Pour Nassima, Nabila et Luis, économiser l'eau coule de source
Publié le 02 juill. 2025
Dernière mise à jour 09 juill. 2025
L’été 2025 démarre sur une vague de chaleur et de premiers risques de sécheresse. Ces trois habitants de la métropole nantaise ont réfléchi à la façon dont ils consommaient l'eau, ont adapté leur logement et changé certains de leurs comportements.
Préserver la ressource est essentiel l’été où les nappes phréatiques peuvent baisser jusqu’à des seuils d’alerte. Ce « stress hydrique » des territoires est plus fréquent du fait du changement climatique. C’est que l’eau est fortement sollicitée par les activités humaines : en France, les secteurs agricole et industriel en consomment près des trois-quarts, les ménages le quart restant.
Dans la métropole nantaise, la consommation moyenne d’eau potable d’un ménage de 4 personnes est d'environ 120 m³/an (la moyenne nationale s’établit à 148 m3/an). Cela reste abstrait pour vous ? Avec un mètre-cube d’eau facturé 3,90 € TTC, la facture moyenne de ce foyer est de 468 €, soit 39 € par mois. Les trois habitants de la métropole que nous avons rencontrés ont réussi à faire baisser ce montant. Voici comment...
Pourquoi on s’est lancés
Nabila : « Au départ, je me posais plutôt des questions sur mes factures d'électricité ! Grâce aux visites à domicile de Nantes Métropole (lire ci-dessous "Les coups de pouce"), une conseillère est venue m’expliquer comment lire mes consommations d'énergie et d'eau. C’est là que j’ai pu mettre des choses en place. »
Nassima : « Il y a l’argent, oui, et surtout je déteste le gaspillage. J’en ai pris conscience en allant dans la famille de mon père, en Algérie. L'eau est coupée toute la journée en été : on doit remplir des citernes dès 4 h du matin, puis on utilise l’eau au compte-gouttes pour se laver, manger, laver le linge... Ils galèrent avec l'eau, alors que chez nous, on la gaspille ! »
Luis : « Mes parents s’intéressaient déjà à ces questions et cela a ressurgi plus tard chez moi. C’est un reportage qui a été le déclic. J’ai commencé par réfléchir au zéro déchet, puis j’ai tiré la pelote en m’intéressant à l’énergie, puis l’eau… J’essaie aujourd’hui de limiter au maximum mon impact sur l’environnement, c'est-à-dire tout ce qui entre et tout ce qui sort de ma maison. »
Nassima : « D’abord ce sont des petits trucs tout simples, mais qui marchent ! Des gestes comme fermer le robinet quand tu te laves les dents, plutôt que de laisser couler l’eau. Même chose pour la vaisselle. Et j’ai mis un mousseur dans le robinet de la cuisine pour réduire le débit. Pour la douche, j’en prends à la salle de sport (rires) mais pour chez moi, j'ai acheté un pommeau qui règle le débit plus ou moins fort, je peux même stopper l’eau quand je fais mon shampooing. En attendant que l’eau soit chaude, je la fais couler dans une bassine qui me sert ensuite pour les toilettes – c’est énorme de consommer 9 litres d'eau potable pour juste un pipi ! Pour le linge, je ne fais plus que des lavages rapides, j’ai arrêté les programmes 2 ou 3 heures. »
Nabila : « Moi, j’ai réduit le nombre de lessives, et pourtant j'ai une grande famille ! J’attends d’avoir assez de linge sale, je fais une machine pour la couleur, une pour le blanc, et basta, j'ai les habits pour toute la semaine. J’ai été éduquée par une maman qui utilisait des bassines un peu pour tout et maintenant, moi aussi je m’en sers pour récupérer un maximum d’eau. Quand je rince des légumes, par exemple, l’eau va me servir ensuite pour le jardin. J’apprends à mes enfants comme j'ai appris moi-même : pas besoin d’ouvrir à fond quand tu vas te laver ou pour se laver les mains ! »
Luis : « Tu sais, il existe des robinets qui sont bloqués sur un débit faible, il faut insister pour qu’ils s’ouvrent en grand ! »
Nabila : « Ils ne prennent pas de bain non plus, ou c’est rare. Et puis quand des petits enfants sont ensemble dans une baignoire, c'est le bazar, ils en mettent partout (rires) ! »
Luis : « Je vois les grosses économies à faire, les mesures à prendre, un peu comme un challenge… Pour les toilettes, j'ai installé des petits bacs de récupération sur le toit, et l’eau descend par gravité pour remplir la chasse. S’il ne pleut pas assez, comme en été, l’eau du réseau prend le relais. Je récupère quasiment toute l'eau qui tombe sur la surface de ma maison grâce à des récupérateurs. Il y en a un d’un mètre cube pour le jardin et le potager, un plus petit pour les plantes d’intérieur. J’ai aménagé un jardin avec une petite surface, il y a une faible évaporation. Pour garder l’humidité, je paille et j’utilise des oyas. Ce sont des jarres en céramique qui vont diffuser l’eau lentement dans la terre, et c'est le moyen le plus économique pour maintenir les plantes hydratées. »
«Une conseillère est venue m’expliquer comment lire mes consommations. C’est là que j’ai pu mettre des choses en place.
»
Nabila
Ce qu’on en retient
Nabila : « Avant cette visite avec Nantes Métropole, je ne savais même pas où était mon compteur ! Depuis, je sais comment vérifier ma consommation : je suis à 130 m3 pour l’année pour un foyer de 5 personnes, donc en-dessous de la moyenne nationale. Dans mes factures, je suis arrivée à quelque chose de bien, je suis rassurée mais ça ne m’empêche pas de vérifier. »
Luis : « Il faudrait que les factures soient mensuelles, plutôt qu’annuelles ! Ce qu’on ne voit pas, ce qu’on ne mesure pas, on ne le maîtrise pas. L’eau est le parent pauvre du suivi. »
Nassima : « Ce qu’on fait à la maison, c’est utile pour moi et mon fils, mais ce serait surtout utile pour la planète si on était des millions de personnes à faire ces gestes ! »
Luis : « Je crois que la première chose, c'est l’éducation de nos enfants. La deuxième, c'est l'incitation des pouvoirs publics, comme instaurer le tarif progressif : au-delà d’une consommation que l’on considère comme normale, l’eau coûte plus cher. Enfin, il faut que les futurs logements intègrent ces questions. Ça commence à venir, par exemple avec les toilettes à récupération de pluie qui se multiplient. Il y a aussi des métiers à créer en lien avec ce sujet. Ça existe sur l’énergie, mais pas sur l’eau. »
Les coups de pouce
Plusieurs dispositifs sont mis en place pour aider les foyers de la métropole à économiser l’eau et réduire leurs factures. Parmi eux :
- Nantes Métropole propose aux foyers à revenus modestes des bilans gratuits à domicile pour aider à mieux gérer les consommations d'eau et d’énergie. Un professionnel se rend chez vous pour analyser vos consommations, vérifier vos droits aux aides financières et fournir des conseils pour réduire vos dépenses. Gratuite et confidentielle, cette visite eau-énergie dure environ 1h30. Elle permet aussi bénéficier de petit matériel gratuit d’économie d’eau et d’énergie (douchette économe, réducteur de débit d’eau…).
- Certaines communes de la métropole, dont Nantes, proposent une subvention pour l’achat de récupérateurs d'eau de pluie. Se renseigner sur le site internet de votre commune.