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2020-2025 : le végétal s’invite partout à Nantes

ActualitésPublié le 04 avril 2025

Nouveaux squares et potagers, parkings débitumés, plan de retour à la pleine terre, oasis de biodiversité et plantations d’arbres… Avec 17 millions d’euros investis sur le mandat, Nantes accélère sa « révolution verte ».  La nature gagne du terrain dans tous les quartiers.

Les premières plantations débutent sur la place Gloriette-Petite-Hollande pour transformer ce grand parking en un
Les premières plantations débutent sur la place Gloriette-Petite-Hollande pour transformer ce grand parking en un "parc-archipel". © Rodolphe Delaroque

L’été 2022, le plus chaud jamais enregistré en Europe, a été un électrochoc. Les températures records ont accéléré la prise de conscience de l’urgence de repenser la manière de construire les villes, particulièrement touchées en raison d’un phénomène de surchauffe appelé « îlot de chaleur urbain ». Plus sobres, moins bitumées, plantées d’essences adaptées au climat que nous aurons en 2050… « Elles doivent concilier les enjeux de requalification urbaine, de santé et d’adaptation au changement climatique, être plus aérées et arborées pour réduire les îlots de chaleur, éviter les inondations, dépolluer l’air que l’on respire… », explique l’Auran, l’agence d’urbanisme de la région nantaise.

Développer la nature en ville est un enjeu de santé publique majeur. Comme l’attestent de nombreuses études internationales, « le contact direct aux espaces verts a des effets bénéfiques à la fois sur la santé physique, mentale et sociale des citadins », assure Ghozlane Fleury, professeure a Nantes Université. Il est corrélé a un niveau de bien-être plus élevé, moins d’anxiété et de sentiment d’isolement… Pour Sylvain Grisot, urbaniste, auteur de Réparons la ville !, le bénéfice est double : « Une rue végétalisée qui nous permettra de survivre en 2050, est aussi une rue pacifiée où l’on peut passer à vélo et où il fait bon vivre. »

À Nantes, cité portuaire de tradition horticole riche en parcs et jardins, un plan de renaturation – le plan pleine terre – a été lancé dès 2021 pour végétaliser de façon massive les espaces publics, les cours d’école et de crèche… Progressivement, le bitume cède la place a de nouveaux espaces de verdure, avec des sols plus perméables favorisant l’infiltration des eaux de pluie. De nouveaux arbres prennent racine selon la règle du « 3/30/300 », inscrite dans la charte des arbres adoptée pour que chaque habitant puisse voir au moins 3 arbres depuis sa fenêtre, vivre dans un quartier avec 30% de canopée et à moins de 300 mètres d’un espace vert. Au total, 17 M€ sont investis dans ce mandat (deux fois plus que lors du précédent), dont 9 M€ dans les quartiers populaires.

La végétation gagne ainsi du terrain dans tous les quartiers, notamment les plus minéraux (comme le centre-ville ou l’île de Nantes). Ce virage écologique implique de réinterroger la place de la voiture, par exemple de convertir un parking en jardin. Dans le même temps, les jardiniers municipaux créent des « oasis de biodiversité » comme dans les douves du château, et multiplient les potagers, parcs et squares publics. Objectif ? « Permettre aux habitants de respirer, se rencontrer et s’évader sans avoir besoin d’aller trop loin, ni de fuir la ville le week-end », résume Romaric Perrocheau, directeur du service Nature & jardins.

Ce qu’il reste encore à faire

Plus de nature et moins de bitume : Nantes a inscrit cette révolution verte dans ses documents d’urbanisme pour que chaque nouveau projet intègre 15 à 20 % de pleine terre et 50 % d’arbres en plus. La traduction prend du temps. « Il faut au moins six ans pour créer un paysage et 10 à 15 ans pour profiter de l’ombre d’un arbre », souligne Romaric Perrocheau. Dans le centre ancien, l’évolution des grandes places historiques se heurte à plusieurs contraintes : règles de protection du patrimoine architectural, complexité des sous-sols (parkings, réseaux, etc.), conflits d’usage, nature du sol… La place Feydeau-Commerce, jugée encore trop minérale, est un exemple de ces difficultés.

