Lancé au début des années 2010, l’aménagement de Prairie au Duc s’achèvera en 2027 par la livraison, à la pointe de l’île, de trois programmes qui se distinguent par leurs ambitions environnementales et architecturales. On vous les dévoile en images.
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Dix ans après le lancement des premières constructions, l’aménagement du quartier Prairie au Duc touche à sa fin. Nantes Métropole et la Samoa, aménageur public de l’île de Nantes, ont dévoilé les trois dernières opérations qui prendront place à l’extrémité ouest du quartier, entre la grue jaune et les hangars portuaires. Retenues à l’issue d’un concours, elles promettent « un renouveau architectural avec des ambitions fortes sur le plan environnemental », assure la directrice de la Samoa, Virginie Vial. « Les changements climatiques et sociaux nous amènent à revoir nos modes de faire et nos exigences de conception des opérations immobilières », souligne Thomas Quéro, adjoint au maire de Nantes délégué à la forme de la ville et à l’urbanisme durable .
Des bâtiments très bas carbone
Sur « ce site exceptionnel, ouvert sur la Loire, le parc des Chantiers, le quai patrimonial des Antilles et les futurs Jardins de l’Estuaire », la collectivité souhaitait « rester cohérente avec l’urbanisme du quartier » et les premiers bâtiments construits le long du boulevard Prairie-au-Duc, indique l’élu : diversité des usages (habitat, bureaux, activités et commerces), part importante de logements sociaux (28%) et abordables (23%), attention à l’animation des rez-de-chaussée, espaces partagés… Néanmoins, « les critiques sur la monotonie et l’austérité de l’architecture ont été entendues », assure Virginie Vial. Sobres, les trois dernières opérations « prennent le virage de la construction bas carbone », avec des bâtiments majoritairement en matériaux biosourcés, et « des écritures architecturales diverses », intégrant le bois et la brique, de la couleur…
125 logements, deux places et des venelles
Découpé en 3 lots, le programme prévoit la construction de 125 logements au total, dont 30 % de locatifs sociaux, 4800 m² de bureaux, environ 3700 m² d’activités et 400 m² de commerces, ainsi qu’un parking mutualisé commun aux trois projets. « Leur arrivée s’accompagnera de nouveaux espaces publics pour créer des lieux de rencontres et de convivialité », précise la paysagiste de l’île de Nantes, Jacqueline Osty : des venelles piétonnes, une petite place de quartier et une autre à vocation plus métropolitaine avec vue sur le quai de la Fosse et les deux grues. « Des espaces densément plantés seront également créés, au sud, le long des futurs Jardins de l’Estuaire », ajoute-t-elle.
Lighthouse : un phare sur la Loire
Un soin particulier a été apporté à l’opération la plus proche de la Loire, dénommée « Lightouse », du promoteur Six Ares/Aventim. « Notre volonté était de faire de ce bâtiment, une sorte de folie douce, visible depuis la colline de Chantenay », indique Claire Schorter, architecte-urbaniste de l’île de Nantes. Dessiné par la très réputée agence dublinoise Grafton Architects - lauréate en 2020 du Prix Pritzker, considéré comme le Nobel de l’architecture -, cet immeuble sobre fera la part belle au bois. Inspiré de la trame des quais, il accueillera 25 « appartements-villa » (du T2 au T5bis) distribués par de vastes terrasses communes et des coursives plantées, et bénéficiant tous d’une vue sur le fleuve. « Nous avions envie d’en faire un phare sur la Loire à la pointe ouest de l’île , une proue qui viendra rayonner sur l’environnement qui l’entoure », expliquent les architectes, Yvonne Farell et Shelley McNamara. La végétalisation tient une place importante dans le projet : espaces partagés et paysagers à tous les niveaux, potagers, jardin au sommet… Le socle de la résidence, quant à lui, est réservé pour des activités, soumises à un appel à projets. « L’objectif est de prolonger la vocation récréative du Parc des Chantiers, avec une offre à destination des familles complémentaire de celle déjà existante sur le quartier », précise la Samoa. Le chantier démarrera fin 2024 pour une livraison fin 2026.
