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Un projet de méthaniseur à Saint-Herblain
Publié le 28 mars. 2023
Dernière mise à jour 28 mars. 2023
Porté par la société Engie BiOZ, ce projet fera l'objet d'une enquête publique en avril. Mais comment ce procédé permet-il de fabriquer du méthane à partir de déchets organiques ? Explications.
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La méthanisation est un processus naturel. « On fait souvent la comparaison avec ce qui se passe dans la panse d'une vache, image Vincent Dubois, chef de projets chez Engie BiOZ. Des bactéries dégradent la matière organique et la transforment d'une part en biogaz et d'autre part en digestat. On reprend ce processus sous forme industrielle.» Concrètement, les matières organiques sont incorporées, dans un digesteur, qui est maintenu en température et mélangé. S'engage alors la fermentation, en l'absence d'oxygène. Le processus dure environ 50 jours.
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Au terme de la méthanisation, deux produits :
- Le digestat. Ce sont les résidus des matières organiques digérées par les bactéries. Après séparation, il se présente sous deux formes, solide et liquide. Il contient des éléments comme l'azote, le phosphore, la potasse ou des oligo-éléments. « Le digestat est stocké sur les installations avant de partir à l'épandage sur des parcelles agricoles. Le solide est un amendement, le liquide un fertilisant.»
- Le biogaz. C'est le produit de la fermentation. En sortie de méthaniseur, il est composé à 55-60% de méthane (CH4), pour environ 39 à 44% de dixoyde de carbone (CO2), et environ 1% d'eau, d'azote et de sulfure d'hydrogène. Stocké dans des gazomètres, il passe ensuite par une phase d'épuration, où l'on enlève l'eau, le souffre, et on sépare le CH4 du CO2. Pour être réinjecté dans le réseau, le gaz obtenu doit atteindre 98% de méthane, une qualité équivalente à celle d’un gaz naturel d'origine fossile.
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En général, le CO2 produit est rejeté dans l'air. « Il n'est pas considéré comme une émission de gaz à effet de serre car nous sommes dans un cycle court du carbone, explique Vincent Dubois. Mais ce qui se développe dans la filière et ce qui est prévu à Saint-Herblain, c'est de le valoriser. Il est alors purifié et liquéfié pour produire un CO2 biogénique. » Il pourra servir à des usages agricoles (maraîchage sous serres) ou industriels comme la production de glace carbonique voire même servir à gazéifier les boissons gazeuses.
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Baptisé Biométhane des Bords de Loire, il sera situé sur une parcelle appartenant actuellement à Nantes Métropole, entre le quai Emile Cormerais et la route du Plessis Bouchet. L'installation est conçue pour traiter les biodéchets de Nantes Métropole et des territoires à proximité. Sa capacité de traitement sera de 90 tonnes par jour, soit environ 33 000 tonnes par an. De quoi produire 25 GWh par an, l'équivalent de 8% de la consommation annuelle en gaz de Saint-Herblain ou de celle de 2000 foyers.
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Une réunion publique s'est tenue le 28 février à Saint-Herblain. Les habitantes et habitants présents ont pu échanger avec le porteur de projet sur leurs craintes :
- Le trafic : L'installation recevra en moyenne 9 véhicules entrants par jours et 8 véhicules pour la sortir du digestat. Ces 17 camions quotidiens représenteraient 0,4% du trafic total et 6% du trafic poids lourd dans cette zone.
- Les odeurs : Les matières organiques seront transportées en citerne si elles sont liquides, en bennes bâchées et couvertes pour le solide. Les premières seront directement injectées, et les secondes seront déchargées à l'intérieur d'un bâtiment dont les odeurs seront traitées par biofiltre. « Avant la mise en service du site, nous allons faire un diagnostic "état initial odeur" qui sera répété une fois l'unité en exploitation », indique Vincent Dubois.
- Le bruit : « Ce qui va générer du bruit, ce sera le trafic et certains équipements le jour, la nuit uniquement l’épuration du biogaz. Le site est soumis à la réglementation en journée et la nuit. Le positionnement de l'équipement est configuré pour respecter les normes d'émissions sonores en limites de propriété. » Là encore, une étude acoustique avant exploitation a été conduite.
- Le risque d'explosion : « Avant même l'enquête publique, le projet a fait l'objet d'un instruction des services de l'État, souligne Vincent Dubois. Différents scenarii ont été étudiés, dont celui d'une explosion d'un gazomètre. Au vu de cette étude, une explosion n'aurait pas d'effets en dehors des limites de propriétés du méthaniseur. »
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Le 17 avril démarre l'enquête publique. Le dossier du projet sera ouvert au public avec la possibilité de venir y inscrire observations et questions. Un registre sera mis en ligne à cette adresse, et un commissaire enquêteur sera mobilisé sur des permanences en mairie de Saint-Herblain. Dans un second temps, Engie BiOZ, porteur du projet devra répondre aux questions et observations via un mémoire. Puis le commissaire enquêteur transmettra un rapport à la préfecture, qui aura ensuite le choix de délivrer ou non l'autorisation d'exploitation, dans le courant de l'été 2023. Après un délai de recours, la construction pourrait démarrer début 2024 pour une mise en service début 2025.
La méthanisation dans la Métropole
La Loire-Atlantique compte 10 installations de méthanisation, dont une seule à ce jour sur le territoire, la station d'épuration de la Petite Californie, à Rezé. Nantes Métropole, dans son schéma directeur énergie (SDE), vise une production de 91 GWh de biométhane à l'horizon 2050. L'unité de la Petite Californie a produit 10,7 GWh/an de biogaz, injectés sur le réseau national, soit 12% de l’objectif de méthanisation du SDE à 2050. Le projet Biométhane des bords de Loire serait la deuxième, avec une production équivalente à 27% de l'objectif de la collectivité. Il faudra encore deux autres projets comme celui de Biométhane des bords de Loire pour atteindre l'objectif 2050.