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Lorsque Nantes était terre d’ovalie

ActualitésPublié le 26 juin 2023

Si Nantes est devenue un haut-lieu du football depuis plusieurs décennies grâce aux exploits des Canaris, elle fut d’abord une terre d’ovalie avec le Stade Nantais Université Club (SNUC).

L'équipe du SNUC en 1932. © Collection Hervé Padioleau.
L'équipe du SNUC en 1932. © Collection Hervé Padioleau.

La naissance du SNUC, au début du 20e siècle, s’inscrit à une époque où le rugby, implanté depuis 1897 par des étudiants et des négociants anglais, est le sport collectif le plus populaire dans la cité ligérienne. En 1903, un groupe de lycéens, d’étudiants et d’ouvriers décident de quitter le Racing club nantais pour fonder le Sporting club universitaire nantais. La fusion, quatre ans plus tard, du SCUN et du Rugby club de Basse-Indre Couëron donne naissance au Stade nantais université club. L’histoire du SNUC se fond alors avec celle du sport à Nantes.

Le Bouclier de Brennus

En 1907, sous l’impulsion d’un Bordelais, Pascal Laporte, le rugby prend un tournant décisif à Nantes. Grand joueur de club, plusieurs fois champion de France, il est chargé par la compagnie de négoce anglaise pour laquelle il travaille de créer une succursale à Nantes, afin d’importer du charbon gallois. Fort de son expérience dans la cité girondine, il parvient à convaincre le Racing club Basse-Indre Couëron et le Sporting club nantais, après les avoir arbitrés lors d’une rencontre, de fusionner pour fonder un grand club omnisports. C’est ainsi que naît le SNUC, présidé par Claude Bernard, industriel et mécène couëronnais. Les couleurs “blanc-rouge-vert” sont adoptées. Le Phare, dans son édition du 1er juin 1907, salue cette naissance : « Le SCUN et le RCBC sont morts, vive le Stade ! »

L’international Percy Bush, considéré parmi les cinq meilleurs demis d’ouverture gallois du siècle, est recruté trois ans plus tard. Avec Pascal Laporte, il permet au SNUC de bien figurer parmi l’élite régionale puis nationale. En 1910, Pascal Laporte est également à l’initiative de la création d’une équipe de vétérans. Elle évolue toujours depuis cette date et demeure dans sa catégorie l’une des plus anciennes en France. Avant la Première Guerre mondiale, le SNUC, dans les sports collectifs, joue un rôle de creuset social, mêlant de jeunes Nantais d’origines aristocrate, bourgeoise et ouvrière. Le rugby l’illustre, même si le caractère huppé du club s’accentuera au fil du temps par le développement de la section tennis. Mais c’est bien le rugby qui permet au SNUC de briller.

En 1917, le club nantais parvient à inscrire son nom sur le mythique Bouclier de Brennus, le trophée attribué aux champions de France de rugby. À cause de la guerre, la compétition est réduite à douze équipes. Le SNUC atteint la finale, face au Stade toulousain. À Bordeaux, les Nantais l’emportent par 8 à 3, signant là un réel exploit. La restitution qu’en fait alors Le Phare est élogieuse : « C’est formidable ! (…) Bravo Nantes, vive les Nantais, vive le SNUC ! » Mais cette victoire a un goût amer… Quarante membres du SNUC seront emportés par la Grande Guerre. Aussi, les dirigeants veulent croire en l’avenir lorsqu’ils décident, la paix revenue, de construire un club à l’anglaise.

Une ferme à Malville

Après-guerre, le rugby reste l’un des sports les plus populaires. Les rencontres attirent en moyenne trois mille spectateurs au Parc des sports municipal du Champ-de- Mars. En 1920, le SNUC inaugure ses nouvelles installations dans une ferme acquise à Malville. Sur ce site peu urbanisé à la lisière du boulevard des Anglais, sont construits un terrain de rugby, un terrain annexe d’entraînement, une piste d’athlétisme, une tribune, quatre courts de tennis et… un fronton de pelote basque, le seul ainsi élevé au nord de la Loire ! Le club-house est aménagé dans un bâtiment annexe de l’ancienne ferme, puis le siège social installé au 3, rue Santeuil, en centre-ville. En octobre 1937, le SNUC inaugure le nouveau parc des sports municipal (le futur stade Marcel-Saupin) par une victoire sur le prestigieux Racing club de France, 7 à 5.

Construit à quelques encablures du Champ-de-Mars, à Malakoff, il devient l’antre du rugby à Nantes. En 1939, le club nantais est alors le 16e club de rugby dans la hiérarchie nationale. Comme d’autres, il paiera au prix fort les années de guerre, notamment au niveau de ses structures. Le siège et le stade sont dévastés lors des bombardements de septembre 1943. Pascal Laporte, redevenu président du club en 1942, s’éteint peu de temps après la fin du second conflit mondial, en 1947. Son nom sera donné au stade du boulevard des Anglais en 1950. Le SNUC doit également affronter la concurrence du FC Nantes, fondé en avril 1943, et en pleine ascension. Aussi doit-il abandonner le stade de Malakoff et se replier sur ses propres installations pour ses rencontres à domicile.

Formation

Le SNUC parvient à jouer deux saisons en 1re division de 1954 à 1956, et participe aussi au challenge national Yves du Manoir. Puis il va évoluer pendant plus de 30 ans en 2e division. La section tennis contribue au développement du club. En 1960 sont inaugurés les deux premiers courts couverts du club, en présence des « Mousquetaires » Borotra, Brugnon et Cochet. L’équipe féminine est championne de France de 3e division en 1969 et de 1ère division en 1980. L’équipe masculine remportera le titre national de 3e division en 1984 et fréquentera l’élite au début des années 1990. Aujourd’hui, le SNUC, devenu Stade Nantais en 2008, peut s’appuyer sur des installations sportives au coeur de la ville. Devenues municipales, elles se déploient dans un parc de sept hectares qui jouxte le quartier du Breil-Malville. Son centre de formation, fait rare pour un club amateur, est labellisé par la Fédération française de rugby. Il constitue le socle sur lequel le club veut s’appuyer et un principe de base inscrit dans l’histoire du club qui a fêté ses 120 ans cette année.

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