Mettre fin à l’épidémie de VIH d’ici 2030, c’est l’objectif fixé par Fast Track Cities. Créé le 1er décembre 2014 sous l’égide de la Ville de Paris, ONUSIDA, ONU-Habitat et l’association internationale des prestataires de soins du sida (IAPAC), le mouvement, qui intègre également la lutte contre les hépatites virales et la tuberculose, compte 392 villes membres.
Déjà mobilisée contre le VIH, virus qui peut conduire au SIDA (syndrome d’immunodéficience acquise), le virus de l’hépatite C (VHC) et les infections sexuellement transmissibles dans le cadre de son contrat local de santé, Nantes est la 11e ville française à rejoindre le réseau. « Il y a ici un historique important dans la lutte contre le VIH et une très bonne collaboration entre les différents acteurs, c’est un modèle à suivre », rappelle Bertrand Audoin, vice-président de IAPAC, en préambule de la signature de la déclaration de Paris lundi 6 décembre. « L’adhésion à Fast Track Cities doit permettre d’agir à une échelle de ville qui sait répondre aux besoins des populations, s’adapter et mobiliser des ressources, souligne Marlène Collineau, adjointe au maire en charge de la santé. En finir avec l’épidémie de VIH n’a jamais été aussi atteignable, nous pouvons remplir cet objectif si nous sommes toutes et tous mobilisés. »
Les objectifs « 95-95-95 »
Si la pandémie de Covid-19 a entraîné une baisse des dépistages et des mises sous traitement, avec une hausse des infections et des morts pour la première fois depuis l’arrivée des trithérapies en 1996, les motifs d’espoir sont nombreux. « Grâce aux nouveaux traitements, les patients ont une charge virale indétectable : ils ne transmettent plus le virus et sont beaucoup moins stigmatisés, se félicite Bertrand Audoin, Autre raison d’être optimiste : la PrEP, un antirétroviral accessible depuis 5 ans en France, utilisé en prévention lors de rapports sexuels. » Fast Track Cities poursuit les objectifs « 95-95-95 » : 95 % des personnes séropositives connaissent leur statut sérologique, 95 % des personnes connaissant leur séropositivité suivent un traitement antirétroviral (ARV), 95 % des personnes sous ARV ont une charge virale indétectable.
Faciliter l’accès au dépistage
Créée en 2020 par des acteurs médicaux, paramédicaux et des associations spécialisées en réduction des risques, soutenue par la Ville de Nantes, l’association Nantes objectif zéro (Noz) lancera deux dispositifs de dépistage du VIH et du VHC dès le premier trimestre 2022. Ces actions s’inscrivent dans le cadre de Fast Track Cities. « Les autotests VIH vendus en pharmacie coûtent une vingtaine d’euros et ne sont pas remboursés, nous allons mettre en place un système de bons, donnés par les associations, pour permettre aux personnes précaires et éloignées du système de soins d’accéder gratuitement à ce dépistage », indique Jérôme Gournay, président de Noz et chef de service Hépato-gastro-entérologie au CHU de Nantes qui rappelle également que « 20 à 30 000 personnes ignorent encore leur séropositivité en France ».
Des chiffres similaires pour le virus de l’hépatite C qui affecte particulièrement les usagers de drogue par voie intraveineuse. Le deuxième dispositif, coordonné par des structures spécialisées en addictologie, doit permettre de tester et traiter les patients à risque dans un temps très court. « En quelques heures, on réalise l’ensemble du dépistage avec une goutte de sang sur une bandelette réactive puis un mini-laboratoire ambulant, comparable à une imprimante, pour rechercher la présence du virus. On peut démarrer le traitement avec une guérison définitive en deux à trois mois. Regrouper toutes ces étapes permet d’éviter la déperdition des patients. » L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a fixé l’élimination des hépatites virales B, C et Delta à l’horizon 2030.