Yazid Kherfi : « On doit remettre la médiation au centre »

Quel a été votre parcours ?

« Pendant 15 ans, mon métier, c’était voleur. Au total, j’ai fait 5 ans de prison. La première fois que j’y ai été, c’était à Nantes, dans l’ancienne maison d’arrêt place Aristide-Briand. En 1979, je suis parti en vacances à La Baule, en voiture volée… Je suis parti au soleil, je me suis retrouvé à l’ombre. J’ai eu ce parcours car j’ai fait de mauvaises rencontres, je n’étais pas bien dans ma peau. J’ai grandi dans un quartier sensible de Mantes-la-Jolie et à cette époque, les seules personnes qui m’ont tendu les bras, c’étaient les voyous. Aujourd’hui, j’ai eu la chance de comprendre pas mal de choses, j’ai fait des études supérieures, des belles rencontres. Désormais, mon boulot, c'est de recréer du lien. »

La prison a-t-elle été salvatrice ?

« On s’y fait des copains mais il n’y a que des voyous... Quand je suis sorti de prison, j’étais pire. C’est une solution mais elle ne doit pas être la peine de référence. Il faut trouver d’autres sanctions, notamment le travail. Laisser les gens entre quatre murs n’arrange pas les choses. »

La médiation est une vraie piste pour endiguer la délinquance...

« Le vivre-ensemble en a pris un coup aujourd’hui, on vit chacun l’un à côté de l’autre sans se parler. On doit remettre la médiation au centre, c’est la première chose à faire. Elle permet de faire discuter des jeunes avec des policiers, des élus, des habitants. Ce qui manque le plus aujourd’hui, c’est le lien. Plus il y aura de communication, moins il y aura de violence. Il y a une fracture de plus en plus importante entre le monde des jeunes, des adultes et les institutions. Les collectivités, comme la Ville de Nantes, essayent de faire des efforts. Il doit y avoir davantage d’acteurs sur le terrain. Car la situation des jeunes se dégrade. Ils vont de plus en plus mal, on le voit au niveau des consommations de drogues, d’alcool et au niveau des suicides qui représentent la deuxième cause de décès dans cette catégorie d’âge. La faute à l’augmentation de la précarité, du chômage... Tout cela favorise forcément la délinquance. »