Une série France TV dans les coulisses du Jardin des plantes de Nantes

Originaire de Nantes, Thomas Rault aime les jardins botaniques. « Ce sont des refuges qui me font du bien depuis que je suis adolescent, une forme d’oasis où redescend la pression artérielle de la ville » , explique cet ancien ingénieur en aéronautique reconverti dans le cinéma. Lycéen, Thomas Rault côtoyait quotidiennement le Jardin des plantes de Nantes. « Les jours de beau temps, je cassais la croûte sur les bancs. J’y ai aussi vécu mes premiers flirts. À l’âge adulte, quand je suis devenu papa, j’allais m’y promener avec mes enfants. » La crise sanitaire a accéléré sa prise de conscience de « l’intérêt public des jardins botaniques ». « Depuis le confinement, j’y vais encore plus régulièrement quand j’ai besoin de me ressourcer. »

L’idée d’y poser sa caméra a germé naturellement. « Nous vivons une période où la relation entre les hommes et les plantes, les arbres, le végétal, est abîmée. Il me semblait intéressant de filmer un lieu où des humains prennent soin de cette relation et où d’autres humains viennent recréer ce lien que le béton et notre époque fragilisent, souligne le réalisateur. Je crois que ce jardin et ses équipes, avec leurs gestes, leur savoir, leur sensibilité peuvent être inspirants pour remettre le végétal au cœur de nos préoccupations. »

Pendant 52 longues semaines, le réalisateur a partagé le quotidien des jardiniers et jardinières, botanistes, chercheurs, élagueurs, agents d’accueil, etc., qui bichonnent ce jardin riche de 10 000 espèces, 800 m² de serres et plus de 50 000 fleurs plantées chaque saison. Une « troupe d’élite de 25 anges gardiens » aux petits soins pour ce jardin vieux de 200 ans, site le plus fréquenté de Nantes. Au fil des saisons et des 8 épisodes, la série "Jardin public" nous dévoile les coulisses d’un monde insoupçonné quand on s’y promène. Des tempêtes hivernales aux floraisons printanières, elle retrace avec un regard tendre, poétique, parfois drôle, le cycle complet des tâches quotidiennes effectuées par ces passionnés. Et on voit le jardin évoluer.

Tandis que les jardiniers prennent soin de leurs collections botaniques, la direction tente de composer avec des contraintes variées : la création d’une nouvelle œuvre végétale, la lutte contre une fougère invasive ou la recherche de plantes vivaces, moins gourmandes en eau et plus propices à la biodiversité. Dans les serres tropicales ou au milieu des allées, entre un inventaire d’abeilles sauvages et le rempotage de plantes cailloux, les botanistes, les élagueurs et les animateurs transmettent chaque année à plus de 2 millions et demi de visiteurs leurs connaissances du vivant.

« Dans ce jardin en quête d’adaptation face aux défis contemporains, le beau est partout, pour peu qu’on y soit attentif, mais il est fragile, plus que jamais », résume Thomas Rault qui a choisi de faire du jardin le personnage principal de la série. « Comme le rappelle Claire, la directrice que l’on découvre dans la série, les études scientifiques le prouvent : l’homme a besoin de végétal pour son bien-être, souligne le réalisateur. Et au-delà de la santé, c’est un lieu de recherche et de transmission du savoir. Dans une période où certains services publics sont malmenés, plonger dans les coulisses d’un jardin botanique permet aussi de défendre la nécessité de cette institution. Sa gratuité nous semble évidente, ce n’est pas le cas dans tous les pays. Cette gratuité, les jardiniers qui y travaillent y sont très attachés. » Le réalisateur nous offre une immersion inédite au sein de cet héritage botanique, à la rencontre de celles et ceux qui œuvrent chaque jour à la transmission, la préservation et l'expérimentation du vivant.