La Forêt : serre, nichoirs et corner de mode responsable
La deuxième opération, appelée « La Forêt », ne manque pas non plus d'originalité. On y entrera par une serre, donnant accès aux 26 logements, aux bureaux et aux espaces partagés. Cette structure toute en transparence permettra au public de monter jusqu’au café-restaurant Le Perchoir offrant, aux derniers étages, des vues panoramiques sur la ville et la Loire. Composé d’un ensemble de bâtiments en structure bois et briques de béton bas-carbone, le projet ambitionne « d’accueillir la biodiversité à travers un grand jardin intérieur et des terrasses plantées », précise Mike Mathelier, directeur régional du Groupe Réalités. Tout a été pensé dans les moindres détails, assure l’architecte Isabel Hérault : zéro climatisation dans les bureaux, système de protection solaire passive pour éviter la surchauffe l’été, panneaux photovoltaïques permettant de couvrir une partie des besoins électriques en autoconsommation… Pour favoriser la biodiversité, des nichoirs pour oiseaux et insectes seront intégrés dans la façade. Cet état d’esprit a séduit la marque nantaise de prêt-à-porter responsable Faguo qui y installera son nouveau siège social ainsi qu’un concept store (espaces de seconde main, de réparation et de pédagogie autour du dérèglement climatique). L’opération abritera aussi les espaces de coworking de l’entreprise nantaise icilundi, ainsi qu’ un lieu ouvert au grand public et aux habitants avec corner de mode responsable, exposition photos du Centre Claude -Cahun et espace événementiel. Le chantier démarrera début 2025 pour une livraison au premier trimestre 2027.
Java : bois, béton de chanvre et parking mutualisé
La dernière opération, « Java » des promoteurs Naccarat et CISN, est la plus vaste (7100 m²). Composée de six bâtiments de formes variées, desservis par des coursives et organisés autour de deux jardins partagés, elle abritera 69 logements, dont 38 locatifs sociaux avec un projet d’habitat inclusif porté par la coopérative pour l’insertion des personnes en situation de handicap HapiCoop’ ; 1800 m² de bureaux pour le réseau d’acteurs de l’économie sociale et solidaire les Ecossolies ; et 300 m² de commerces en rez-de-chaussée. Comme les deux autres programmes, Java vise la plus grande sobriété. « Nous avons fait le choix d’une structure bois sur quatre immeubles, et du béton de chanvre, un matériau local, pour remplir les façades ossature bois de l’ensemble des bâtiments », explique Stéphanie Morio, architecte de l’agence Bond society. Pour rationaliser la place de la voiture, Java accueillera un « hub de mobilité » mutualisé à l’échelle des trois opérations. Doté de 104 places de stationnement, ce parking « sera transformable dans le temps selon l’évolution de l’usage de la voiture et des besoins », précise Pierre Magimel, directeur général adjoint du CISN. Le démarrage du chantier est prévu mi-2024 pour une livraison mi-2026.
Du 7 juin au 3 septembre 2023, les projets du concours seront exposés au Hangar 32, quai des Antilles. Logé dans un ancien hangar portuaire, ce lieu de médiation et d’exposition présente, grâce à des maquettes, des plans et des vidéos, les enjeux majeurs de la transformation de l’île de Nantes. Il accueille en moyenne 25 000 visiteurs par an. En savoir plus
« Un vrai quartier de ville »
Démarré au début des années 2010, le quartier Prairie au Duc compte aujourd’hui plus de 1200 logements (dont 28 % de locatifs sociaux et 23 % de logements abordables, en location ou en accession à la propriété), 2500 habitants, 1500 actifs et 2000 étudiants dans les écoles d’art (école de design, Esma/Cinécréatis). Outre les commerces de proximité, plusieurs équipements enrichissent l’offre du quartier, maillé par un réseau de petites places et de venelles : deux écoles, une crèche, le pôle Europa Nantes, un théâtre pour enfants… Un « hostel » de 250 lits, à mi-chemin entre l’hôtel classique et l’auberge de jeunesse, est attendu prochainement. « Prairie au Duc est un vrai quartier de ville avec une mixité sociale, des commerces et des usages variés. Il est apprécié par ses habitants qui trouvent à proximité tout ce dont ils ont besoin au quotidien, même si la perception de ceux qui n’y habitent pas et qui ne font que passer sur le boulevard est parfois négative », estime Thomas Quéro, adjoint au maire de Nantes. « L’urbanisme est un exercice d'humilité et de patience, rappelle Virginie Vial. Il faut prendre le temps avant de porter un jugement. Ce quartier ne sera achevé qu’à l’horizon 2027, avec la livraison de ces trois opérations et des Jardins de l’Estuaire. » Ces 8 hectares de verdure seront aménagés progressivement de 2023 à 2027 pour s’étendre, à terme, de la pointe ouest de l’île jusqu’à la rue Paul-Nizan.