Déjouer la désinformation sexiste

Aurélie Bacheley et Pierre Mousset, journalistes pour la revue Les autres possibles, proposent régulièrement des ateliers d’éducation aux médias. Cette année, ils s’intéressent plus particulièrement à la désinformation sexiste. Pour apprendre à la repérer, Aurélie anime un atelier, mardi 18 mars à la Manufacture.

Qu’est-ce que la désinformation sexiste ?

C’est un outil utilisé par les médias traditionnels et les réseaux sociaux au service d’une idéologie sexiste. Elle est notamment portée par des influenceuses et influenceurs. Par exemple, Thaïs d’Escuffon, militante identitaire, cumule des dizaines de milliers d’abonnés sur les réseaux. Ses vidéos sont énormément « likées » et partagées.  À longueur d’interventions, elle déroule un discours antiféministe et masculiniste, « preuves » à l’appui : ses vidéos sont parsemées d’images, photos d’articles ou graphiques censés étayer son discours. On ne sait pas d’où ils sortent, on n’a pas le temps de les regarder dans le détail, mais ils donnent l’impression que le propos est argumenté. Beaucoup de gens relayent ces mensonges sans se poser de questions.

Pourquoi s’intéresser spécifiquement à ce problème ?

L’an dernier, nous avons consacré nos interventions aux fake news au sens large. Devant la montée de la désinformation sexiste et de mouvements ultraconservateurs s’apparentant au mouvement "tradwife" aux États-Unis, nous axons cette année nos ateliers sur ce thème, car le constat est affligeant : il y a de plus en plus de féministes, certes, mais aussi de plus en plus de masculinistes. Vidéos pseudo-scientifiques sur les inégalités naturelles entre les hommes et les femmes, images fabriquées par l’intelligence artificielle… Tout est bon pour faire passer un discours de désinformation qui n’a aucune source, dont les arguments sont facilement réfutables.

Comment l’atelier se déroule-t-il ?

L’objectif est d’apprendre à décrypter, à distinguer le vrai du faux, et acquérir le réflexe de vérifier sources et informations À partir d’exemples d’actualités et en images, il s’agit d’apprendre à aiguiser son esprit critique et à adopter les bons réflexes pour faire face à la misogynie dans les médias. Je donne aux participantes et participants trois-quatre infos qu’ils doivent vérifier pour démêler le vrai du faux. Puis une discussion s’engage. Je ne suis pas là pour juger ce qui est bon ou pas, ou dire aux gens quoi regarder. Je leur donne des conseils, des clés et des infos qui peuvent leur permettre d’éviter les manipulations et pièges complotistes. Ne pas croire tout et n’importe quoi sans confronter les sources et, entre autres, vérifier l’origine des images, aide à trouver soi-même son chemin vers plus de fiabilité.