Balades de l’Étoile verte : Cens et Chézine, les vallées bocage
Publié le 18 juin. 2025
Dernière mise à jour 18 juin. 2025
Dans les vallées du Cens et de la Chézine, le bocage règne en maître. Un savant mélange de nature et de culture avec des prairies entourées de hauts talus, porteurs de haies, abris foisonnants de biodiversité. Zoom sur cinq balades de l'Étoile verte à découvrir près de Nantes.
Dans les vallées du Cens et de la Chézine, le bocage règne en maître. Le bocage, c'est un savant mélange de nature et de culture : des prairies entourées de hauts talus, porteurs de haies, abris foisonnants de biodiversité.
Le relief domine ces deux rivières, encaissées elles-aussi par des coteaux boisés qui les surplombent. Les chemins creux nous y guident, tapis dans ces couloirs de végétation, à l'ombre des feuillus.
Tout juste échappés de la ville, ces corridors verts démontrent leur rôle écologique, fragile et indispensable. La Chézine relie les parcs urbains aux plateaux bocagers, tandis que son frère en parallèle, le Cens, se révèle comme un vallon secret, à explorer.
Le Cens est une des 6 branches de l’Étoile verte, un réseau de sentiers pédestres en étoile autour de Nantes et sa métropole. Cette branche propose 5 parcours de 5 à 16 km le long du Cens près de Nantes, Sautron et Orvault. Sélectionnez la "branche Cens" sur la carte interactive pour trouver tous les itinéraires détaillés, leur durée, niveau de difficulté et les étapes commentées.
Découvrez toutes les balades commentées sur la carte interactive
La biodiversité de la branche du Cens
Le long de leurs berges et dans leurs lits, le Cens et la Chézine abritent une faune et une flore actives et colorées. Là, une Dorine à feuille opposée qui éclaire de ses fleurs jaunes discrètes le sous-bois. Ici, une Lathrée clandestine en fleur, violette, qui parasite les grands arbres. Une libellule bleu électrique passe. Elle chasse à grande vitesse au-dessus d’une jeune Truite fario, elle-même chassée par une Loutre d’Europe. Du coin de l'œil, on peut apercevoir la fuite d’un Lézard vert à deux raies dérangé par le martèlement d’un Pic mar sur un vieil arbre. Mais pour entendre et protéger tous ces bruits du monde, il vous faudra être discret, respectueux et attentif.
Les espèces à découvrir
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La Dorine à feuilles opposées est une plante étrange quand on la regarde de près. Elle se développe en tapis, parfois sur plusieurs mètres carrés d'à peine 20 cm de haut. Elle prospère le long des berges de la Chézine et du Cens. Ses petite fleurs jaunes apparaissent entre avril et juin, donnant l'impression que le soleil vient frapper les berges, même quand le printemps se fait pluvieux. Plante vivace et protégée, elle est plus fragile qu'elle ne veut le montrer. Pour préserver ce trésor de biodiversité, restez sur le sentier et laissez-la se développer sans la piétiner. Un geste simple pour garantir au printemps de garder ses couleurs.
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La Lathrée est une plante fascinante qui ne pratique pas la photosynthèse ! On pourrait dire qu'elle vit une vie de champignon. Dépourvue de feuilles et de chlorophylle, elle parasite les racines des arbres au bord des cours d’eau. Ses tiges souterraines sont intégralement blanches, couvertes d'écailles charnues. En avril, elle profite de la montée de sève de son hôte pour rejoindre la surface. Elle produit alors des fleurs violettes et crochues qui apparaissent comme des îlots de couleur à ras du sol. Chaque fleur produit 4 à 5 grosses graines qu'elle projette, une fois mûres, à bonne distance dans l'espoir qu'elles trouvent sous terre un nouvel hôte.
