« L’homme préhistorique est aussi une femme » : c’est le titre du dernier ouvrage de la préhistorienne Marylène Pathou-Mathis, publié par Allary Éditions et devenu le support d’un spectacle, « Labeau ». Cette « performance art-science » sera créée lors du festival des Scènes vagabondes, le 3 juillet au Grand-Blottereau, avant une représentation fin septembre au festival Utopie : Point zéro, à Sucé-sur-Erdre. L’aboutissement de plus de six mois de travail pour Julia Passot, fondatrice de la Turbine qui porte le projet.
« Le but de notre association, c’est d’inspirer les individus et les organisations pour créer un futur désirable, provoquer un changement de culture, en s’appuyant sur des expériences scientifiques et artistiques », explique Julia, pour qui il existe « des passerelles évidentes entre les domaines de la recherche artistique et scientifique ». Le très lointain passé de l’humanité permet ici d’explorer la questions bien actuelles du genre, le rapport entre les sexes ou encore l’invisibilisation des femmes. « La Préhistoire est une discipline née au 19e siècle, à une époque où le rapport entre hommes et femmes était très spécifique. Le texte de Marylène déconstruit ces hypothèses. »
Trois journées de résidence
Les trajectoires de Julia Passot et Marylène Patou-Mathis se sont croisées sous les auspices du Muséum de Nantes, organisatrice de l’exposition Néandertal – la préhistorienne en est la commissaire scientifique. L’établissement a coproduit le projet et accueilli une résidence de trois jours réunissant toute l’équipe : outre Marylène Patou-Mathis et Julia Passot, le musicien Vincent Paillard et Lucie Monziès, qui lit le texte « mis en voix » par Lucie Rébéré. « Chacun arrive avec ses savoir-faire », commente Julia, heureuse de voir « chacun sortir de sa posture, de son rôle habituel pour être dans cette création collective ».
Pour la préhistorienne, « Labeau » est une occasion de faire passer autrement ses messages, « une façon d’amener à la réflexion par la sensibilité » : « J’aborde des sujets délicats : le fait que l’on ait un ancêtre commun, le berceau africain, la violence et la guerre, les femmes... Avec cette lecture, on n’a pas l’impression de recevoir une leçon, on sort du cadre habituel de la conférence ou du colloque. Si on touche les gens, c’est gagné ! »
Créée en 2019 et soutenue entre autres par la Ville de Nantes, l’association la Turbine explore les champs de la création artistique et de la recherche scientifique, pour sensibiliser à la transition écologique. Elle organise le festival Utopie : point zéro, publie un blog, diffuse des podcasts et propose des ateliers, formations et conférences. Prochaine étape du projet : ouvrir un « tiers-lieu culturel et citoyen dédié à la transition écologique ».