En centre-ville, la limite à la végétalisation est aussi l’espace. C’est l’un des sujets les plus complexes à gérer pour les urbanistes, qui doivent concilier la place faite aux mobilités, aux logements, aux activités… « La nature a longtemps été considérée comme une moins-value dans cette équation, mais ça change », assure Romaric Perrocheau.

Exemple emblématique de cette bifurcation : la transformation de la place Gloriette Petite-Hollande. En 2022, la Métropole a révisé le projet en profondeur pour aller encore plus loin dans la renaturation de ce grand parking. Les premières plantations démarrent en avril, et cet été des activités ludiques seront proposées pour donner à voir ce que sera, demain, ce poumon vert. Il faudra être patient : ce n’est qu’à l’horizon 2030 que ce « parc-archipel » prendra toute son ampleur, intégrant le marché, avec 4 hectares d’espaces verts et près de 1 000 arbres.

En chiffres

13 jardins publics créés, réaménagés ou agrandis depuis 2020. Nantes compte aujourd’hui 119 squares, parcs et jardins, 10 nouveaux jardins sont attendus d’ici 2026 et 10 squares existants seront rénovés ou agrandis.

10 hectares de nature gagnés sur le bitume, sur l’espace public, dans les écoles et les crèches… 14 ha d’ici 2026, soit deux fois la surface du Jardin des plantes et le double des objectifs fixés.

50000 arbres et arbustes plantés entre 2020 et 2026.

Pourquoi une telle profusion de projets d’espaces verts ?

Cécile Bir, adjointe aux parcs, squares et jardins, et Delphine Bonamy, adjointe à la nature en ville :
« Nous nous sommes engagés à développer la nature en ville. C’est un choix, pour renforcer notre résilience face au changement climatique, pour préserver la biodiversité et pour le bien-être des habitantes et habitants. Nouvelles parcelles de jardins collectifs, rues jardinées, parkings débitumés, nouveaux squares, plan de retour à la pleine terre, oasis de biodiversité, boisements d’avenir… Tous ces projets concourent à créer des espaces de respiration, de fraîcheur et de ressourcement. Nous voulons rendre chaque coin de Nantes plus vivant et plus accueillant. C’est un choix de vie pour aujourd’hui et pour demain. Parce qu’une ville qui respire, c’est une ville où il fait bon vivre. »

La réalisation qui pousse : le Jardin extraordinaire, une nature exubérante au cœur de Nantes

La réalisation qui pousse : le Jardin extraordinaire, une nature exubérante au cœur de Nantes

Rhubarbe géante, agaves et fougères arborescentes… En 2019, lors du week-end d'inauguration, 16 000 curieux s’étaient pressés dans le Bas-Chantenay pour découvrir le Jardin extraordinaire, ses pépites botaniques et sa cascade de 25 m de haut. Le dépaysement s’annonce double cet automne avec l’ouverture au public de la seconde partie du site. Deux fois plus grand qu’aujourd’hui, il offrira 3,5 hectares de balade. Déjà, la dalle de béton a été retirée et le végétal investit la totalité de la carrière Miséry. Un grand bassin de baignade, un marais – planté de saules aux racines aériennes pour donner au visiteur la sensation d’explorer une mangrove –, une petite forêt de lauriers où les enfants pourront s’aventurer et un verger tropical ont pris forme. « Il faut imaginer des espaces très boisés, explique Loïc Mareschal, paysagiste de l’agence Phytolab. Entre la végétation spontanée que l’on conserve et celle qu’on plante, cette nouvelle partie comptera 430 arbres, trois fois plus que dans la première phase. »
Des spécimens rares sont apportés pour donner vie à un paysage luxuriant, inspiré des Voyages extraordinaires de Jules Verne. Dans ce lieu inédit, on pourra se baigner, courir, jouer, se reposer et profiter gratuitement d’un nouveau site d’activités sportives de plein air, en pleine ville : escalade, slackline, via ferrata, highline pour les plus expérimentés. Et ce n’est pas fini. En 2028, le Jardin extraordinaire sortira de ses grilles pour venir envelopper la Cité des imaginaires. Autour de ce haut lieu culturel, écrin du nouveau musée Jules Verne, les quais de Loire seront désimperméabilisés pour laisser place à des jardins évoquant les expéditions botaniques du 19e siècle.

