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Budgets participatifs : « La méthode nantaise est intéressante »

Publié le 15 mai 2023

Yves Cabannes, urbaniste et professeur à l’University College London, a accompagné la mise en place des budgets participatifs, notamment au Brésil, là où ils sont nés. À l’occasion de sa venue à Nantes, il décrypte la méthode. 

En un an à Nantes, 84 projets ont été accompagnés grâce aux budgets participatifs. C'est le cas de Hue Cocotte, un poulailler participatif.
En un an à Nantes, 84 projets ont été accompagnés grâce aux budgets participatifs. C'est le cas de Hue Cocotte, un poulailler participatif.

Que sont les budgets participatifs ?

« Ils sont un moyen de repenser la démocratie locale. C’est une des rares méthodes de participation dans lesquelles les habitants voient des résultats à court terme, dans les lieux où ils vivent : le pont qui était cassé est réparé, l’asphalte sur la piste a été posé… Ils sont nés au Brésil, notamment après la dictature militaire (1964-1985), du fait de la pression des habitants. C’est à Porto Alegre, en 1989, que la méthode s’est codifiée avec des sommes importantes. À partir de là, il va y avoir un essaimage au Brésil avec une centaine de villes. Aujourd’hui, on est dans une phase d’universalisation. On compte, dans le monde, environ 6 000 villes qui font des budgets participatifs. En général, quand ils sont pratiqués, il n’y a plus de corruption. Ça s’observe au Brésil mais aussi en Chine, où l’argent qui était prévu a été effectivement dépensé pour le bien-être des habitants. Cela est rendu possible grâce à des élections, localement, qui désignent des habitants chargés de contrôler les fonds. »

En quoi la méthode nantaise est originale ?

« Elle est intéressante car elle avance au fil de l’eau, au rythme des porteurs de projet et reste toujours à l’affût des innovations. Surtout, elle rejoint les fondamentaux des budgets participatifs tels qu’ils ont été codifiés à Porto Alegre : elle canalise les ressources publiques vers ceux qui en sont les plus exclus socialement et géographiquement. L’organisation de Nantes – avec ses 11 quartiers – permet d’être en contact direct avec l’ensemble des territoires et des habitants. Les conditions pour faire des budgets participatifs sont réunies. »

Y a-t-il des limites aux budgets participatifs ?

« C’est une question centrale. Du fait de leur succès avec plus de 6 000 villes qui les pratiquent, on a tendance à faire des budgets participatifs une panacée. Ce n’est pas le cas ! À Porto Alegre et dans une poignée d’autres villes, les ressources débattues sont de l’ordre de 80 à 100 euros par habitant et par an. Ce que l’on constate désormais, c’est que les budgets à mettre en œuvre sont toujours de plus en plus bas. Beaucoup de villes n’accordent qu’1 à 2 euros par an et par habitant et n’en font donc que de la communication, sans que cela puisse être un vrai outil politique... » 
 

Les budgets participatifs à la nantaise

Lancés officiellement le 13 mai 2022, ils ont permis d’accompagner 84 projets en un an : potagers, jardins, rues piétonnisées ou encore cafés solidaires.