C’est une jolie bâtisse du début du 20e siècle, située passage Berthault, au cœur du Champ de Mars. Cet ancien logement de fonction, propriété de la Ville, a été fraîchement rénové pour accueillir cet automne quatre femmes en situation de grande précarité. Les résidentes s’y partageront deux appartements avec chambre privative, cuisine, salon et sanitaires communs. Au rez-de-chaussée, des espaces collectifs leur permettront de se retrouver. « C’est important pour nous de travailler sur cette notion de cohabitation et de lien social, en amenant un esprit familial que ces femmes ont pu perdre dans leurs parcours d’errance », précise Charlotte Le Maguer, conseillère technique à l’AISL. Les logements lumineux sont entièrement équipés (linge de maison, meubles, électroménager, vaisselle) « mais ils restent assez neutres pour qu’elles puissent investir les lieux et se sentir comme chez elles ». Des kits d’hygiène ont également été déposés dans chaque chambre par deux associations.
Des femmes vulnérables
Sur la ville de Nantes, 30 femmes sont identifiées comme étant « très désocialisées ». À l’échelle départementale, le Service intégré de l'accueil et de l'orientation (SIAO) a recensé, en 2018, 90 femmes sans domicile avec un long parcours de rue et souffrant d’addictions, de maladies ou de troubles psychologiques. Autre indicateur alarmant : l’espérance de vie des femmes SDF est de 49 ans, contre 56 ans pour les hommes. « On mesure leur situation de vulnérabilité, la peur, la tentation de se rendre encore plus invisibles pour ne pas devenir des proies comme elles nous le disent parfois », souligne Johanna Rolland, maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole, venue inaugurer les locaux.
Pour lutter contre cette précarité, la Ville a investi 170 000 euros dans ce dispositif expérimental qui associe étroitement l’AISL, l’association d’insertion par le logement. Ce « premier chez soi », lieu de transition protecteur, doit permettre à ces quatre femmes de se reconstruire durant un an. Dès leur arrivée dans le logement, les résidentes seront accompagnées par l’AISL grâce à des entretiens réguliers avec des travailleurs sociaux et la mise en place d’ateliers pour retrouver l’estime de soi. À l’issue de cette année, elles pourront s’orienter vers un logement autonome, intégrer un dispositif de sous-location ou une autre structure d’hébergement. « Notre objectif, c’est vraiment d’éviter le retour à la rue où elles sont en situation de grande vulnérabilité. »