Anne, duchesse de Bretagne et reine de France

25 janvier 1477. C’est au château de Nantes que naît Anne de Bretagne, fille aînée de François II, duc de Bretagne de 1458 à 1488, et de sa seconde épouse Marguerite de Foix. Elle passe son enfance entre Nantes, Vannes et Clisson. Enfance brève, en raison du contexte politique dans lequel se trouve la Bretagne.

Héritière du duché de Bretagne

Le duché de Bretagne affirme alors des velléités d’autonomie vis-à-vis du royaume de France. Le mariage d’Anne, reconnue héritière du duché en 1486, devient ainsi un enjeu essentiel. Elle est promise dès ses 4 ans au prince de Galles, mais celui-ci meurt assassiné. François II se tourne alors vers la Bourgogne et son maître, Maximilien, par ailleurs roi de Rome. Ce projet d’alliance entre la Bretagne et l’un de ses adversaires inquiète Charles VIII, le roi de France.

En 1487, il intervient à la tête d’une armée de 10 000 hommes. Malgré la résistance de Nantes, les troupes bretonnes sont défaites à la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier, le 28 juillet 1488. Conséquence : le duc François II est contraint de signer le Traité du Verger, où il s’engage à ne pas marier ses filles sans l’accord du roi de France. Il meurt deux ans plus tard.

1489 : Anne devient à 11 ans duchesse de Bretagne. En 1490, elle épouse (par procuration selon l’usage de l’époque, rappelons qu’elle a 13 ans seulement), Maximilien de Habsbourg, roi des Romains, fils de Frédéric III, Empereur du Saint-Empire. Mais Charles VIII s’interpose à nouveau et l’année suivante, il contraint Anne à l’épouser.

Deux fois reine de France

Le 8 février 1492, à l’âge de 15 ans, Anne est couronnée et sacrée reine de France dans la basilique royale de Saint-Denis. Elle est la première reine à bénéficier d’un tel traitement et d'un tel faste dans le rituel. Elle passe dès lors l’essentiel de son temps à Amboise et donne naissance à cinq enfants entre 1492 et 1496. Aucun ne survit. Charles VIII meurt accidentellement le 7 avril 1498. Anne a 21 ans. Veuve et sans enfant, elle revient à l’automne en Bretagne et réaffirme son autorité sur le duché. Elle peut alors négocier les conditions de son mariage avec Louis XII, le nouveau roi de France. En 1504, elle est sacrée pour la seconde fois à la basilique de Saint-Denis : Anne sera ainsi la seule à être couronnée reine de France à deux reprises.

De l’histoire au mythe

Anne s'efforce alors de maintenir l'autonomie du duché de Bretagne, qui ne sera véritablement intégré au royaume qu'après sa mort, en 1532, avec l’union du duché au royaume de France. Elle meurt à l’âge de 37 ans, le 9 janvier 1514, au château de Blois. La monarchie organise des funérailles particulièrement grandioses. Le cortège l’illustre : de Blois jusqu’à Notre-Dame-de-Paris, où quatre messes sont célébrées, puis la basilique Saint-Denis où elle est inhumée. Son cœur, placé dans un reliquaire d’or, est déposé dans le tombeau de son père à l’église des Carmes de Nantes.
Le mythe peut alors se forger. Au fil des ans, Anne devient la duchesse aux sabots, proche du peuple, symbole de l'identité régionale. Mais elle s'impose aussi, malgré elle, comme le symbole de l’union entre la Bretagne et la France. Un destin unique.

NOS SOURCES

• Anne de Bretagne. Histoire d’une vie, Dominique Le Page (Musée d’histoire de Nantes).
• Anne de Bretagne : une histoire. Un mythe. (Somogy - éditions d’art / Château des ducs de Bretagne et Musée d’histoire de Nantes).
• Anne de Bretagne, Dictionnaire de Nantes, Dominique Le Page, (Presses Universitaires de Rennes).
• Les funérailles d’Anne de Bretagne, reine de France, l’Hermine regrettée (Éditions Gourcuff-Gradenigo).