La date est marquée d’une pierre blanche, le souvenir encore douloureux. Le 18 décembre 2024, l’épouse de Paul Jan, diagnostiquée en 2019 de la maladie d’Alzheimer, fait une chute nocturne. La chute de trop. Après 60 ans de vie commune, M. Jan doit se résoudre « à placer Annick à l’EHPAD de la Seilleraye, car tout était devenu trop dur ».
Durant cette période, et les mois précédents, cet habitant de Carquefou a pu bénéficier de l’accompagnement psychosocial à domicile de la Maison des aidants. « Ça fait deux ans et demi que j’interviens auprès de M. Jan, témoigne Solène Jouveau, assistante sociale au sein de la structure, qui consacre deux demi-journées par semaine à ces déplacements. Ensemble, on a mis en place certaines choses pour soulager cette aide qui peut devenir un fardeau avec le temps. Les maladies neurodégénératives ont ceci de pernicieux pour les proches qu’elles s’installent progressivement et on ne se rend pas compte de la fatigue chronique qui l’accompagne. »
Soutien moral et conseils pratiques
Comme Paul, ils sont environ une centaine d’aidants de la métropole à bénéficier de ces visites à domicile depuis la création du dispositif. Une assistante sociale et trois psychologues se relaient ainsi pour apporter soutien moral, aide aux démarches administratives et accompagnement social (activités de répit, etc.) à ces personnes en situation de grande fragilité. « Ce dispositif permet d’aller au plus proche des aidants, parfois avant même la perte d’autonomie du proche malade, souligne Solen Ripoche, directrice de l’équipement. Lors du premier entretien téléphonique, on repère des difficultés de mobilité, soit de l’aidant lui-même, soit de la personne qu’il accompagne et on met en place ces visites. »
Épuisement et isolement
Grâce à ces visites, Paul Jan souffle et essaie désormais de se dégager du temps. « Je vais voir ma femme tous les jours à l’EHPAD mais depuis quelques mois, je fais des visites culturelles ou des sorties à l’extérieur comme récemment, à l’île de Ré, raconte-t-il, ému. Ça me permet de souffler et de rencontrer d’autres personnes qui vivent la même situation. Je suis même devenu ami avec certains. »
Une respiration dans la somme des difficultés rencontrées par les aidants – l’épuisement et l’isolement en tête de liste – qui permet de faire tenir ces solidarités informelles auxquelles notre société doit beaucoup. « En France, l’accompagnement du vieillissement et le maintien à domicile fonctionnent en grande partie grâce aux aidants, conclut Solen Ripoche. Il est donc indispensable de les soutenir, y compris en allant au-devant de leurs difficultés. »
En chiffres
9
agents à la Maison des aidants : 1 responsable, 3 psychologues, 1 assistante sociale, 3 animateurs à la halte-répit et 1 chargée d'accueil
795
aidants accompagnés en 2024.
50 %
des aidants sont les conjoints, 25 % les enfants, le reste se partage entre petits-enfants et amis.
58 %
des aidants ont plus de 65 ans.
2, rue de Courson, à Nantes.
Ouverture sur rendez-vous du lundi au vendredi de 9 h 30 à 12 h 30 et de 14 h à 17 h, (jeudi de 14 h à 17 h).
La structure est financée par Nantes Métropole, le CCAS de la Ville de Nantes et l'ARS Pays de la Loire.
Contact : 02 51 89 17 60
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