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L’Atelier Dulcie-September, nouveau lieu d’échanges au cœur de Nantes
Dernière mise à jour 10 juin. 2025
En partie inoccupée depuis 2017, l’ancienne École des beaux-arts de Nantes a rouvert ses portes au public samedi 7 juin. Jusqu’en 2027, le site accueillera des projets variés - solidarité, citoyenneté, culture, artisanat - dans le cadre d’une occupation transitoire.
Nichée entre Decré et l’hôtel de ville, place Dulcie-September, cette adresse peu connue a été le repère de jeunes créatifs pendant plus d’un siècle. De 1904 à 2017, l’École des beaux-arts de Nantes a formé ici plusieurs générations d’étudiants. Depuis son départ, le site - un hôtel particulier du 15e siècle remanié, restauré et étendu au fil des ans - s’est doucement assoupi, partiellement occupé par un pôle associatif, la galerie Zéro-déchet et la direction du patrimoine et de l’archéologie de Nantes Métropole. Il renaît aujourd’hui pour devenir un lieu d’implication citoyenne dans le cadre d’une occupation transitoire jusqu’en novembre 2027.
Solidarité, culture, artisanat : des projets variés
« 2000 m2 dans le centre-ville, c’est une opportunité extrêmement rare pour de nouveaux usages collectifs et communs à destination à la fois des riverains et des visiteurs, souligne Gildas Salaün, adjoint du quartier centre-ville. Ce projet permet également de remettre du lien avec le plateau piétonnier du centre-ville, entre Decré et l’hôtel de ville. Il s’inscrit dans la redynamisation du cœur de ville. » La collectivité, propriétaire des lieux, a confié les clés pour trois ans à cinq structures spécialisées dans la gestion d’espaces communs et la réhabilitation de lieux en friche - Yes We Camp, Bien Urbaines, Interstices, Ancoats, Encore Heureux -, chargées d’ouvrir le site au public et de le « réactiver ». Les membres du collectif ont déjà participé à plusieurs projets de ce type : l’Hôtel Pasteur à Rennes, Saisons zéro dans un ancien monastère à Roubaix, ou encore les Grands Voisins qui ont fait revivre, de 2015 à 2020, un ancien hôpital parisien avant sa reconversion en écoquartier.
« L’idée est d’ouvrir le lieu à tous les usages : solidarité, citoyenneté, social mais aussi culture et artisanat, détaille Alice Houssais de l’association Interstices qui assure la gestion du site. Toute personne, particulier ou association, peut postuler, via un formulaire accessible sur le site internet d’Interstices ou lors de permanences et demander à occuper un espace de 1 heure à 12 mois. » Une seule condition pour les porteurs de projet, respecter les 7 valeurs clefs du lieu : réciprocité, coopération, convivialité, citoyenneté, créativité, transition écologique et solidarité.
Visite de l'Atelier Dulcie-September en images
1000 m2 réhabilités
Pour accueillir ces nouveaux occupants, 1000 m2 ont été rénovés dans le bâtiment adossé au parking Decré. Une réhabilitation « frugale » d’un coût de 350 000 € soit 350 €/m². « Les travaux ont duré deux mois, on a fait le nécessaire règlementaire pour ouvrir : la mise en accessibilité, les normes incendie, hygiène… Et un nettoyage. On n’a pas fait de peintures, le but étant une mise à disposition avec un loyer très faible voire gratuit et, en échange, les occupants prennent soin du lieu et s’en emparent pour créer son identité », explique Sonia Vu de l’agence d’architecture Encore heureux.
Au rez-de-chaussée, on trouve de vastes ateliers, une buvette créée pour l’occasion mais aussi un espace d’accueil, ouvert une fois par semaine, avec une salle de réunion attenante. Au premier étage, des bureaux partagés sont proposés pour 3, 6 ou 12 mois. Entre 150 et 225 € par mois « selon le temps que chacun peut donner au lieu en contrepartie ». Musique, féminisme, projet croisant les arts et l’écologie… Une centaine de propositions ont déjà été reçues depuis le mois d’avril et les premiers porteurs de projet arriveront dès cet été. 1000 autres m2 restent à rénover dans les étages supérieurs.
Et après ? « Cette méthode inédite, qui s’inscrit dans la poursuite des engagements du grand débat Fabrique de nos villes, consiste à occuper le lieu de manière transitoire sans prévoir à l’avance la programmation urbaine finale, souligne Gildas Salaün. On teste, on étudie et ça pourra nous servir d’inspiration pour la grande rénovation à partir de 2027. »
Comment s’impliquer ?
Le site ouvre ses portes à tout le monde, pour une heure, un mois ou un an : on pourra y flâner, donner un coup de main ou participer à un événement (1 heure) ; contribuer à sa programmation en proposant une animation, un atelier, une rencontre (4 heures) ; occuper un espace pour tester une initiative (1 à 3 mois) ; s’installer plus longuement (3 à 12 mois) pour développer un projet ou partager ses créations.