À noter
Le coût de l’ensemble des travaux de restauration est estimé entre 8 à 10 millions d’euros, pris en charge par l’État.
Combinaison intégrale, gants, sur-chaussures, masque FFP2, passage dans différents sas de décontamination… Pour pénétrer dans la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul, le protocole, très strict, est à respecter à la lettre. Il illustre à lui seul l’ampleur de la pollution encore présente à l’intérieur, presque un an après le violent incendie qui a frappé l’édifice, le 18 juillet 2020.
« On estime que 5 tonnes de métal ont fondu, provenant des tuyaux de l’orgue de tribune. Ceux-ci contiennent du plomb qui, aujourd’hui, est retombé au sol, explique Valérie Gaudard, conservatrice régionale des monuments historiques à la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC), maître d'ouvrage de la cathédrale. Ce qui est marquant, c’est que l’on a retrouvé ces poussières de plomb dans des endroits improbables comme dans le chœur. Le taux le plus élevé que l’on a constaté, c’est sur la tribune de l’orgue, avec un taux de 186 000 microgrammes par mètre carré » - la norme appliquée pour l’habitat est de 1 000 microgrammes.
Après la sécurisation, l’expertise, l’enlèvement des débris calcinés et le diagnostic général sur la pollution, les travaux de restauration de Saint-Pierre-et-Saint-Paul entrent dans une nouvelle phase. Celle de la dépollution qui va débuter en octobre. Sa durée est estimée à 4 mois pour un montant global d’un million d’euros. « C’est vraiment ce qui nous a ralenti. Le plomb ajoute une vraie complexité », note Valérie Gaudard. À l’intérieur de la cathédrale, il est perceptible un peu partout : sur le mobilier, les peintures épargnées et au sol, sur lequel une fine pellicule est présente et vient accrocher les sur-chaussures.
Aux murs, des traces noires trahissent les trois départs de feu : sur la console de l’orgue de chœur totalement ravagée, dans le transept sud à proximité d’un tableau électrique et au niveau du grand orgue, œuvre du facteur Girardet en 1621, dont il ne reste plus rien… Ce dernier est l’une des plus grandes pertes dans l’incendie, avec le tableau majeur d’Hippolyte Flandrin intitulé Saint Clair guérissant les aveugles et les vitraux commandés au 16e siècle par Anne de Bretagne pour la grande verrière, totalement soufflée : « On a récupéré de nombreux morceaux, de la taille d’un ongle pour certains. C’est un grand puzzle que nous essayons de reformer. »
En cheminant dans les allées, on tombe sur de grands sacs dans lesquels sont entassés les nombreux débris. Ici du bois calciné, là des bouts de métal et, parfois, des joyaux comme ces deux atlantes, des géants en bois datés du 18e siècle, couchés au sol et brûlés dont on ne sait pas encore s’ils pourront être restaurés. Au milieu de ce désastre, quelques bonnes nouvelles comme le tombeau de François II et Marguerite de Foix encore intact et protégé par une bâche.
Un an après, Saint-Pierre-et-Saint-Paul panse donc ses plaies, mais le chemin à parcourir est encore long. « Après la dépollution, on entame ensuite la phase de restauration du monument. Elle s’effectuera par zones. On espère que l’on pourra ouvrir l’édifice par étapes dès la fin de l’année 2022, début 2023 », conclut Valérie Gaudard.
À noter
Le coût de l’ensemble des travaux de restauration est estimé entre 8 à 10 millions d’euros, pris en charge par l’État.