Sur l’île de Nantes, on chante pour les bébés dans toutes les langues
Publié le 26 juin. 2025
Dernière mise à jour 26 juin. 2025
La compagnie Comptoirs du rêve a présenté jeudi 19 juin à Trempo "Louves, transmission de berceuses", le fruit d’une collecte de chants réalisée sur l’île de Nantes auprès de parents venus de tous pays.
Des tapis, des coussins, un éclairage tamisé… Les conditions sont réunies pour écouter des berceuses. On craint seulement de s’endormir ! Mathilde Gillois et Camila Sagues, de la compagnie Comptoirs du rêve, accueillent les arrivants en interprétant une douce chanson, accompagnée à l’accordéon et au ukulele, qui dit bonjour dans de multiples langues. Enfants et parents s’installent confortablement, prêts à voyager en musique. Et les chants s’enchaînent, douces mélopées murmurées ou chants rythmés, dans toutes les langues, accompagnées par le public qui tape dans ses mains ou ondule des épaules. C’est doux et joyeux. Il n’est pas l’heure de la sieste ou du coucher, alors les enfants dansent ou écoutent tranquillement.
Un prétexte pour se rencontrer, découvrir des lieux
Louves, transmission de berceuses, présentée jeudi 19 juin à Trempo est le fruit d’une collecte réalisée pendant six mois par Mathilde Gillois, cofondatrice de la compagnie. Cette ex-auxilliaire de puériculture avait depuis longtemps une idée en tête, qu’elle a concrétisée sur l’île de Nantes où elle vit : rencontrer des parents de toutes origines pour collecter leurs berceuses. « Les berceuses font partout dans le monde partie de rituels ancestraux d’endormissement des tout-petits. Elles impliquent le corps et la voix et constituent la première expérience poétique de l’être humain. Elles calment l’enfant aussi bien que les parents. Partager des chansons de tous pays ou régions, c’est aussi un très bon prétexte pour que les mamans se rencontrent et découvrent des endroits qu’elles ne connaissent pas, comme Trempo. »
Crèche, centre de PMI, accueil de jour...
Mathilde est donc allée à la rencontre des parents là où ils se trouvent : la crèche La toupie magique, le lieu d’accueil enfants-parents (LAEP) du centre socioculturel Beaulieu, le centre de protection maternelle et infantile (PMI) de l’île de Nantes, l’accueil de jour pour familles… Elle a animé cinq ateliers dans chacun de ces lieux. Autant de parenthèses de douceur dans une vie pas toujours facile.
Une vingtaine de femmes, en grande majorité (les papas sont bienvenus mais un seul a participé pour l’instant), originaires de plusieurs pays (Russie, Soudan, Somalie, Sénégal, Nigéria, Malaisie, Guinée, Cameroun, Chili, Brésil, Tunisie…) ont chanté, ont été enregistrées. « Nous avons chanté avec elles, et fait des transcriptions phonétiques pour les langues que nous ne parlons pas, puis des arrangements – approuvés par les participantes. Le rythme des berceuses est très différent selon les cultures. Parfois très rapide ou très lent. Toutes associent au chant le mouvement, le bercement. Les paroles sont universelles : dors mon enfant, maman est fatiguée, dors mon chéri, mon amour… »
Un temps pour libérer des émotions
L’objectif de la compagnie est d’amener à terme les participants sur scène pour interpréter ces chansons transmises de parent à enfant depuis des générations, et « qui ramènent aux racines, à une culture, à travers lesquelles les mères racontent leur vécu, leur mémoire. Les chants, par la singularité vocale de chaque femme, parlent d’elle intimement. C’est un temps pour libérer des émotions. »
Et les bienfaits sont nombreux pour les tout-petits. Côté bébés, les chansons ne sont pas seulement apaisantes : « Les berceuses renforcent le lien affectif entre parent et enfant, préparent à l’apprentissage de la langue maternelle, éveillent l’oreille aux langues étrangères, structurent la journée, développent l’oreille musicale, stimulent la mémoire, l’attention et la concentration… »
La collecte se poursuit
La séance s’est terminée comme elle avait commencé, mais, cette fois, la chanson disait en plusieurs langues : « Au revoir » et… à bientôt ! Puisque l’aventure continue : un film a déjà été réalisé, un enregistrement est prévu, et… la collecte se poursuit car l’opération, soutenue par la Ville de Nantes, le Département et la fondation Mécènes pour la musique, est reconduite dans les mêmes lieux, avant d’explorer peut-être d’autres quartiers.