2024-08-29T11:37:37Z

A Nantes, ces lieux ressources pour les femmes en grande précarité

Publié le 29 août 2024

La Ville de Nantes et ses partenaires associatifs ont développé un ensemble de services et d’importants moyens pour accueillir les personnes en situation de grande précarité. Dans ces structures, une attention particulière est portée à l’accueil des femmes. Zoom sur l’espace Agnès Varda et la Halte de nuit pour femmes : deux structures aux missions aussi complexes que fondamentales.

Photo de la vitrine de l'espace Agnès Varda ou figure le nom du batiment. En fond, un autre immeuble.
Espace Agnès Varda © Thierry Mezerette - Nantes Métropole

« Nous sommes complets tous les soirs » constate d’emblée Noémie Caquineau, directrice du pôle Nantes métropole de l’association Les Eaux Vives – Emmaüs qui gère la Halte de nuit pour femmes, mais aussi l’établissement des 5 Ponts. Les deux structures font partie du réseau d’établissements qui contribuent à la mise à l’abri des personnes en situation de précarité. La Halte de nuit est, à l’origine, un centre d’accueil mixte « mais les femmes ne le fréquentaient pas, car pas à leurs aises dans cet environnement à cause des problématiques de violences et d’un sentiment d’insécurité vis-à-vis de certains hommes accueillis » explique Noémie Caquineau.

En 2022, la Ville de Nantes met donc à disposition de l’association Eaux-Vives Emmaüs les locaux du Foyer Saint-Martin et finance la Halte de nuit pour femmes, un espace d’accueil spécialement dédié aux femmes ayant un besoin de mise à l’abri urgente. Le lieu est ouvert 7 jours sur 7, de 18h à 9h du matin, et il accueille inconditionnellement toutes les femmes en faisant la demande, dans la capacité des 16 places disponibles. « Plus qu’une simple mise à l’abri, c’est aussi un espace qui permet d’entamer un accompagnement social, c’est la première porte d’entrée du parcours. Des travailleuses et travailleurs sociaux sont sur place le matin pour contribuer et aider à leur réinsertion professionnelle, et à trouver un logement pérenne, en lien avec le 115 et les espaces départementaux des solidarités » poursuit la directrice du pôle nantais de l’association.

Cette volonté « d’aller-vers » on la retrouve également à l’Espace Agnès Varda, équipement solidaire d’accueil, de restauration et d’hygiène porté par la Ville de Nantes et né de la fusion entre les Bains Douches et le restaurant social Pierre Landais. « A Agnès Varda, les intervenants sociaux présents sur le lieu, portent une attention particulière aux femmes qui arrivent » détaille Aurélien Ménard, responsable de la structure mais aussi de l’Accueil de jour famille. « Autour d’un café, d’une discussion informelle, une première évaluation évaluation y est réalisée et permet de réfléchir à la suite, à l’accompagnement qui peut ensuite se mettre en place. » Au sein de l’espace Agnès Varda, comme aux 5 Ponts, on vient chercher un moment de répit, se nourrir, boire un café, se laver. D’ailleurs, sur les 20 douches de l’établissement, 5 sont dédiées aux femmes, avec la présence d’une personne chargée de préserver sécurité et intimité. On note également la présence de distributeurs de protections périodiques gratuites au sein de l’établissement dans le cadre du dispositif « Nouvelles règles » porté par la Ville.

Photo d'une femme se saisissant d'un flacon de shampoing sur une étagère ou figure de nombreuses références de produits de beauté
L'espace solidaire beauté et bien-être de l'association Emmaüs - Les Eaux Vives © Garance Wester - Nantes Métropole

Un nouvel espace destiné au bien-être

Ces structures qui proposent des services que les personnes à la rue ne trouvent pas ailleurs sont à la fois une porte d’entrée vers l’accompagnement social, mais sont aussi des espaces qui permettent de travailler à reprendre confiance en soi. En témoigne l’ouverture le 23 avril 2024 de l’espace solidaire beauté et bien-être, mis en place par la Halte de nuit pour femmes avec le soutien de l’Oréal France et Emmaüs Solidarité. « C’est seulement le 4ème espace de ce type à ouvrir en France, et le premier hors région parisienne » précise Noémie Caquineau. « On dénombre déjà 700 passages depuis l’ouverture. ». L’espace solidaire beauté et bien-être, situé au 99 quai de la Fosse à Nantes est une endroit qui permet aux femmes accueillies de bénéficier gratuitement de soins d’hygiène et de beauté (esthétique, coiffure). Il y a même une boutique, où les femmes, orientées par des partenaires, peuvent venir choisir 3 produits par mois, comme dans un vrai magasin. L’objectif affiché par les Eaux-Vives « est que les femmes puissent prendre soin d’elles, mais aussi de leur redonner du choix, du pouvoir d’agir et au final une meilleure estime d’elles-mêmes ». Les professionnelles présentes sur place sont formées à l’échange et sont également des portes d’entrées vers une réinsertion progressive.

Qu’ils soient portés directement par la Ville de Nantes, ou par des associations partenaires, ces espaces d’accueil et de mises à l’abri demandent d’important moyens. « C’est une politique volontariste forte que met en place la Ville de Nantes alors que la mise à l’abri et l’accueil des familles sont normalement des compétences de l’État et du Département » affirme Aurélien Ménard.

De la volonté, il en faut quand on voit l’ampleur de la tâche. « A titre d’exemple » poursuit le responsable de l’espace Agnès Varda « 13.000 petits-déjeuners ont été servis au centre en 2023. On consomme 5.000 gobelets par semaine, la logistique est énorme, les moyens déployés aussi ». La fréquentation est en hausse depuis l’ouverture de l’espace en 2020, mais la plupart des structures nantaises affichent complet chaque jour et chaque nuit. Entre meilleure identification des lieux, nouvelle localisation plus centrale pour Agnès Varda, et précarisation croissante de la société, les explications à cette hausse sont multiples. Toujours est-il que le profil des femmes accueillies lui, ne change pas comme le décrit Noémie Caquineau « Si on trouve des femmes de tous les âges dans les personnes que l’on accueille, on remarque beaucoup de femmes enceintes ou qui sortent de maternité et qui se retrouvent en errance. » Aurélien Ménard abonde et complète « avec des profils de femmes en sortie de l’ASE, qui font partie ou sortent des réseaux de prostitution, ou qui sont liées à des flux migratoires ».

Des profils divers dont le point commun est une grande précarité que les diverses structures nantaises d’entraide et de solidarité s’emploient chaque jour et chaque nuit à atténuer.

Ça peut vous intéresser