Le principe du cadavre exquis est connu : plusieurs personnes composent une phrase, sans qu’aucune d’elles ne puisse tenir compte des collaborations précédentes. Fruit de l’imagination et du hasard, ce jeu littéraire et poétique a séduit les surréalistes de l’Entre-deux-guerres. Près d’un siècle plus tard, l’association marseillaise Karwan s’en est emparée pour investir nos villes. À Marseille, en 2014, elle a par exemple créé 16 km de frise écrite dans l’espace public. « Toute la ville devient terrain d’écriture », explique Karelle Menine, journaliste et artiste à l’origine de l’association.
Le projet se décline aujourd’hui dans quatre communes de la métropole nantaise : Nantes avec les médiathèques Jacques-Demy et Luce-Courville, Rezé (Diderot), Bouguenais (Condorcet) et Carquefou (Hélène Carrère-d’Encausse). Il est financé via le Fonds métropolitain de la culture, avec des partenaires privés (Semitan, Harmonie Mutuelle, Elsan et GSF).
Grand format
Dans un premier temps, des ateliers participatifs ont lieu jusqu’au 20 juin avec des habitants. « L’idée, précise Karelle, c’est d’arriver à la fin de chaque atelier à un texte unique, tiré de ce qui a été produit par les participants. Il y a des débats, c’est un exercice démocratique ! » Deuxième temps du projet : « Certains cadavres exquis produits lors des ateliers sont sélectionnés pour que les artistes les retranscrivent en grand format dans l’espace public, explique Marion Chaigne, de la Bibliothèque municipale de Nantes. La création littéraire se transforme alors en œuvre d’art ».
Ces « chantiers d’inscriptions » s’étaleront de la fin juin à mi-juillet dans les médiathèques participantes. Les artistes de Karwan seront épaulés par des étudiants de l’École des Beaux-Arts de Nantes Saint-Nazaire. Un effort collectif qui fait écho à l'imagination du collectif !