Hedj métamorphose les textiles professionnels usagés

Un changement d’identité de l’entreprise, une modification des tenues ou simplement leur renouvellement... et ce sont des tonnes de textile qui partent à la benne. Depuis le 1^er janvier 2025, la loi Agec (antigaspillage et économie circulaire) impose aux sociétés produisant des déchets textiles de les trier et de s’assurer de leur valorisation via des filières de réemploi, de recyclage ou de valorisation énergétique.

Camille Brun-Jeckel a eu l’idée d’aider les entreprises à répondre à cette contrainte en transformant leurs déchets en produits utiles : équipement des salariés ou cadeaux d’entreprise. Hedj établit le diagnostic des déchets, met en place la collecte et le tri, conçoit les solutions adaptées et assure le suivi logistique jusqu’au contrôle qualité. Ainsi, les jeans La Poste deviennent de petites sacoches redistribuées aux facteurs pour y ranger leurs effets personnels : « Nous avons organisé un atelier de deux heures avec 20 facteurs pour définir leur besoin et concevoir ensemble leurs futurs sacs. La participation des collaborateurs garantit l’adoption des produits. »

Pour la Semitan, Hedj a imaginé des housses de sièges – bien utiles par fortes chaleurs – réalisées à partir des vieux polos des conducteurs. Et leurs vestes usées sont devenues des étuis à lunettes ! Le Handball club de Nantes (HBC) revend à ses fans des sacs de sport confectionnés avec les anciens tee-shirts des joueurs. Ailleurs, des bâches de salon sont devenues des lunch-boxes, des bonnets se sont transformés en tours de cou… « Les objets conçus avec les clients sont ensuite réalisés par des ateliers d’insertion, des entreprises de l’économie sociale et solidaire, ou par des Esat [Établissement et service d'accompagnement par le travail NDLR]. Nous soutenons ainsi l’économie locale et l’emploi de personnes en situation de vulnérabilité. »

Hedj assure aussi une mission de conseil en recyclage pour tous les équipements : vêtements, mais aussi chaussures, casques, lunettes… « J’ai commencé en 2018 en auto-entreprise, puis j’ai fondé Second sew avec une associée, pour fabriquer des vêtements pour enfants à partir de linge de maison recyclé. Nous avons pris un virage stratégique en 2024 pour devenir Hedj, que je dirige seule depuis avril 2025. » Société à mission, Hedj est aussi agréée Esus (entreprise solidaire d’utilité sociale). Son objectif est maintenant de déployer la filière nationalement pour atteindre 3 à 4 tonnes de textiles revalorisés par an. Nantes Métropole soutient la démarche, en venant en appui sur l’acquisition d’équipements industriels adaptés à de plus gros volumes, et d’outils numériques pour assurer la traçabilité et le suivi de la fabrication.