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Comment aider un enfant victime d’inceste ?
Publié le 05 nov. 2025
Dernière mise à jour 06 nov. 2025
Cathy Millard, directrice de l’association Eva (ex SOS Inceste), donne des clés pour repérer et écouter le mal-être d’un enfant victime de violences sexuelles.
1. Comprendre l’inceste
« L’inceste est une agression et une violence sexuelle perpétrée par une personne adulte ou adolescente sur un enfant de la même famille ou un proche. L’âge moyen des personnes victimes d’inceste est de 7 ans, les petites filles sont majoritairement concernées. On estime qu’il y a 160 000 cas en France chaque année, ce qui représente près de deux enfants par classe de CM1. Ces agressions sexuelles laissent des traumatismes graves sur l’enfant puis sur l’adulte qu’il devient. Il peut arriver que certaines victimes reproduisent ce type de violence dès l’adolescence. En France, depuis la CIVIISE (Commission Indépendante sur l'Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants), la société a pu prendre conscience de l'ampleur des victimes d'inceste dans tous les milieux mais les recommandations ne sont toujours pas appliquées ni mises en place sur le territoire que ce soit au niveau de la justice, l'accessibilité aux soins adaptés au psychotraumatisme, la prévention… Il est d'autre part inquiétant de constater l'augmentation des violences sexuelles entre mineurs, la prostitution des mineurs, l'absence de soutien envers les mères protectrices et le manque de moyens donnés aux associations ou institutions pour accompagner les enfants ou adolescents. »
2. Observer les signaux
« Contrairement à ce qu’on peut imaginer, l’enfant en bas âge (3 ou 4 ans) victime d’inceste peut parler assez spontanément si on lui pose la question. Mais à partir de 7 ou 8 ans, l’enfant, manipulé par l’agresseur, pense qu’il doit garder un “secret” sous peine de détruire la famille. Même s’il garde le silence, son comportement va parler à sa place : on observe alors une situation de surinvestissement ou de décrochage scolaire. L’enfant peut aussi se montrer très en colère, avoir un comportement sexualisé ou changer fortement d’humeur d’une minute à l’autre.
Chez l’adolescent, on observe des infections urinaires à répétition ou des constipations, mais surtout de la dépression, de l’anorexie, des scarifications, voire des tentatives de suicide. Il peut y avoir des comportements d’addictions et de mise en danger : consommation de drogues, d’alcool, de tabac, ainsi qu’une hypersexualisation qui peut aller jusqu’à la prostitution. Tous ces excès sont une façon de communiquer un mal-être : le corps parle à la place de la victime. Ces signaux ne sont pas une cause, mais un symptôme : l’adolescent invite l’adulte à faire attention à sa souffrance. »
3. Agir et orienter
« En tant qu’adulte, c’est à nous d’être attentifs à ces signes de détresse et d’engager le dialogue avec l’enfant ou l’adolescent. Il faut de la patience et de l’écoute pour créer un climat de confiance. Une fois qu’il est instauré, n’hésitez pas à poser la question : “Est-ce que tu as vécu des violences physiques, psychiques ou sexuelles ?” Dans l’idéal, il faut briser le silence le plus tôt possible, avant que la personne victime ne se confronte à un processus d’amnésie ou de refoulement. Si l’enfant ou l’adolescent est prêt à parler (ce qui peut prendre plusieurs mois), ne restez pas seul, vous pouvez l’orienter vers une association d’aide et de soutien, comme la nôtre, ou vers un centre médico-psychologique (Jules Verne, CHU de Nantes). L’association Les Pâtes au Beurre peut aussi proposer un espace de dialogue, tandis que la Maison des adolescents accueille les enfants à partir de 11 ans. D'autres structures existent sur le territoire. La parole se libère : apprenons à écouter les enfants, à les croire et surtout à les protéger. »
Sos Inceste devient Eva
Active à Nantes depuis 1994, SOS Inceste est devenue Eva en 2025, en hommage à Eva Thomas, première femme à témoigner à visage découvert de l’inceste commis par son père. L’association est aujourd’hui portée par des professionnels salariés qui assurent gratuitement une permanence téléphonique et des entretiens individuels de psychothérapie. Eva propose aussi des groupes de parole pour les personnes victimes et les parents d’enfants victimes. L’association a accueilli 660 personnes en 2024, et près de 330 d’entre elles sont actuellement accompagnées (à partir de 14 ans) vers un parcours de résilience qui prend de longues années.
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