Tous les mardis, l'agitation est palpable au centre socioculturel de Bellevue. De bon matin, une vingtaine d'habitants-bénévoles et des acteurs associatifs s'activent pour décharger des véhicules les invendus récupérés un peu plus tôt auprès des supermarchés et du MIN. Les produits – principalement des fruits et légumes, mais aussi des viennoiseries, des viandes sous vide et des laitages - sont ensuite méticuleusement triés, certains transformés puis répartis équitablement en paniers alimentaires de différents formats pour être distribués l'après-midi même aux familles de Bellevue les plus démunies.
« Ce projet de distribution de colis alimentaires est né quelques jours après le confinement, à l'initiative de l'association du Comptoir des alouettes, dont la proposition a été relayée par l'équipe de quartier, la direction vie associative et le département prévention et solidarités (CCAS de la Ville), » explique Éric Pairel, directeur du centre socioculturel de Bellevue qui a rapidement rejoint le projet. « Les familles ciblées ont été fléchées par les associations elles-mêmes ainsi que par les assistantes sociales de l'espace départemental des solidarités. » Pour répondre à l'augmentation du nombre de bénéficiaires et organiser au mieux la distribution, un petit collectif de la gouvernance du marché alternatif de Bellevue (MAB) s'est mis en place courant juin avec l'équipe de quartier, le CCAS et une vingtaine d'associations (dont l'Accoord, ID Numéric, Les enjoliveurs...) et des habitants du quartier. Six mois après sa création, l'équipe approvisionne plus de 500 familles à raison de 180 colis par semaine.
Tisser du lien social
Outre les paniers alimentaires, le MAB sert aussi du lien social. « On a dépassé l'action caritative, analyse Éric Pairel. On n'est pas un Restos du Cœur ou un Petits Frères des Pauvres bis. On souhaite vraiment créer une dynamique de territoire en impliquant au maximum les habitants, mais aussi différentes institutions, services ou associations avec l'idée de créer du lien social. » Dans cette logique, deux bénévoles du MAB appellent tous les lundis les familles bénéficiaires de colis pour les inviter à venir les aider le lendemain. Et ça fonctionne. « 5 à 10 personnes nous rejoignent chaque semaine, ce qui nous permet de tourner un maximum », explique le directeur, ravi d'annoncer qu'un poste d'emploi aidé venait d'être proposé à un habitant-bénévole de la première heure.
De nombreuses pistes sont à l'étude pour pérenniser l'action du MAB à plus long terme. Parmi elles : l'implication d'élèves d'écoles primaires sur la préparation de paniers ou la création d'un tiers-lieu qui réunirait le collectif et d'autres associations solidaires. « On a actuellement le sentiment de recréer l'esprit village au sens noble du terme avec une mixité générationnelle, culturelle, et naturelle où des gens réapprennent à vivre ensemble, à se connaître, à partager. Les premières retombées sont très positives », se félicite Éric Pairel.