En bordure du square de l’Amiral-Halgan, face à l’Hôtel de Ville de Nantes, les archéologues s’activent depuis quelques jours. « Sous les pavés, nous avons mis au jour les murs de bâtiments du 18e siècle, explique Nicolas Lacoste, archéologue de la Direction du patrimoine et de l’archéologie de Nantes Métropole. Les traces de l’ancien couvent des Clarisses, qui date du 14e siècle, sont peut-être en dessous, à moins qu’il n’ait été détruit. »
« Le projet prévoit dans un premier temps de convertir 1 500 m2 de bitume en espaces perméables, explique Julien Domingue, architecte-urbaniste de l’agence Map Paysagistes qui met en œuvre ce projet dans le cadre du plan pleine terre de Nantes. 1000 m2 vont être plantés, 500 m2 seront transformés en allées sablées ou pavés engazonnés et la rue de la Commune va devenir piétonne. Seules les places pour personnes à mobilité réduite (PMR) et d’autopartage resteront sur le site. » L’entreprise Charier a déjà retiré le bitume : il va rejoindre le dépôt métropolitain de la Janvraie où il sera concassé pour être réutilisé en fond de forme de futures voiries. « Les pavés et les bordures de granit sont conservés pour être réutilisés ailleurs dans l’espace public, explique Michaël Granté, responsable de la direction Nature et jardins pour le secteur du centre-ville. Nous récupérons aussi le mobilier : les bancs ou les appuis-vélo sont remis en peinture pour entamer une seconde vie. »
Une fois le bitume retiré, place aux fouilles : c’est la première fois qu’elles sont menées sur ce site. « Nous fouillons à 1,20 m sous le niveau du sol, à la cote des fosses des arbres qui seront plantées, indique l'archéologue. Comme nous sommes dans le cœur historique, nous risquons de dénicher des informations intéressantes. » À la fin des années 1970, des fouilles ont eu lieu à proximité, lors de l’agrandissement de la mairie : « Nous avons trouvé des statuettes de terre blanche datant de la Nantes romaine. Non loin, en 1985, le site de l’ancienne école des beaux-arts a aussi révélé des traces du début de l'occupation antique de la ville. » Les archéologues cartographient, prennent chaque élément en photo et conservent d’éventuels objets. « Nous réalisons ensuite une synthèse qui documente notre fouille pour que la Drac (ministère de la Culture) puisse lever l’hypothèque archéologique et autoriser la réalisation de l’aménagement en jardin. »
Le travail de végétalisation proprement dit devrait commencer en mai. « Une fois retirés les matériaux inertes qui empêchent le sol de respirer, nous apporterons un mélange de terre et de compost pour planter les plus grands arbres, poursuit Julien Domingue. Il y aura des magnolias pour compléter ceux présents sur la rue de la Commune. Nous plantons aussi un lilas, un savonnier, des frênes et des tilleuls. » Au total, 20 nouveaux arbres vont prendre place dans cette première phase du projet. « Nous avons réfléchi pour étaler la floraison et faire que ce lieu ait un intérêt à chaque saison », explique Michaël Granté. Les magnolias apporteront une belle floraison de printemps, le tilleul sera là pour l’été et les frênes arboreront de belles couleurs d’automne. Des plantes grimpantes (jasmin et akebia) vont aussi venir égayer les façades de l’Hôtel de Ville.
« Nous sèmerons ensuite une prairie fleurie pour nourrir le sol, en attendant d’installer les arbustes et les vivaces cet automne », indique Julien Domingue. Dès le mois de juillet, le public pourra jouir de ces premiers espaces aménagés : l’ombre des magnolias profitera aux habitants et non plus aux voitures, et on pourra attendre le bus à l’abri du nouvel espace boisé débordant du square Halgan.
En 2027, les travaux reprendront pour finaliser le projet : déplacement des arrêts de bus pour faciliter les traversées piétonnes, reprise des rues du Moulin et de l’Hôtel-de-Ville, reconfiguration de la rue Fanny-Peccot et végétalisation de la cour Rosmadec où stationnent aujourd’hui les véhicules municipaux. 40 arbres supplémentaires seront alors plantés et 1000 nouveaux m2 restitués à la nature.
En juin, découvrez le résultat des fouilles
Les archéologues du service métropolitain témoigneront des premiers résultats des fouilles menées place de l’Hôtel-de-Ville à l’occasion des Journées européennes de l’archéologie qui se tiendront à la cure du Vieux-Doulon les 13, 14 et 15 juin. Réservez la date !
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