En patrouille le soir avec la police municipale nantaise
Publié le 30 avr. 2025
Dernière mise à jour 06 mai. 2025
Quelles sont les missions des agentes et agents déployés la nuit, à quelles situations sont-ils confrontés ? Reportage au sein d’une patrouille de la « PM ».
21h25 : Manufacture
Un jeudi de mars. Une file de voitures franchit les grilles de la Manu, siège de la police municipale nantaise. Prenant le relais de leurs collègues de service en journée, les agentes et agents qui opèrent en soirée vont patrouiller en ville et répondre aux sollicitations des habitants. Entre interventions sur des infractions plus ou moins sévères, rappels à l'ordre et déambulation dans les rues, les soirées et les nuits de la « PM » ne se ressemblent pas. « On ne peut pas savoir de quoi notre vacation va être faite, c'est vraiment aléatoire, c’est très diversifié et c’est ce qui nous plaît d’ailleurs », glisse Corentin, l’un des policiers déployés sur le terrain ce soir-là.
Lui et trois de ses collègues patrouillent dans un véhicule aux couleurs de la PM. Nom de code, « Argos 12 ». L’équipage vient tout juste de rejoindre le centre-ville quand il est appelé sur un conflit de voisinage, à Saint-Joseph-de-Porterie. « Nuisances sonores. On se dirige tout de suite vers les lieux ». Au pied de l’immeuble, l’habitante qui a appelé Allô Tranquillité publique. Sur les nerfs, elle s’épanche de longues minutes auprès des policiers, qui la suivent dans son logement pour constater les troubles. « D’abord, on prend contact, on discute avec les personnes mises en cause, on rappelle la réglementation, explique Cédrik, le responsable d’équipe. On relève aussi leur identité, car si on doit intervenir une prochaine fois, là, on verbalisera ». Cette fois-ci, l’écoute et le dialogue ont suffi pour que la situation s’apaise : « Depuis le Covid, on voit que les gens se parlent moins. Souvent, il suffirait qu’ils le fassent pour désamorcer les problèmes. »
22h20 : Centre-ville
Retour au Carré Feydeau. Descendus de leur véhicule, les quatre policiers arpentent le quartier Bouffay, qui a déployé ses terrasses. Les verres se vident, l’ambiance est à la fête mais reste bon enfant. « L'hyper-alcoolisation dans le centre-ville, c’est une de nos grandes missions. On surveille les lieux de nuit, les bars, on vérifie aussi les épiceries ouvertes en soirée. » Un arrêté municipal leur interdit la vente d'alcool après 22 h du jeudi au samedi. « On intervient aussi sur des lieux comme le secteur Fonderies, où un autre arrêté municipal interdit de rester en statique » – une mesure de prévention contre le deal.
Les trafics en tous genres – « stupéfiants, cigarettes, médicaments... » – sont le lot quotidien de la PM. Comme ce soir sur les Cinquante-Otages, où l’équipage repère dans un groupe un jeune homme joint à la main. L’identité du consommateur, qui s’expose à une amende forfaitaire, est relevée. « La police nationale est en charge des secteurs plus sensibles, nous sommes plutôt sur les petits points de deal, des points avérés comme la croisée des trams, où on intervient régulièrement ».
Policiers et trafiquants suivent une chorégraphie bien réglée. Il suffit que les premiers se déplacent vers des attroupements, pour que les seconds se dispersent en tout sens. « C’est comme une envolée de moineaux, sourit le chef d’équipe. Ils bloquent les passages, ils font un peu de business, ils bougent quand on arrive puis ils reviennent. » Si elle ne peut enrayer le deal, la patrouille gêne les transactions et marque de sa présence ce secteur très fréquenté. De quoi rassurer les passants, comme cette jeune fille qui lâche un « Merci d’être là » à l’adresse des policiers.
0h10 : Quai des Antilles
La scène se renouvelle sur le quai des Antilles. « Merci à vous, merci pour votre métier ! » lance un jeune homme. Deux autres, visiblement alcoolisés, ont franchi les garde-fous séparant le quai de la Loire et se font rappeler à l’ordre. « C’est pour votre sécurité, revenez de ce côté ! » Une discussion s’engage un peu plus loin entre les deux femmes de l’équipage, Stéphanie et et Manon, et deux jeunes filles venues à Nantes faire la fête. Rassurées, elles filent vers le Warehouse, où les policiers s’enquièrent de l’ambiance de la soirée. « Petite jauge... 1 000 personnes », renseigne un employé.
Les agents de la PM connaissent bien les lieux : ils patrouillent chaque week-end sur le chemin, emprunté par de nombreux fêtards, reliant le centre-ville au Hangar à bananes. « On a une vigilance : on peut voir des rixes, des chutes... On est aussi en lien avec les agents de sécurité privés qui veillent sur les terrasses. » Ce soir-là, RAS. Toutes les interventions des agents sont consignées via un petit terminal numérique. Les collègues du vendredi prendront la suite. Ils seront là encore plus d’une vingtaine d’agentes et agents. Depuis janvier et au fur et à mesure des recrutements, les policiers municipaux ont vu leurs horaires s’étendre en soirée. À terme, ils seront 40 sur le terrain jusqu’à 2 heures du matin, six jours sur sept, du lundi au samedi.