Les fermes ne reculent plus face au béton. C’est la conclusion du dernier diagnostic agricole réalisé en 2020. « L’agglomération nantaise est parvenue à stabiliser le nombre d’exploitations et la surface cultivée », explique Anne-Sophie Guillou, en charge des questions agricoles à Nantes Métropole, qui accueillait la 2e édition des Assises de la transition agro-écologique et de l’alimentation durable, les 12 et 13 septembre 2022. Une vraie victoire quand on sait que la région continue d’en perdre. « La métropole est redevenue attractive pour les agriculteurs, observe Arnaud Brunetière, à la Chambre d’agriculture de Loire-Atlantique. Le profil des porteurs de projets a changé. Beaucoup sont des personnes en reconversion intéressées autant par les débouchés qu’offre un grand bassin de vie comme Nantes, que par la richesse de la vie citadine (loisirs, culture, emploi pour le conjoint, accessibilité). » Au total, trente nouvelles exploitations ont vu le jour depuis 2016, la majorité en maraîchage. Hommes ou femmes, de jeunes paysans s’installent à Couëron, à Orvault, à La Chapelle-sur-Erdre… L’agriculture prend racine jusque dans certains quartiers de Nantes où la Métropole vise l’installation de 10 fermes urbaines d’ici 2030. Plusieurs ont déjà vu le jour à Doulon-Gohards, sur le toit des 5Ponts sur l’île de Nantes, à Bellevue, à Nantes Nord, bientôt aux Dervallières…
16 000 hectares sanctuarisés
Ce renouveau ne doit rien au hasard. Il est le fruit d’une politique volontariste engagée en 2001 en partenariat avec les 24 communes et l’ensemble des acteurs agricoles. Pour préserver les fermes face à l’extension rapide de la ville, le Plan local d’urbanisme métropolitain (PLUm) a sanctuarisé plus de 16 000 ha de terres agricoles. En parallèle, un programme de remise en culture des terres en friches (lire ci-dessous) et de soutien aux installations a été activé. Une politique de long terme, complémentaire des actions du Projet alimentaire territorial (PAT), adopté en octobre 2018 avec pour objectif de changer de modèle alimentaire et réduire son impact sur l’environnement. « Les événements récents comme la guerre en Ukraine, la hausse des prix, etc., renforcent la nécessité de relocaliser la production agricole et de renforcer notre autonomie alimentaire, insiste Delphine Bonamy, conseillère métropolitaine chargée de l’agriculture, de la transition alimentaire et des forêts urbaines. Produire localement, c’est moins de transports routiers, donc moins d’émissions de CO2, cela participe à la dynamique économique locale... Les fermes en milieu urbain contribuent aussi à préserver les sols vivants et la biodiversité ».
1 ferme sur trois en bio
Depuis le début du mandat, la Métropole aide les agriculteurs et agricultrices à s’adapter et à faire évoluer leurs pratiques, en lien avec les territoires voisins. Le Projet alimentaire territorial fixe en particulier des objectifs ambitieux pour encourager l’agriculture écologique. Depuis 2018, un « appel à manifestation d’intérêt Agriculture », assorti d’aides financières, permet de soutenir les personnes intéressées pour créer un projet agricole sur l’une des 24 communes du territoire. Avec un cap : 50 % d’exploitations et de surfaces agricoles en bio en 2025. Quatre ans plus tard, les résultats sont là. 80 % des nouvelles exploitations choisissent l’agriculture biologique. « Au total, près d’une ferme sur trois est en bio dans la métropole, contre un peu moins de 10 % en France, détaille Céline Girault, directrice du Groupement des agriculteurs bio de Loire-Atlantique (GAB 44). L’ambition affichée par Nantes Métropole est assez rare, elle a créé une dynamique positive ».
Le défi du changement climatique
Pour autant, il ne faut pas baisser la garde. Car si de nouveaux paysans se lancent, 7 fermes disparaissent en parallèle chaque année dans la métropole. « Nos principaux défis pour les années à venir, poursuit Céline Girault, ce sont les transmissions d’exploitations car beaucoup d’agriculteurs sont en fin de carrière, et le maintien de l’élevage bovin, essentiel pour préserver les paysages, la biodiversité, et entretenir les espaces naturels sensibles grâce au pâturage ». La transition alimentaire passe aussi par la coopération avec les territoires voisins, ajoute Delphine Bonamy. La ville a besoin de la campagne, et réciproquement : « Nous travaillons par exemple à accompagner la création d’un abattoir de proximité avec les collectivités du sud du département. Une réflexion est aussi engagée avec les communes sur l’approvisionnement bio et local de nos cantines. » Soutenus par les collectivités, les agriculteurs de l’Ouest cherchent par ailleurs activement des solutions pour faire face au changement climatique et continuer à produire malgré l’accentuation des vagues de chaleur, la sécheresse, ou le gel.
Vertou à la reconquête des terres en friche
Délaissées pour des raisons économiques ou techniques, des centaines d’hectares de terres agricoles sont laissées à l’abandon. Pour leur rendre leur vocation, Nantes Métropole et la Chambre d’agriculture ont mis en place un accompagnement et des aides pour défricher. Ce dispositif a permis de reconquérir plus de 270 ha depuis 2001. « Ces projets sont complexes et nécessitent de longues négociations, témoigne la Ville de Vertou qui se mobilise activement sur le sujet dans le cadre de son plan d’actions Agricultivons!. Il faut repérer les friches, identifier leurs propriétaires - une tâche souvent compliquée car les parcelles sont morcelées - et les mettre en relation avec les agriculteurs intéressés. Notre rôle est de faciliter les échanges ». Au printemps 2022, une solution a ainsi été trouvée pour revaloriser 11 ha à l’Herbray. Un viticulteur était intéressé mais il n’avait pas les moyens de tout racheter. Pour débloquer la situation, la Métropole s’est porté acquéreur de 6 ha via un portage foncier. Une fois défrichée, le viticulteur et un éleveur pourront réinvestir la terre, la faire prospérer durant quelques années, et ensuite éventuellement la racheter.
Envie d’en savoir plus ? Ecoutez les podcasts de la Ville de Vertou sur les agriculteurs près de chez vous.
4 jours de débat et de fête pour repenser notre alimentation
800 personnes sont réunies à la Cité des congrès de Nantes, les 12 et 13 septembre pour les 2es Assises territoriales de la transition agro-écologique. Au programme : conférences, tables-rondes, expositions pour débattre de la prise en compte du changement climatique et de l’urgence sociale dans la transition vers une agriculture et une alimentation plus durables.
L’événement se prolonge les 24 et 25 septembre avec la 1re édition de la Fête paysanne à Nantes Doulon, une manifestation grand public, gratuite et familiale, mêlant plaisir et réflexions. Marché de producteurs, banquet de chefs, visites de fermes, village vignerons, bal paysan, cueillette et tonte de moutons… Il y en a pour tous les goûts ! Ce rendez-vous festif permet de rencontrer sur tout un week-end, des passionnés qui font découvrir leur production, leur métier et savoir-faire, prendre le temps d’échanger pour comprendre les contraintes et les enjeux d’une alimentation locale de qualité, dans un format convivial et gourmand.