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Avec ses rayures noires et jaunes, cette libellule vous doublera sûrement si vous marchez le long du Cens ou de la Chézine. Sa présence témoigne d’une eau claire et bien oxygénée. Car si la bestiole que vous admirez est une véritable acrobate du ciel, capable de vol stationnaire, de demi-tours instantanés et même de vol sur le dos, elle n'en reste pas moins une espèce aquatique.
L'adulte n'est en effet visible que le temps de l’été, car son histoire commence bien plus tôt, sous la surface : la larve, carnivore et patiente, passe jusqu’à cinq ans enfouie dans le sable ou la vase, aux aguets. Elle peut rester immobile de longues heures, ne laissant dépasser que ses yeux pour guetter une proie de passage. Deux vies en une pour le Cordulégastre annelé.
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Guettez sa trace ! Quelques crottes spiralées posées fièrement sur la rive, une mystérieuse cavité entre les racines d’un arbre, un petit chemin sur la berge… vous venez de voir une "empreinte", une "catiche" et une "coulée" de Loutre. Oui ! Ça s'appelle comme ça.
La loutre d’Europe est revenue dans les rivières de la métropole, du Cens jusqu’à l’Erdre. Longtemps chassée pour sa fourrure ou pour l'empêcher de concurrencer la pêche, elle avait presque disparu. Aujourd’hui protégée, cette espèce à pattes palmées recolonise les cours d’eau. Pour l’aider à circuler librement, des passages ont été aménagés sous les ponts et les buses.
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Frapper son crâne contre un arbre, de toutes ses forces, 12 000 fois par jour, n’est pas donné à tout le monde. Il a fallu au Pic mar des millions d’années d’évolution pour en faire sa spécialité. Son crâne renforcé protège son cerveau, tandis que ses pattes zygodactyles — deux doigts en avant, deux en arrière — lui permettent de grimper aux troncs, comme l’homme araignée s’accroche à un building.
On le repère à sa superbe calotte rouge et à son rire sec, dans les haies et bois anciens du bassin du Cens. Il creuse sa loge dans le bois mort, précieux pour la forêt comme pour lui.
Sur neuf espèces de Pics en France, cinq sont présentes sur la Métropole.
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Tachetée de noir et de rouge, la truite fario remonte les eaux fraîches et bien oxygénées du Cens. Cousine du saumon, elle partage son goût pour les rivières vives et peut atteindre, dans de bonnes conditions, près d’un mètre de long. Sa présence témoigne des effets positifs des premiers travaux de restauration du Cens engagés par Nantes Métropole dans les années 2000. Mais le réchauffement climatique met en danger la truite fario et son écosystème : au-delà de 25 °C, l’eau devient invivable et les sécheresses estivales s’intensifient.
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Ce lézard, d’une robe verte éclatante mouchetée de noir, à la tête parfois bleue turquoise, est un véritable bijou camouflé dans la végétation. On le rencontre dans les friches ensoleillées, jusqu’au cœur de la ville, où il profite pleinement des rayons de l’astre du jour. Si vous espérez l'apercevoir, marchez à pas de loup.
Pour échapper à un prédateur (ou à un curieux un peu trop pressant), il peut même abandonner un bout de sa queue, qui continue de frétiller pour détourner l’attention. Protégé par la loi, il ne doit jamais être capturé.
Le patrimoine de la branche
Tout au long de cette branche de l'Etoile, le Cens dévoile les signes manifestes de la présence humaine des siècles durant.
Dès le Moyen-Âge, les propriétés seigneuriales fleurissent sur les coteaux du Cens et de la Chézine, les manoirs laissant place à des châteaux, dotés progressivement de leurs parcs. Ces bouts de nature aménagés sont le fruit de tocades d'amateurs botanistes, de collectionneurs d'exotisme, d'esthètes du végétal. Ils nous ont laissé de nombreux havres de calme que nous croisons à intervalles réguliers au cours de nos pérégrinations sur les flancs du Cens et de la Chézine, et qui rendent nos vies plus douces à leur fréquentation soutenue.