Voilà à quoi ressemblera le Voyage à Nantes 2020

"On est passés par tous les stades. Chaque semaine, on détruisait le travail qu’on avait fait la semaine précédente… Et puis on s’est dit que la seule chance d’y arriver, c’était de se laisser du temps." Voilà comment Jean Blaise décrit les conditions dans lesquelles a été conçue l’édition 2020 du Voyage à Nantes, marquée par la crise sanitaire liée au Covid-19. Au final ? Un contenu peu modifié, mais un décalage d’un mois par rapport au calendrier initial : l’édition est programmée du 8 août au 27 septembre. "C’est la première fois qu’on fait le voyage en septembre, on va en tirer le maximum de leçons !", note le directeur général du VAN.

La Nuit du VAN, initialement programmée le 4 juillet pour l’ouverture du Voyage, est basculée en clôture de l’édition, samedi 26 septembre, "si le Covid le veut !". Ce même long week-end sont programmés la Nuit des tables de Nantes, vendredi 25 et le Grand marché des Pays de la Loire dimanche 26.

Ce sera à coup sûr l’image forte de cette édition 2020 : une cascade tombant en "Rideau" de la corniche du théâtre Graslin, pour venir s’écouler dans un grand bassin. Cette installation onirique est signée Stéphane Thidet, qui en 2009 avait fait venir une meute de loups dans les douves du château pour Estuaire Nantes <> Saint-Nazaire. "L’eau est récurrente dans sa pratique", souligne Marie Dubois, rappelant que l’artiste a par exemple détourné l’eau de la Seine dans la Conciergerie à Paris… A noter que la circulation automobile – tout comme la ligne de bus 11 – sera interrompue sur la place le temps du VAN.

"C’est le pendant féminin du Manneken Pis", sourit Jean Blaise à propos de cette œuvre signée Elsa Sahl, créée en 2012 pour le jardin des Tuileries, et attendue cet été sur la place Royale. La "figure pissante" y dialoguera avec la fontaine emblématique de la ville de Nantes. Formée aux Beaux-Arts de Paris, l’artiste "travaille beaucoup sur le corps, notamment le corps féminin, des parties qu’elle remodèle pour créer des compositions imaginaires, sauvages et souvent humoristiques", précise Jenna Darde, chargée de production artistique et de programmation au VAN.

Plasticien nantais passionné de botanique – on lui doit la luxuriante "Jungle intérieure" du passage Bouchot, quartier Decré –, Evor propose une nouvelle œuvre autour du méta-sequoia planté boulevard de la Prairie-au-Duc. L’artiste consacre l’alliance du végétal et du minéral avec ce "Psellion" (bracelet antique) fait de pierre de lave, où sont incrustés des médaillons de céramique émaillée. Une œuvre pérenne qui rejoint la collection permanente du VAN.

Martine Feipel et Jean Bechameil jouent avec la robotique industrielle pour "Automatic Revolution", exposition programmée à la HAB Galerie et qui jouera les prolongations jusqu’à la Toussaint. "Une exposition mouvante, où chaque sculpture joue sa partition à tour de rôle", comme l’indique l’équipe du VAN, et où l’humour n’est jamais bien loin.

Vincent Olinet s’empare de trois lieux nantais avec des œuvres et installations réunies sous le titre "La tentation domestique". L’artiste fait ainsi surgir un lit à baldaquin du canal Saint-Félix, s’infiltre dans le hall et le bar de l’Hôtel de France, investit le Temple du Goût avec un ensemble de sculptures. "Du merveilleux décati, fragile", explique Marie Dupas, chargée de programmation et production artistique au VAN.

Programmées pour certaines avant l’été mais reportées, les expositions des équipements culturels nantais intègrent le parcours du VAN. "LU 1846-1957, un siècle d’innovation", la nouvelle exposition temporaire du Musée d’histoire de Nantes, dévoile l’importance de la collection d’objets LU conservée au château. Au Musée d’arts de Nantes, les visiteurs découvriront "Archipel", sélection d’œuvres d’art moderne et contemporain issues du fonds de dotation Jean-Jacques Lebel, et une étonnante "Étoile du matin" sur le parvis. À voir également : plus de 200 photographies de Mario Del Curto au lieu unique ("Humanité végétale"), l’expo collective des lauréats du Prix des arts visuels 2019 de la Ville de Nantes, à l’Atelier, des expositions d’art contemporain au passage Sainte-Croix et à la Maison de l’architecture. Le Muséum et le Chronographe reprennent quant à eux une exposition du Musée de l’Homme à Paris sur l’Homme de Néandertal. Enfin, le plus réputé des illustrateurs nantais et designer du Nid, Jean Jullien, investit le jardin des Plantes avec "Filili Viridi".

Ce sera un peu compliqué pour les essayer : non seulement il s’agit de deux modèles pied gauche, mais les bottes imaginées par Lilan Bourgeat font trois mètres de haut ! Installée au potager de la Cantine du Voyage et intitulée "Invendus", l’œuvre explore le même concept qui a prévalu au "Mètre à ruban", installé en 2013 à quelques centaines de mètres. De la même manière, elle est appelée à rejoindre la collection d’œuvres pérennes.

Une ancienne écurie métamorphosée sur l’île Forget à Saint-Sébastien-sur-Loire, des sculptures fours à bois sur l’île de Nantes, des figures monumentales à la croisée des nouvelles rues créées entre la Halle 6 et l’école des Beaux-Arts, une enseigne de chapellerie magnifiée rue de la Paix, des lignes de tramways artistiques… L’édition 2020 du VAN promet de nombreuses découvertes !