5 questions sur le chancre coloré qui contamine les platanes

Publié le 08 déc. 2025

Dernière mise à jour 09 déc. 2025

Des platanes de la rue Saint-Domingue, sur l’île de Nantes, sont atteints du chancre coloré. Afin de circonscrire ce champignon virulent et incurable, l’abattage des arbres est indispensable.

  • Une engin de chantier accroche un arbre pour l'abbatre.
    Le champignon coriace à l'origine du chancre coloré oblige des mesures drastiques. © Rodolphe Delaroque

La sentence est sans appel. Des analyses ont confirmé la présence du chancre coloré sur un platane de la rue Saint-Domingue. Si cette maladie est inoffensive pour l’Homme,  « elle est extrêmement contagieuse et mortelle pour les platanes »,  explique François Freytet, responsable du service arbres et canopée à la direction Nature & jardins de Nantes Métropole. Tous les platanes situés dans un rayon de 50 m autour du sujet malade doivent être abattus. « C’est obligatoire, conformément à un arrêté ministériel, rappelle-t-il. C’est une décision douloureuse, comparable à celle d’un agriculteur contraint d’abattre tout un troupeau pour une seule bête malade. »

Pour enrayer la propagation, la Métropole va donc procéder à l’abattage de 24 arbres à partir du lundi 8 décembre 2025. Historique, contagion, impact… François Freytet nous explique tout ce qu’il faut savoir sur ce champignon microscopique.

1. C’est quoi exactement le chancre coloré ?

Le chancre coloré est une maladie vasculaire incurable due au champignon Ceratocystis platani. Il s’attaque uniquement aux platanes et provoque leur dépérissement. Classé danger sanitaire de première catégorie, il fait l’objet d’une lutte obligatoire sur tout le territoire national. Il peut détruire un arbre sain en quelques mois et se propager facilement à cause du vent, de l’eau, des animaux ou encore des activités humaines.

Introduit à Marseille en 1945, probablement via des caisses de munitions américaines en bois, le Ceratocystis platani s’est ensuite progressivement diffusé du sud vers le nord. Bordeaux est également concernée, mais aucune ville proche de Nantes n'a encore signalé la maladie. Dans le sud de la France en revanche, il a déjà causé la perte de dizaines de milliers de platanes, notamment le long du canal du Midi, à Marseille ou à Lyon.

2. Quelle est l’ampleur du foyer infectieux à Nantes ?

Le premier cas nantais a été détecté en 2019, près des halles de Talensac. Depuis, la Ville applique les recommandations sanitaires de l’État : formation des agents, interdiction de replanter des platanes sur les sites touchés pendant dix ans et surveillance renforcée de l’ensemble du patrimoine arboré.

La DRAAF, un service de l’État, et les services de Nantes Métropole contrôlent régulièrement les platanes de l’espace public et des jardins privés : environ 4 800 arbres sont recensés dans la ville, dont plusieurs sujets patrimoniaux, notamment le long de l’Erdre.

3. Pourquoi faut-il abattre les arbres ?

La gestion du chancre coloré répond à un protocole strict. Après repérage d’un arbre symptomatique, un prélèvement est réalisé par la DRAAF, puis analysé par un laboratoire agréé. La présence avérée du champignon entraîne automatiquement une mise en demeure d’abattage des arbres situés dans un périmètre de 50 m, soit ici 24 sujets.

Car à ce jour, malgré les recherches, aucun remède n’existe. L’abattage et l’incinération sont les seules méthodes efficaces pour stopper la propagation. Même s’ils sont sains, les platanes voisins font partie de la zone infectée par le champignon. Il est interdit de replanter des platanes directement sur les sites d’arrachage, car les sols peuvent être contaminés.

4. Le chancre coloré est-il dangereux pour la santé ?

Non. Si le champignon peut être véhiculé par les outils de taille, il n’est ni transmissible, ni dangereux pour l’Homme, ni pour les animaux. De même, cette maladie est spécifique du platane ; elle ne contamine pas les autres essences de plantes ou les denrées alimentaires. Le seul risque direct concerne la potentielle chute d’un arbre affaibli par la maladie sur l’espace public. 

5. Quel est l’impact sur le fonctionnement du Solilab et la circulation ?

L’abattage nécessite la fermeture à la circulation de la rue Saint-Domingue à tous les usagers, exception faite des riverains. 

Les accès au Solilab restent ouverts au nord et à l’ouest et peuvent être légèrement décalés pour s’éloigner de l’arbre infecté. Ceux du Karting et du Floride se feront depuis le sud directement sur le quai Wilson et ne sont pas impactés par le périmètre d’abattage.

J’ai un platane dans mon jardin, que dois-je faire ?

Un arrêté préfectoral impose à tout propriétaire ou détenteur de platane situé à Nantes de :

  • se déclarer auprès du service régional de l’alimentation de la DRAAF-SRAL ;
  • faire contrôler ses platanes par du personnel qualifié chaque année ;
  • signaler au moins 15 jours à l’avance tout travaux réalisés à proximité et susceptibles d’affecter les racines ;
  • alerter immédiatement la DRAAF-SRAL en cas de suspicion de symptômes.