« La météo est parfaite pour les haricots verts, la courge butternut et les courgettes. La récolte est belle, les habitants vont se régaler ». Nicolas, jardinier au service Nature & jardins de la Ville de Nantes, a le sourire.
Le potager de la Crapaudine, planté au printemps avec 22 autres parcelles dans le cadre du projet « Nantes Paysages nourriciers », donne bien. Chaque semaine, environ 180 kilos de légumes sont distribués à des familles du quartier Nantes Sud ayant peu de moyens. « Tous les mardis et vendredis matins dès 9h, les habitants identifiés par le CCAS viennent nous donner un coup de main pour la récolte et ils repartent avec ce qui leur fait envie », poursuit son collège, Eric-Jean. Le surplus est donné au Secours populaire.
Des légumes bio et frais
Ce mardi là, ce sont les haricots coco qui font de l’oeil à Nathalie. « J’adore ça ! Ils sont bons, fins, rien à voir avec les conserves qu’on trouve au supermarché ». Le secret des jardiniers municipaux ? Une bonne terre, mélange de terre végétale et de compost, juste ce qu’il faut d’eau grâce au système de goutte-à-goutte, une orientation plein soleil, quelques fleurs (œillets d’Inde, sauge, tournesols) pour attirer les insectes pollinisateurs. Et zéro traitement.
« Nos légumes sont 100 % naturels », assure Nicolas qui, comme ses collègues s’est pris au jeu de ce projet lancé par la Ville de Nantes en 2020 pour aider les plus démunis à accéder aux légumes frais et de saison. « Les habitants du quartier nous voient différemment. Ils nous demandent des conseils, ça créé des interactions », apprécie le jardinier municipal. Pour assouvir leur curiosité, des ateliers sont organisés avec l’appui des animateurs de la ferme de la Chantrerie : le cycle des cultures, le paillage, le compost, etc. Mais, insiste Nicolas, « le plus important, c'est qu'on rend service aux gens qui en ont besoin ».
« Ce soir, c’est barbecue au jardin »
La solidarité et la convivialité, c’est aussi ce qui a conduit Giorgi, Xatuna et leurs trois enfants, arrivés récemment de Géorgie, jusqu’au potager participatif de Pilleux, dans le quartier Zola. L’association Nantes Ville Comestible y assure des permanences tous les lundis à partir de 17h30, et des animations les jeudis après-midis.
Ce soir là, c’est barbecue. "On fait griller et déguster les légumes du jardin », explique l’animateur, Yann Lescouarch. Pour l’occasion, une vingtaine de personnes se sont réunies autour de cet oasis de verdure : des habitants du quartier, quelques jeunes du foyer de jeunes travailleurs voisin, des personnes âgées de l’Ehpad, des bénévoles de la Frat qui redistribuent les légumes produits par le potager tous les mercredis… « On a commencé avec une poignée de bénévoles, mais on est plus nombreux de semaine en semaine. Il fallait le temps que le jardin s’installe dans le paysage ». Désormais, impossible de le manquer le long du boulevard Frachon, derrière sa bouée de fleurs multicolores, les courgettes qui grimpent sur les tuteurs et les maïs qui atteignent près de 3 mètres de haut !
Giorgi et sa famille mettent un point d’honneur à venir donner un coup de main, chaque lundi. « Les légumes, ça nous aide. Mais ce que je préfère, c’est faire le potager tous ensemble. Tout le monde est adorable ici », explique en anglais ce jeune père de famille géorgien. « C’est le lieu idéal pour rencontrer des gens, il y a plein de nationalités différentes », confirme Carine, arrivée du Gabon il y a tout juste une semaine. Elle, a découvert le potager alors qu’elle passait en tramway sur le boulevard. « Depuis, je viens dès que je peux, pour apprendre des techniques de jardinage, et partager un bon moment ».
C’est génial de faire des trucs comme ça pour partager avec ceux qui ont moins
Entraide et partage
Au Breil, au fil des ateliers lecture, compostage ou échange de livres de cuisine, le potager du square Mélies est lui aussi devenu un lieu privilégié de rencontres. « On voit beaucoup de personnes âgées, qui déjeunent le midi au restaurant intergénérationnel (RIG) Malville, quelque migrants du foyer d’accueil, mais aussi des gens qui travaillent à côté et qui viennent se balader sur leur pause déjeuner », observe Zoé Larose, animatrice de l’association La Sauge qui coordonne le lieu. Un collectif de jardiniers fidèles se réunit tous les jeudis de 13h30 à 16h30 pour récolter et entretenir le potager. Les légumes sont ensuite pesés, et distribués en circuit-court dans les locaux du RIG voisin.
Certains viennent plus ponctuellement pour donner un coup de main, ou simplement pour rencontrer des gens et tisser des liens
Chaque distribution est l’occasion d’échanger des fiches recettes. « L’objectif des Paysages nourriciers, c’est aussi de sensibiliser à l’alimentation et aux bienfaits des légumes de saison », explique Magalie, référente du CCAS sur le quartier du Breil. « Savez-vous que vous qu’on peut faire un pesto avec toutes sortes de fanes de légumes verts ?, interroge Zoé : Radis, carottes, orties… Il suffit de les mixer avec du thym, de l’huile d’olive et des pignons de pin, ou des graines de tournesols – beaucoup moins chères ». Ce mardi là, Marie-Françoise a partagé sa recette de confiture de tomates vertes. Et Franca le secret son Ripieni, une savoureuse recette du sud de l’Italie à base d’aubergine et de viande hachée, relevée d’ail, de persil et de basilic ciselé. « Un régal tiède ou froid, qui embaume la cuisine ! »