’idée de définitif, d’immuable », explique l’artiste, dont la réplique de la statue du Bouffay va déambuler tout au long de l’été. Celle-ci est fidèle jusqu’à la pointe de son pied droit, patiné au contact de milliers de visiteurs : « Je trouve cela extrêmement touchant, c’est une forme d’adoption ! »
Olaf Breuning : The Humans
Feydeau-Commerce
Avant de se retrouver sur la nouvelle esplanade, ces six personnages de marbre blanc peuplaient le propre jardin de l’artiste, à New York ! Ils resteront à Nantes puisqu’ils ont été acquis pour intégrer la collection permanente du VAN. « C’est une interprétation libre de différents stades de notre évolution, explique Olaf Breuning. Il y a toujours beaucoup d’humour dans mon travail. » Religion, pouvoir, fécondité… caractérisent de notre humanité et donnent leurs traits à chaque figure. Aussi différents soient-ils, ces Humans ont cependant un trait commun : « La bouche, qui montre leur perpétuelle insatisfaction ! »
Marion Verboom : Pistillus
Place, jardin et passage Sainte-Croix
Dans la cour couverte du passage et sur la place, les tambours de deux hautes colonnes sont d’étranges juxtapositions de motifs. Dans les salles, disposées comme des pièces d’orfèvrerie, de plus petits pièces alternent éléments figuratifs et abstraits. Inspirée à la fois par les « alphabets logosyllabiques », « l’archéologie des formes », la statuaire gréco-romaine, les instruments de musique ou encore « les chloroplastes » (des éléments organiques), l’artiste nantaise fait se télescoper les styles, les formes et les époques.
Maen Florin : Commedia, Pacific
Rue de Briord, place Royale
L’artiste a réalisé une centaine de têtes en céramique depuis qu’elle travaille ce matériau, il y a une demi-douzaine d'années. Quatre spécimens peuplent la cour pavée de l’hôtel de Briord, les traits empreints de mélancolie, les yeux clos ou dans le vague : « Ce sont des archétypes, des têtes de gens qui m’inspirent, parfois aussi plusieurs visages superposés... Tout se trouve dans la tête, je peux y mettre toute la personnalité d’un être ». Place Royale, c’est un joyeux ensemble coloré qui illumine la fontaine habituellement monochrome. « Ce sont des êtres vivants, hybrides, liquides, qui se mélangent entre homme, animal et végétal », explique l’artiste originaire de Gand, qui a « voulu transporter le spectateur dans un ailleurs, un monde plein de couleurs, de vie, féerique. »
Un parcours inter-écoles dans le Quartier de la création
Les créateurs de demain étudient aujourd’hui dans le Quartier de la création ! Cette appellation regroupe les établissements d’enseignement supérieur installés dans la pointe ouest de l’île de Nantes. Les équipes du VAN ont imaginé en 2022 un parcours inter-écoles, une initiative reconduite cette année. « Ce parcours montre aux touristes et aux Nantais les coulisses d’un quartier méconnu, explique Stéphanie Braka, responsable de projets. Là, on rentre dans les établissements, ce qu’on ne fait en général jamais en dehors de portes ouvertes. » Le parcours est donc l’occasion de voir les réalisations des créateurs de demain, ce que le VAN appelle « leur bazar créatif » : « Des projets entièrement réalisés par des étudiants, accompagnés par leurs enseignants ou des professionnels. »