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Les Scènes Vagabondes expérimentent la budgétisation sensible au genre

Publié le 28 août 2023

Depuis 2015, le festival des Scènes Vagabondes, porté par la Ville de Nantes, investit les parcs nantais pour diffuser la création artistique professionnelle locale dans toute sa diversité. En constante évolution, l’équipe du festival travaille depuis plusieurs éditions à inscrire sa programmation dans un objectif de parité. Pour aller plus loin, la budgétisation sensible au genre va être expérimentée. Décryptage.

Le groupe Middle Child aux Scènes Vagabondes 2023 © Garance Wester
Le groupe Middle Child aux Scènes Vagabondes 2023 © Garance Wester

Les Scènes Vagabondes évoluent. D’abord ensemble d’évènements isolés dans 5 quartiers nantais, puis festival unique… la crise sanitaire a poussé l’équipe organisatrice à réfléchir à de nouveaux modes d’organisation. Une saison vagabonde de 60 spectacles a donc vu le jour en 2021 pour irriguer les 11 quartiers nantais de janvier à juin, avant qu’un évènement ne réunisse artistes et public en un seul et même lieu pour quatre jours de festivités.

A la même époque, la politique publique de la culture a été renouvelée. Les élus à la culture dont Aymeric Seassau et Emilie Bourdon ont validé un critère de parité dans le choix des propositions artistiques. Depuis, la nouvelle Mission territoires et culture qui abrite ce festival s’applique à généraliser ce critère sur l’ensemble de ses dispositifs, dont la saison vagabonde. Jusque là, trois critères principaux étaient retenus : un/ une artiste ou une compagnie nantaise professionnelle, un spectacle compatible avec les moyens techniques, l’actualité et les qualités artistiques de la proposition. Depuis 2021, la parité est visible sur scène, mais également dans les équipes techniques, même si des efforts restent à réaliser.

C’est à ce titre que le festival des Scènes vagabondes a été choisi pour expérimenter la budgétisation sensible au genre mise en place par la Ville de Nantes début 2023. Une expérimentation qui concerne aussi le Conservatoire national de musique et des budgets participatifs.

Mettre en place un tel outil de mesure est intéressant mais difficile, d’une part à cause du nombre de données à rassembler, mais aussi par les multiples niveaux d’analyse et leurs interactions complexes. « On ne se contente plus de regarder combien d’artistes homme ou femme il y a sur scène » explique Yann Vrignon en charge de la coordination technique et de la programmation, « l’analyse va beaucoup plus loin, au-delà de ce qui est visible du public ». En effet, la budgétisation sensible au genre, dans le cadre des Scènes Vagabondes va s’intéresser à d’autres éléments. Pour la musique, l’outil va par exemple questionner qui écrit, qui compose ou qui interprète. Du côté du théâtre et des arts de rue, seront observés les auteurs ou autrices et la mise en scène. De même pour la danse où la chorégraphie et la direction de compagnie seront intégrées à l’analyse.

« Ce sont les données de bases que l’on va étudier, mais nous allons encore plus loin » poursuit Yann Vrignon. « On regarde aussi au niveau des techniciens et des techniciennes qui travaillent à l’organisation des Scènes Vagabondes (son, lumière, régie, montage/démontage...) afin de chercher à être le plus juste possible ».

La budgétisation sensible au genre est un outil et non une finalité. Elle permet de questionner et de mettre en perspective la situation pour qu’ensuite soient proposées des évolutions. Le festival expérimente mais se projette déjà sur la suite :  « regarder qui nous programmons et faisons travailler est une chose, mais nous souhaitons aussi pouvoir analyser qui vient au festival et mettre le tout en corrélation pour tendre à terme, à plus d’égalité » annonce Yann Vrignon.

En attendant les premiers résultats de l’expérimentation courant 2024, rendez-vous dès janvier pour le début de la prochaine saison vagabonde.

Qu'est-ce que la budgétisation sensible au genre ?

La budgétisation sensible au genre (BSG) est un outil pour mesurer et favoriser l’égalité entre les femmes et les hommes dans les politiques publiques. Elle permet d’identifier l’impact des recettes et des dépenses des budgets publics sur les femmes et les hommes et proposer des mesures pour rééquilibrer les écarts constatés. Autrement dit, la budgétisation sensible au genre permet de se questionner sur des éléments comme les subventions, les investissements ou le fonctionnement des services et ainsi savoir si ceux-ci contribuent à renforcer ou diminuer les inégalités entre les femmes et les hommes. Selon les résultats, il s’agit alors de proposer des ajustements et des modifications budgétaires pour mieux garantir l’égalité.

 

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