Est-ce que les artistes féminines sont aussi bien payées que leurs homologues masculins lors d'un événement culturel ? Comment s’assurer qu’un équipement public bénéficie autant aux femmes qu'aux hommes ? Pour répondre à ces questions importantes, le concept du budget sensible au genre a été expérimenté en 2023 à Nantes. Encore récent en France, il consiste à vérifier si les intentions politiques en matière d'égalité entre les femmes et les hommes se traduisent bien dans les budgets de la Ville.
"Concrètement, l'idée est de passer au crible nos choix budgétaires et de pouvoir réajuster, le cas échéant, ceux qui auraient un impact négatif sur l'égalité entre les femmes et les hommes", éclaire Mahaut Bertu, élue à la Ville de Nantes en charge de l'égalité. Ainsi, lors de cette première année d'expérimentation, la Ville a analysé trois objets précis, à titre d’exemple : le festival des Scènes Vagabondes, les budgets participatifs et le Conservatoire de Nantes. Pour cela, elle a appliqué une méthodologie d’analyse précise en 5 étapes.
Identifier les biais et les inégalités
Plusieurs éléments intéressants ont été relevés. Bien que les dépenses soient toujours en partie ou en totalité destinées à favoriser la parité, ils demeurent des biais et des déséquilibres parfois difficiles à contrer. Par exemple, sur le festival des Scènes Vagabondes, paritaire sur l’ensemble de sa programmation (47 femmes et 43 hommes invités en 2023), les cachets des artistes féminins étaient inférieurs à ceux des artistes masculins. Plusieurs biais permettent de l’expliquer, comme la notoriété des artistes ou l’habitude de négocier ou non son cachet (plus présente chez les hommes). De leur côté les comités de budgets participatifs qui permettent de financer des projets citoyens utiles à tous, sont majoritairement animés par les femmes : 63 % de femmes en moyenne voire 100 % dans certains quartiers.
Ce bilan va permettre d’imaginer des ajustements pour les années à venir. Pour continuer sur les exemples précédents : encourager plus d’hommes à s’investir dans les comités des budgets participatifs, augmenter la part des femmes artistes en masterclass au Conservatoire de Nantes ou encore tenter de mettre plus d’artistes féminins en tête d’affiche lors du festival des Scènes Vagabondes.
Grâce à cette analyse très fine des budgets, la Ville de Nantes a pu relever les inégalités qui subsistent dans ses dépenses publiques. Ainsi, elle pourra construire et affiner une feuille de route pour rendre les prochaines budgétisations plus équilibrées. "Dans le cadre de notre engagement à faire de Nantes la première ville non sexiste d'ici à 2030, nous agissons sur tous les leviers, dans les politiques publiques que nous mettons en œuvre, comme dans le fonctionnement même de notre collectivité", rappelle Mahaut Bertu.
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