Habitat participatif : à Nantes, le rêve devenu réalité des habitants du hameau Marvingt

Publié le 25 juin. 2025

Dernière mise à jour 25 juin. 2025

Après plusieurs années de réflexion et de travaux, près de 80 personnes se sont installées dans le hameau Marvingt, nouvel habitat participatif intergénérationnel dans le quartier Bottière-Chénaie, inauguré mardi 24 juin.

  • De nouveaux immeubles dans un hameau dans un quartier nantais.
    34 foyers ont conçu ensemble un groupe de petits immeubles de un à deux étages entourant un vaste espace de pelouse, sur un terrain de 5 200 m². © Garance Wester

Dix ans ! C’est le temps durant lequel un groupe de femmes seniors a patienté (activement) avant de voir se concrétiser leur projet de vieillir en voisines dans un habitat participatif : « Beaucoup parmi nous ont de petites retraites, des enfants dispersés, des parcours divers… Et c’est une richesse, raconte Françoise. L’Orpan a accueilli nos réunions pendant deux ans, puis, enfin, les bailleurs sociaux ont été mis dans la boucle, ainsi qu’Iceo. C’est ainsi que nous avons rencontré un autre groupe, de personnes jeunes, avec un projet similaire. Ils étaient très informatisés, on en était encore au papier-crayon. Mais on s’y est mises ! » Depuis fin 2024, les emménagements se sont succédé. Tout le monde est maintenant arrivé, le rêve est devenu réalité.

  • Une terrasse dans le hameau Marvingt, nouvel habitat intergénérationnel à Nantes.
    Les appartements sont agréables, bien isolés, pourvus de terrasses, pour que chacun soit bien chez soi., avec des salles communes, des laveries à chaque étage, et un atelier pour être bien ensemble. © Garance Wester

« Un exploit collectif »

Et le hameau Marvingt a été inauguré, mardi 24 juin. Sorti de terre, il est né dans les têtes de ses futurs habitants, soit 34 foyers, au fil d’une cinquantaine d’ateliers au long des cinq années entre le lancement et la livraison du projet. Appuyés par Icéo et Nantes Métropole habitat, elles et ils ont conçu ensemble un groupe de petits immeubles de un à deux étages, 33 logements au total entourant un vaste espace de pelouse, sur un terrain de 5 200 m². « Un projet d’habitat participatif avec plus de 50 personnes, intégrant des matériaux biosourcés, dans des prix abordables maintenus depuis 2019, en période de Covid… La concrétisation de cette opération est un exploit collectif ! », se réjouit Éric Gérard, directeur général d’Icéo, promoteur de l’économie sociale et solidaire. 

« 

Ce projet, écologiquement exemplaire, a été bâti sur des valeurs fortes de solidarité, d’entraide et de respect des différences. Il montre qu’on peut faire autrement et mieux. C’est aussi une réponse concrète à l’isolement.

 »

Valérie Coussinet, conseillère municipale déléguée aux nouveaux modes d’habiter 

Conçu pour accueillir tout le monde

Les appartements sont agréables, bien isolés, pourvus de terrasses, pour que chacun soit bien chez soi. Et, pour être bien ensemble, les voisins partagent des salles communes, des laveries à chaque étage, un atelier… L’utilisation de ces espaces partagés s’ajuste peu à peu. Soirées jeux, cinéma, accueil d’une Amap ? On se réunit, on échange, on décide. Ici, pas d’exclusion. La mixité sociale et intergénérationnelle se retrouve à tous les étages. Les escaliers sont à l’extérieur, mais des ascenseurs amènent dans les étages les plus âgés ou les personnes à mobilité réduite. Le hameau est clôturé, on peut laisser les jeunes enfants gambader à leur guise.

« Quand on a besoin d’un coup de main, il y a toujours quelqu’un »

Édith, 85 ans, est la doyenne de la bande : « C’est formidable d’être entourée de gens de tous âges, animés par la même philosophie, les mêmes valeurs de respect et d’entraide. Quand on a besoin d’un coup de main, il y a toujours quelqu’un. J’avais vécu auparavant pendant plus de vingt ans dans un immeuble HLM classique, je ne connaissais que ma voisine du dessus ! Je veux finir mes jours ici. » Ici où tout le monde se connaît, évidemment, puisqu’ils ont déjà derrière eux plusieurs années d’aventure collective, et tout est conçu pour se croiser et se rencontrer.

  • Photo des habitants du Hameau Marvingt à Nantes.
    Les voisins du hameau Marvingt forment déjà une grande famille. Ici où tout le monde se connaît : ils ont déjà derrière eux plusieurs années d’aventure collective et tout est conçu pour se rencontrer. © Garance Wester

Seule, et très entourée

« Je ne suis entrée dans le projet qu’il y a trois ans, raconte Adeline. Le plus dur était fait… Je suis très reconnaissante envers ceux qui y ont travaillé, j’ai le sentiment d’être privilégiée. Je suis arrivée en mars avec mon association de photographes, L’œil parlant. Quatre voisines et voisins ont adhéré. C’est génial. Mon rez-de-chaussée donne sur ce qui ressemble à une place de village. J’ai fait le choix de vivre seule, mais, ici, je suis entourée tout en ayant la possibilité de préserver mon intimité. Les enfants sont très respectueux. » Ces derniers, depuis le tout nouveau bébé jusqu’aux ados, ont clairement trouvé un petit paradis où, comme les adultes, les copains sont les voisins – et vice-versa.

Pour l’inauguration, l’association d’Adeline a monté un petit studio photo et n’a donné qu’une consigne : poser, non en famille, mais entre voisins, puis décorer ensemble la photo imprimée. La guirlande ainsi réalisée immortalise déjà les premiers beaux souvenirs du vivre ensemble au hameau Marvingt.

« 

Cette réalisation constitue une vraie fierté politique. Nous allons continuer à développer les habitats participatifs.

 »

Simon Citeau, adjoint de quartier Doulon-Bottière