Les réalisations près de chez vous

Quai des pins, un petit air balnéaire

Quai des pins, un petit air balnéaire

Pins, dunes et méridiennes… Près de la Gare Sud, les berges du canal Saint-Félix ont pris des airs de plage urbaine. L’aménagement de ce spot de détente – apprécie des promeneurs comme des abeilles sauvages observées en nombre par les naturalistes – se poursuit cet automne pour ajouter 2 000 m² de végétation, 100 arbres et une aire de jeux. Avec le jardin en cours de création sur l’ancien parking Duchesse-Anne et la végétalisation des cours Saint-Pierre et Saint-André, il constituera a terme un maillon essentiel de la promenade verte reliant l’Erdre à la Loire, dont l’achèvement est prévu fin 2026.

Au potager de la Halvêque, bien plus que des légumes

Au potager de la Halvêque, bien plus que des légumes

400 à 600 kg de légumes frais et de petits fruits sortent chaque année des bacs de ce potager solidaire. Cultivés par les habitants du quartier avec l’aide de l’association Jardin naturel vivrier, ils permettent à ceux qui en ont besoin de mieux manger. Des ateliers cuisine 1 h top chrono sont organisés pour apprendre à les cuisiner et les conserver, suivis de repas partagés qui cultivent aussi le lien social. 24 potagers comme celui-ci sont nés dans les 11 quartiers après la crise Covid, grâce à l’opération Nantes, Paysages nourriciers.

Un jardin prend racine au cœur de Bellevue

Un jardin prend racine au cœur de Bellevue

En travaux depuis octobre, la place des Lauriers change de visage. Sur l’ancienne dalle de béton provisoirement aménagée en prairie fleurie, de gros rochers ont émergé au milieu d’une végétation de landes, de bruyères et de pins. Cet été, petits et grands pourront s’y exercer à l’art du déplacement (ou parkour). D’une superficie de 3 000 m2, le nouveau Jardin des Lauriers Michelle-Palas comprend aussi un petit bois, une aire de brumisation pour se rafraîchir et une grande pelouse ouverte aux pratiques sportives et aux événements.

Une oasis de biodiversité dans les douves du château

Une oasis de biodiversité dans les douves du château

Ici, comme un peu partout dans la ville, les jardiniers municipaux se sont formés et ont fait évoluer leurs pratiques pour créer des habitats propices à la faune et la flore locales. Des moutons ont remplacé les tondeuses et 4 000 végétaux prélevés sur les bords de l’Erdre ont été réintroduits au bord des douves. Il faudra des années pour observer les résultats. Mais déjà, les inventaires montrent la présence de 52 espèces d’oiseaux, libellules et papillons. 2000 noisetiers, genêts et houx ont été ajoutés cet hiver pour créer des fourrés ou les insectes et petits oiseaux pourront nicher et se reproduire. Depuis 2020, 40 « oasis de biodiversité » de ce type ont été aménagées, avec des mares, boisements, prairies pâturées… De taille variable, ces refuges pour la nature représentent 37 ha au total.

Parole d’habitant : « Je jardine en bas de chez moi »

Alexandre, Nantes Sud : « J’habite juste au-dessus des jardins familiaux et partagés de la Persagotière. Les logements étaient neufs quand on est arrivés. Le jardin a très vite tissé des liens. Pour gérer les 11 parcelles individuelles et le grand potager collectif, nous avons monté une association avec des gens du quartier. On partage les outils et nos connaissances, on organise des apéros… Le goût des légumes est incomparable et ça donne une autre saveur au quartier, les promeneurs s’arrêtent pour discuter. On a la chance de profiter d’un espace vert magnifique, calme et reposant, en bords de Sèvre. »

Les réalisations en cours