Catherine C, 67 ans : « Aider les autres et tisser des liens »
Depuis 2006 et sa retraite, Catherine C, 67 ans, est devenue bénévole à l'Amicale laïque des Marsauderies, au sein de laquelle elle participe notamment à ‘‘Di lé mo’’. « L’idée est d’accompagner des adultes d’origine étrangère du quartier à l’apprentissage du français, explique-t-elle. Ce peut être des parents, qui souhaitent davantage comprendre ce qu’il se passe à l’école de leurs enfants, mais aussi des personnes voulant passer leur permis de conduire ou tout autre diplôme et qui ont besoin d’améliorer leur niveau. En ce moment, je suis ainsi Madou, d’origine indienne et qui veut obtenir la nationalité française. »
Pas moins de 12 nationalités différentes sont représentées. « C’est très riche ! Ce sont toujours des cours particuliers et personnalisés – pour lesquels nous avons d’ailleurs besoin de bénévoles en plus ! – selon les attentes de la personne, mais nous proposons en plus des temps partagés, pendant lesquels nous allons visiter des lieux emblématiques de la ville. Ainsi, lors d’une sortie au Passage Pommeraye, certains apprenants étaient surpris de pouvoir y entrer, ils pensaient qu’ils n’y avaient pas le droit ! »
Catherine est aussi impliquée dans le programme ‘Lire et faire lire’ : « Je vais chaque semaine lire des ouvrages aux enfants d’une classe de petite-moyenne section de l’école des Marsauderies. Ces activités m’apportent beaucoup, je crois que j’ai toujours eu un petit regret de ne pas avoir été institutrice. Cela me plaît d’aider les autres, de tisser des liens, de rencontrer plein de personnes différentes. »
Luc Barré, 75 ans : « Je jouerai tant que je tiendrai debout ! »
Luc Barré tape dans un ballon rond depuis plus de 60 ans. La passion du foot l’a saisi à 14 ans, il ne s’est (quasiment) jamais arrêté de jouer et à 75 ans il affirme : « je jouerai tant que je tiendrai debout ! » Cet ancien électricien est membre du club La Mellinet Nantes depuis 40 ans et en partie à l’origine de la section des Tamalous il y a 20 ans qui accueille les retraités pour un entraînement par semaine. « On se retrouve le jeudi matin à 10h, toute l’année pour faire du foot en trottinant. »
Sur le terrain de jeu à cinq, la quinzaine de seniors entre 60 et 80 ans s’échauffent d’abord puis font des matchs pendant environ une heure « mais on fait attention à la fatigue et on essaie de ne pas se donner de coups car on est tous plus ou moins sous anti-coagulant et les chutes ne pardonnent pas. » Du foot en mode tranquille car l’objectif pour Luc Barré et ses coéquipiers est d’avoir plaisir à se retrouver pour faire du sport sans y penser. Pas d’esprit de compétition, pas de rencontres avec d’autres équipes, juste de l’entretien physique à la hauteur de ce que chacun peut. « Si vous donnez un ballon à un jeune de 60 ans, vous pouvez lui passer 2 mètres devant lui. Pour Danny qui a 80 ans c’est dans les pieds et pas sûr qu’il l’attrape mais on pardonne tout. » Comme le veut l’adage, après l’effort le réconfort autour d’un petit verre de Muscadet.
Luc Barré, qui admet avoir des courbatures après les entraînements, ne s’active pas que sur le terrain, il passe aussi une dizaine d’heures par semaine dans le rôle de l’homme à tout faire qui raccroche les filets, répare ce qui est cassé, change les ampoules, représente le club dans des réunions… « A côté j’aime beaucoup aller au cinéma avec ma femme, faire le jardin, voir des amis et m’occuper de mes 7 petits-enfants. »
Françoise Guilloux, 63 ans : « Partager des ateliers créatifs avec les enfants »
Jeune retraitée... jeune bénévole. Françoise Guilloux a quitté le monde du travail depuis un an, et aussitôt plongé dans le monde associatif. « J’ai connu Manou Partages en 2019, et je viens désormais à l’association très régulièrement. Cela me permet de sortir, de voir du monde, et de nouer des liens avec toutes les générations du quartier. Je participe à diverses activités, du théâtre d’improvisation, du chant…»
Récemment, elle propose un atelier pour créer des pingouins en laine à base de pompons avec des enfants. Sept petits à partir de 6 ans y ont pris part. « J’ai passé du temps pour leur montrer comment faire et partager ce que j’aime, c’est-à-dire le travail manuel, avec eux. Un des enfants, russe d’origine, parle peu le français, mais nous avons réussi tout de même à nous comprendre et à échanger. Un réel plaisir ! Je réfléchis pour peut-être organiser un autre atelier un peu comme celui-ci.
Françoise participe aussi régulièrement à des ateliers cuisine. « Ce sont la plupart du temps des femmes du quartier qui livrent leurs recettes, comme Dhouha, qui nous a concocté sa fricassée tunisienne (avec du thon, des légumes…). On apprend plein de choses ! » Pour compléter son agenda associatif, elle participe également à la gazette de quartier, Le Canard Rit. « On la conçoit avec des résidents d’Ehpad de Ranzay et des enfants après le temps scolaire. Les échanges sont passionnants, par exemple tous les petits voulaient parler de Naruto (un manga, ndlr), nous ne connaissions pas, nous les adultes ! »
Éric Martinache, 63 ans : « On est là pour guider les gens »
Pendant sa carrière, Éric Martinache vendait de l'énergie. Depuis qu'il est à la retraite, il en a à revendre. Nantais depuis 10 ans, il a depuis quelques années cumulé les implications dans les associations. ADIE, dans un premier temps, cinéma associatif Bonne Garde, et désormais l'Accoord, où il intervient depuis la fin du premier confinement pour faire de l'inclusion numérique. « La maison de quartier de l'Île de Nantes propose une salle informatique en accès libre, et l'Accoord y organise des cours collectifs. Avec l'arrivée de bénévoles comme moi, on propose désormais une offre complémentaire. On peut faire de l'individuel. Le but, c'est de les amener vers l'autonomie. »
Pour cela, pas besoin d'une expertise de haut niveau. « Je suis un simple usager du numérique, pas un informaticien, insiste Éric Martinache. On est là pour guider les gens dans l'utilisation de logiciels de base, d'internet, d'une boîte mail. Et si les gens veulent aller plus loin, se former à Excel ou à des logiciels plus complexes, d'autres structures le font, comme l'Université permanente. »
Pour le jeune retraité, le bénéfice n'est pas que pour les usagers. « Ça m'a permis de faire de belles rencontres, notamment parmi les salariés de l'Accoord. Ce sont de vrais pros. J'ai découvert plus concrètement ce qu'était l'éducation populaire. En plus la maison de quartier retravaille son projet social, et on est associés. C'est riche de participer à quelque chose comme ça, ça ouvre les chakras. »