Orchestre flottant pour entendre la musique de la Loire, poissons de Loire lumineux et bondissants, projections de ce qui se passe sous la surface, pont Anne-de-Bretagne aux allures festives… Cette année encore, la Loire a été la vedette des neuf projets présentés, mercredi 14 décembre à l’École nationale supérieure d’architecture de Nantes, par les étudiants de la filière dite « classique » et de ceux de la filière architecture navale. Encore à l’état de prototypes, ces idées plus ou moins fantaisistes, plus ou moins réalistes, tantôt oniriques, tantôt futuristes, embarquent par leur originalité.
Les mélodies de la Loire
« Nous avons voulu jouer avec le courant, le vent, la pluie, le marnage, le clapot en créant un Orchextraordinaire sur la Loire, relatent Gabriel, Florent, Khoi et Maxime. Orgue à vent, Bruit de la pluie, Harpe mécanique, Bruit du clapot, Courant à percussions sont les cinq instruments qui donneront à entendre l’inaudible : le son de la Loire. Des sons harmonieux qui pourraient être collectés et diffusés à l’occasion de séances d’écoute ». Passons sur les difficultés techniques et mécaniques de ce projet qui a le mérite de faire vibrer notre corde sensible et de convoquer notre imaginaire. La magie du son, ici plus puissante que l’image, immerge instantanément les auditeurs dans un univers à part. Un projet qui collerait sans conteste au thème de l’édition 2023 de Débord de Loire, consacrée à la danse. À bon entendeur…
Poissons de Loire en folie
Imaginez des saumons, des mulets, des silures, des lamproies, illuminés et sautillants sur la Loire par une nuit d’été. « Débords enchantés », c’est l’idée féerique proposée par Morgane, Marin, Louise, Raphaël et Thomas. De grandes structures flottantes et dansantes, colorées et lumineuses, seraient mises en mouvement par un savant mécanisme de perches flexibles, d’engrenages et de roues à aubes. Une mise en scène onirique de la présence de ces poissons de Loire, souvent méconnus du grand public. En journée, des animations autour de ces espèces aquatiques pourraient prolonger le spectacle, en lien avec des associations locales de pêcheurs ou de protection des grands migrateurs. On mord à l’hameçon, non ?
Dessus-dessous la Loire
Révéler le fleuve d’une autre manière, de nuit, « pour jouer sur le non-visible et comprendre ce qui se passe sous la surface de l’eau », tel est le projet porté par Louis, Sergio, Théo et Antonin. L’idée germe à partir des études bathymétriques (ndlr : les mesures des reliefs et des profondeurs du fleuve) réalisées par le Grand Port de Nantes Saint-Nazaire et vise à réinterpréter ces données sous forme de projections lumineuses à la surface de la Loire. Une manière poétique de « connecter ce qui est vu avec ce qui ne l’est pas, dans une expérience immersive et visuelle ». Courbes de niveau, reliefs, traits de côte… Une cartographie du sensible symbolique, réinterprétée et animée, avec la Loire comme toile de fond. Alors, vous plongez ?
Et tous les autres aussi…
Impossible de détailler l’ensemble des bonnes idées des étudiants, la liste est trop longue : une vague géante en bois sur la passerelle Victor-Schœlcher, une multitude de moulins à vent, de drapeaux et de petits bateaux colorés sur et sous le pont Anne-de-Bretagne, un village de containers sous le pont de Cheviré pour évoquer à la fois l’imaginaire du grand large et le quotidien des dockers, des courses de petits bateaux actionnés par des pédaliers et des winchs pour les enfants, une application de réalité augmentée faisant apparaître sur le réel des images du passé, du futur ou de mondes inventés, ou encore un jardin des vents réalisés à partir de structures légères et élancées sur la cale 2 de l’Ile de Nantes… La Loire inspire !
Petits projets deviendront grands ?
Le jour de la soutenance, outre le jury d’examinateurs, d’autres acteurs en lien avec la Loire se trouvaient dans la salle : la Samoa, aménageur public de l’île de Nantes, Voies navigables de France, la Conférence permanente Loire, la Mission Loire de Nantes Métropole… Chacun pouvait réagir aux présentations, selon son ressenti. « Même si elles sont perfectibles et pas toutes réalisables, ces idées apportent de la fraîcheur, de la hauteur. Ça fait du bien ! », s’est enthousiasmé Thomas Simon, responsable aménagement et espace public de la Samoa. Rien ne dit encore que ces idées se concrétiseront à l’occasion de l’événement Débord de Loire du 30 mai au 5 juin 2023. En effet, si l’ENSAN est en lien avec l’association culturelle de l’été, organisatrice de l’événement, qui pourrait travailler avec des étudiants sur la réalisation d’un ou plusieurs de ces projets, pour le moment, ni les élèves ni les professeurs ne connaissent le destin de ces créations…