Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est Mon projet Rénov ?
C’est l’ensemble des dispositifs d’accompagnement pour la rénovation thermique sur la métropole de Nantes. Mon projet Rénov, c’est une plateforme téléphonique pour se renseigner quand on commence à imaginer un projet, puis des premières rencontres, des aides à l’audit, à la maîtrise d’œuvre et pour les travaux. Tout est réuni. On veut accompagner tous les habitants et habitantes, quel que soit le type de logement, copropriété, maison individuelle ou même bureau, petit commerce… Mon projet Renov est la porte d’entrée. On a fait le choix d’un dispositif qui ne change pas dans le temps car au niveau national, ça évolue souvent.
À Nantes Métropole, on souhaite que l’accompagnement soit gratuit et neutre. On ne doit pas rentrer dans le dossier par secteur, mais par projet. Nous avons fait le choix de miser sur un partenaire local, Alisée, qui s’occupe du premier accueil. Ce sont des gens d’ici. C’est aussi un gage de qualité.
Et cela fonctionne ?
Nos chiffres sont excellents par rapport à d’autres métropoles, même si on sait qu’il faut faire plus. Sur l’ensemble des aides distribuées par la Métropole, on est passé de 5 M€ en 2021 à 15M€ en 2023. Et on va aller encore au-delà. On s’attend à dépasser les 30M€ en 2026. C’est un signal très positif. Quand on va voir les entreprises qui sont en réflexion sur la nécessité de reconvertir leur activité de la construction neuve vers de la rénovation, ce sont des arguments qui portent.
Ne craignez-vous pas que le contexte d’inflation ne freine ce décollage ?
Avec la crise énergétique, on voit que quand les prix de l’électricité et du gaz explosent, on est tous en difficulté. Finalement, avoir un logement mal isolé, c’est plus risqué financièrement que faire des travaux de rénovation énergétique. Sans oublier que cela améliore le confort d’été, une donnée importante quand on est confronté aux vagues de chaleur.
La rénovation énergétique est un levier puissant pour la transition énergétique…
Globalement, la transition énergétique passe d’abord par cette réduction de nos consommations. C’est inédit, c’est quelque chose que l’on n’a jamais fait. À chaque fois que l’on a découvert une nouvelle source d’énergie, que ce soit le charbon, le pétrole, le nucléaire, etc., on a augmenté nos consommations. Ça passe par réduire la voiture seule, l’avion, mais avant tout par le plus simple, rénover thermiquement nos logements. Ce sont des choses que l’on maîtrise aujourd’hui.
C’est aussi très important parce qu’on a une forte thermo-sensibilité : quand il y a une vague de froid, on atteint très vite de fortes consommations parce que les bâtiments ne sont pas assez isolés. Or ce sont le gaz et le charbon qui nous permettent de passer ces pics de consommation électrique, des énergies qui produisent beaucoup de gaz à effet de serre.
On a chiffré les effets de l’amélioration du parc de logement dans notre schéma directeur des énergies. Pour réussir notre transition énergétique, il faut diviser par deux notre consommation d’énergie. Et sur le bâtiment, on peut faire 45% d’économies avec la rénovation.
Mais il y a également un fort enjeu social…
Si vous êtes locataire, c’est essentiel. Les études montrent que la charge énergétique change peu en fonction du revenu. Quel que soit le revenu, on dépense à peu près le même prix pour notre consommation énergétique (350 euros par mois en 2013). Il est évident que c’est plus pénalisant quand on a des revenus modestes. C’est pour ça qu’il faut tenir sur la loi qui va interdire la location des passoires thermiques, cela incitera les propriétaires bailleurs à la rénovation. Et si vous êtes propriétaire occupant, vous avez tout intérêt à rénover, aujourd’hui, c’est rentable.
C’est aussi un bénéfice à court et moyen terme pour l’économie locale…
Si on résume à grandes mailles, aujourd’hui, on dépense 1,3 milliard par an pour acheter de l’énergie, principalement de l’énergie fossile. C’est une perte sèche pour le territoire. La rénovation thermique permet de relocaliser tout cela : au lieu d’acheter de l’énergie à l’extérieur, on paie une entreprise locale pour rénover et ne pas dépenser cette énergie. La filière se structure, il faut qu’on continue d’encourager les gens à se former. D’autant que c’est un travail d’artisan, de couture, il faut des gens sur le terrain. Et donc de l’emploi.