À la rencontre de stylistes du « Made in Nantes »

Publié le 09 déc. 2025

Dernière mise à jour 09 déc. 2025

Pourquoi ne pas offrir cette année des vêtements de créatrices et créateurs locaux qui ont choisit de pratiquer une mode plus responsable et durable ? Rencontre avec Yokow, l’Atelier RafMar, Les Petites choses de Julia et Terribles Nantais.

Camille Trivun et Yokow

  • © Céline Jacq

Camille Trivun préfère la slow-fashion à la fast-fashion. Écœurée par les conditions de fabrication des vêtements et le rythme effréné des collections, elle quitte le prêt-à-porter en 2017 pour lancer Yokow en 2019, sa marque de jeans. « Le denim habille plus d’une personne sur deux, donc je me suis demandée comment faire un produit différent avec une matière que tout le monde aime », raconte la styliste et modéliste. Elle lance deux modèles par an qu’elle met un an à valider. « Je les teste à vélo, je les prête à des proches pour qu’ils les portent, pour voir comment les jeans vivent, précise Camille Trivun. Je ne fais pas de la mode, je fais du bien-aller. Le jean doit mettre en avant le corps tout en respectant le confort. »

En privilégiant la qualité et non la quantité (une centaine de pièces à chaque nouveau modèle), Camille Trivun peut ainsi personnaliser chaque vente, rencontrer ses clients et clientes. « Les résultats sont là, j’ai des clientes au rendez-vous tous les 6 mois qui attendent le nouveau modèle mais comme je suis petite, j’ai du mal à trouver des confectionneurs et je suis toujours servie la dernière. » N’ayant pas trouver de confectionneur en France, elle travaille avec un atelier en Tunisie où le délavage (rinçage qui permet de fixer les mesures) est écologique, utilisant seulement 3 litres d’eau pour 1 kg de jean (contre 7 000 l pour un jean classique) et sélectionne des tissus en coton bio. Pour vivre mieux et se permettre de développer Yokow, Camille Trivun a conservé une activité de prestation de style car « j’aime créer, dessiner des collections pour d’autres, ça m’anime ».

Jeans, (jupe, short et veste) en vente sur internet, à Tribü et Chamarée à Nantes, Dunes à Pornichet et lors d’événements comme les Incontournables au LAB.

Rafiou Sanni et l'Atelier RafMar

  • © Ludovic Failler

Rafiou Sanni crée depuis l’école élémentaire où il vendait des bracelets à ses camarades. Avant de se lancer dans les vêtements il faisait plutôt de la peinture, du macramé et de la teinture –  notamment du batik. À son arrivée en France, il y a 5 ans, quelqu’un lui a proposé de réaliser quelques vêtements pour un défilé à Cosmopolis. « J’avais une vieille machine à coudre, j’ai récupéré de la matière à droite et à gauche et je me suis lancé, raconte Rafiou Sanni. C’est la mode qui est venue à moi, j’ai tout appris en autodidacte ensuite. »

Son concept est d’apporter de la couleur. Il mélange donc 20 à 80 % de tissu wax africain à des pièces classiques noires, blanches, grises ou en jean. « Le wax vient de mon pays d’origine, le Togo, je le sélectionne chez des vendeuses que je connais et le reste, je le récupère en ressourcerie, auprès d’associations ou de boutiques locales », précise le créateur. Dans sa boutique de Rezé ouverte il y a 3 ans, il propose de nombreuses pièces toutes uniques customisées avec du wax ou en batik. Adepte de l’upcycling il réutilise également ses chutes de tissus pour créer des accessoires (bijoux, abats-jour, déco…). Si Rafiou Sanni vit de sa boutique – « pas très bien mais j’en vis » –, il expose dans deux boutiques à Bouguenais et Nantes qui lui permettent de se faire connaître. Il propose aussi des ateliers de batik et monte actuellement une association pour organiser des défilés avec d’autres créateurs et créatrices et des écoles.

L’atelier RafMar sera présent à l’Autre Marché du 15 au 23 décembre. Atelier et boutique 29 rue Félix-Faure à Rezé.

Julia Ripotton et Les Petites choses de Julia

  • © Garance Wester

Parce que son premier enfant était en couches lavables et avait besoin de vêtements amples et confortables, Julia Ripotton s’est mise à la couture pour fabriquer des sarouels. A l’arrivée de son 2e, elle ne retourne pas au travail et créé sa marque Les Petites choses de Julia en 2018. « J’ai commencé avec des modèles que je faisais pour mes enfants, pantalon, sweat, cape, raconte la créatrice. Ce sont tous des vêtements évolutifs, c’est mon concept. Ainsi, les gens peuvent avoir une pièce qui durera plusieurs années, qui pourra faire toute la fratrie, voire les cousins/cousines ou les amis. »

Julia trouve ses tissus en Europe, minimum Oeko-Tex ou bio et elle dessine et coud dans son atelier à La Montagne pour les enfants jusqu’à 12 ans. Elle vend principalement sur son site internet et sur les marchés nocturnes l’été, en chalet l’hiver et sur quelques salons. « Depuis 2 ans, la période est plus difficile, les gens achètent moins, j’ai donc arrêté les boutiques pour me concentrer sur les réseaux sociaux, indique Julia Ripotton. Les places sont chères pour les créatrices locales de vêtements pour enfants, je me démarque avec le côté évolutif. »

Terribles Nantais

  • © Céline Jacq

L’idée de cette marque confidentielle est de proposer des t-shirts et quelques sweats floqués par des artistes locaux. « Terribles Nantais a un peu moins de 10 ans, je l’ai repris il y a 2-3 ans en plus de mes activités professionnelles parce que le projet et l’esprit sont sympas, raconte Batiste Levaillant. Je n’en vis pas, je le fais pour m’amuser, rencontrer des créateurs nantais et les mettre en valeur. » 

Les t-shirt en coton bio sont achetés en Vendée, floqués là-bas ou par Batiste Levaillant. Antoine Corbineau et Docteur Paper sont les deux derniers artistes à avoir collaboré. « On lance une collection par an d’une quarantaine de t-shirts, ajoute Batiste Levaillant. On a baissé le prix autour de 20 € le t-shirt pour qu’il soit plus accessible, mais ça reste un produit de qualité, écoresponsable dont la matière dure plus longtemps que de la fast-fashion. » Côté vente, tout se passe sur le site Terribles Nantais. Batiste Levaillant a plein d’idées mais le temps manque. Quelques stagiaires viennent parfois l’épauler pour donner un coup de boost à la marque.