Les 4 et 5 octobre, 200 personnes ont participé dans le parc du Grand-Blottereau à la Fête des récoltes, qui concluait la 4e saison de « Nantes, Paysages nourriciers ». L'opération fournit des légumes aux personnes en situation de précarité, mais est aussi le support de multiples actions.
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Un groupe se charge de la récolte des courges et choux plantés dans la pépinière municipale ; guidé par deux comédiens, un autre participe à une animation ludique autour des arbres ; un autre encore visite le potager tropical... Une nutritionniste bénévole de l'association Du pain sur la planche anime un échange autour des familles de légumes, et recueille les avis des participants sur le choix des plantations, leurs envies : « On pourrait cultiver du gingembre ? », « Je ne sais pas trop cuisiner les blettes... » Chacun et chacune apporte ses connaissances, son savoir-faire, ses habitudes culturelles... Pendant ce temps, sous l'égide des chefs Maxime et Julien, des Bouillonnantes, une vingtaine de participants s'affairent à concocter un déjeuner à base – évidemment – de légumes frais. Tout ce monde est réuni par la Fête des récoltes qui clôt la 4e édition de « Nantes, Paysages nourriciers », opération initiée après le confinement et qui prend de l'ampleur chaque année.
19 tonnes de légumes, 1 000 bénéficiaires
Depuis 2020, à la belle saison, les jardiniers de la ville de Nantes et des habitants volontaires cultivent 24 potagers et un champ au Grand-Blottereau, avec un beau succès, puisque 19 tonnes de légumes y sont produites chaque année. Tomates, poivrons et autres sont distribués sous forme de paniers aux personnes en situation de précarité alimentaire. Grâce à cet élan solidaire, comme 1 000 ménages nantais, Sandra passe une semaine sur deux s'approvisionner au centre Accoord de Port-Boyer : « Acheter des légumes frais, ce n'est pas toujours dans nos moyens... »
Le surplus donné à l'urgence alimentaire
« Le surplus, environ 4 tonnes, est donné à l'urgence alimentaire : Restos du cœur, Secours populaire, Banque alimentaire…, explique Vincent Le Gall, chef de projet à la direction Nature et jardins. À Nantes sud et Nantes Erdre, les potagers du quartier suffisent à approvisionner tous les bénéficiaires. Dans les autres quartiers, les légumes cultivés au Grand-Blottereau ont complété les besoins. »
Rompre l'isolement, s'informer...
La Fête des récoltes, qui conclut la saison au début de l'automne, a réuni cette année plus de 200 bénéficiaires. Les associations impliquées étaient évidemment de la partie, car la question de l'alimentation saine et solidaire fédère : récolter et distribuer des légumes, c'est aussi et surtout l'occasion de se rencontrer, de s'informer, d'échanger des recettes, des astuces, et de participer à des repas collectifs. On rompt l'isolement, on apprend à cultiver, à récolter, à cuisinier, on s'informe au passage sur la diététique, mais aussi sur l'accès aux droits...
Des repas partagés dans tous les quartiers
« Transversale, la question de l'alimentation solidaire réunit plusieurs directions municipales : Nature et jardins, quartiers, santé publique, CCAS... Nantes, Paysages nourriciers génère une synergie entre plusieurs projets, et en génère de nouveau. » Marion Gassiot, de la direction santé publique, renchérit : « Beaucoup d'initiatives de repas partagés existaient déjà, nous avons choisi de focaliser cette année là-dessus. L'arrivée des légumes ne se limite plus à une simple livraison, mais sont un peu partout l'occasion d'ateliers cuisine, baptisés « papote et popote » – parce qu'on échange beaucoup en cuisinant ! –, suivis de repas partagés. Aux Dervallières, par exemple, le repas s'est inscrit dans une semaine autour de l'alimentation. »
Beignets de potimarron au sésame, endives au coleslaw, velouté de courge en crumble, bouchées de chou et chocolat blanc préparés par les cuisiniers de l'hôtel de ville... On s'est régalé lors du repas de clôture ! « Ça fait plaisir de voir le sourire de tout le monde aujourd'hui !, se réjouit Delphine Bonamy, adjointe à la nature en ville et aux jardins partagés et familiaux. Au départ du projet, il y avait un besoin de légumes frais. Aujourd'hui, l'opération va bien au-delà et inclut une sensibilisation au bien manger, à l'alimentation. Pour les jardiniers de la Ville, c'est une nouvelle activité qui les passionne. »
De nouveaux potagers solidaires
En mai 2023, un potager a été cultivé pour la première fois à l'arboretum du cimetière-parc : 240 m2 cultivables, joliment disposés en mandala au bout de l'allée centrale, ont fourni 300 kilos de légumes distribués au pôle solidaire de l'Accoord/Bout-des-Pavés. « Des fruitiers y seront bientôt plantés et, l'an prochain, le potager du Grand-Blottereau sera déplacé près de la maison de quartier de Doulon, annonce Vincent Le Gall. Les potagers de l'hôtel de ville et de Pilleux seront agrandis. Chaque jardin a son identité, selon leur emplacement, les souhaits des habitants et... les idées des jardiniers. »