Le Nantes de… Sophie Brouard

Publié le 25 août. 2025

Mon Nantes à moi

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Directrice de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et vétérinaire de formation, Sophie Brouard a quitté Paris pour Nantes en 1990. Elle vit aujourd’hui à Sucé-sur-Erdre. Rencontre.

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    Sophie Brouard co-dirige un centre de recherche en transplantation et en immunologie au CHU de Nantes. © Christiane Blanchard

« Je suis née en 1970, à Montreuil-sous-Bois. A priori, on m’a pondu là (rires) mais je n’y suis plus jamais retournée. J’ai grandi à Paris. Vétérinaire de formation, j’ai fait la prépa dans la capitale. Quand j’ai eu le concours pour intégrer une école, j’ai eu l’opportunité d’aller à Metz mais je n’en avais aucune envie… Une partie de mes amis de promo étaient bretons, j’ai donc choisi l’école de Nantes, en 1990. J’ai fêté mes 20 ans ici. Amoureuse des animaux, j’ai toujours eu dans un coin de ma tête l’idée de faire de la recherche. Quand j’ai eu ma thèse, j’ai franchi le pas ! »

De Harvard à Nantes

« C’est à Nantes que j’ai rencontré l’équipe du professeur Jean-Paul Soulillou (immunologue et directeur de l’Institut de la transplantation et de recherche en transplantation du CHU). À l’époque, ils avaient besoin d’un vétérinaire pour les animaleries. Cela me plaisait bien car ça me permettait de faire un vrai pas dans le monde de la recherche que je connaissais un peu car mes deux parents étaient chercheurs. J’ai passé ma thèse en 1998 puis je suis partie en post-doctorat, pendant deux ans, à l’université d’Harvard (États-Unis). J’y ai étudié les interactions entre les cellules. J’ai ensuite présenté le concours INSERM-CNRS. Au 1er janvier 2000, j’ai intégré le CNRS en tant que chargée de recherche et rejoint définitivement l’équipe de Jean-Paul Soulillou. Aujourd’hui, je co-dirige, avec un médecin, une équipe d’une cinquantaine de chercheurs au CHU, au CR2TI (Centre de recherche en transplantation et en immunologie, ndlr). On travaille sur les transplantations et les maladies auto-immunes. »

Traquer le rejet de greffe

« Quand on est greffé, il faut prendre un traitement contraignant mais absolument nécessaire pour éviter le rejet. Pourtant, quelques rares patients l’arrêtent et ne rejettent pas. Nous essayons de comprendre pourquoi. Mais nous avons aussi découvert que ces personnes ont dans le sang des lymphocytes « B régulateurs », capables de bloquer la réponse immunitaire. C’est super en greffe. En revanche, en cas de cancer, ces mêmes cellules empêchent l’attaque de la tumeur. Il faut donc être très prudent. Mais grâce à ces travaux, j’espère qu’un jour, on pourra éviter ou retarder le rejet de greffon. »

Vétérinaire à domicile

« J’ai vécu 20 ans à Paris, ça a été super dur d’arriver à Nantes, de quitter la capitale. Je pensais débarquer dans une petite ville un peu perdue (rires). Quand on s’est installés avec mon mari, nous avons rapidement fait le choix de vivre à l’extérieur de la ville pour avoir du terrain, des animaux. Notre choix s’est porté sur Sucé-sur-Erdre, dans une vieille longère. On a des moutons, des tortues, des poules, des chats… Je suis la vétérinaire à domicile ! »

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    Sophie Brouard se ressource au jardin des Plantes quand elle le peut. © Christiane Blanchard

Ton lieu préféré ?

« J’aime passer du temps au jardin des Plantes. C’est exotique, il y a énormément de plantes différentes. La passion des plantes, c’est quelque chose que je partage avec ma mère et ma grand-mère. Et ce jardin me rappelle des souvenirs : ma grand-mère est venue une fois à Nantes, la première chose que nous ayons faite c’était de le visiter. Tous les jours, je viens en train depuis Sucé-sur-Erdre. Quand j’ai 5 minutes, notamment quand j’attends ma fille qui est au lycée Clemenceau, je lui donne rendez-vous ici. »

Une bonne adresse à recommander ?

« J’adore le café du Musée d’arts, dont la carte est concoctée par le chef étoilé Éric Guérin. Étant une fan de ce musée, je ne manque pas une occasion d’aller y manger quand je vais admirer une exposition ! »

Un souvenir marquant ?

« Ma thèse d’université passée à l’école vétérinaire. C’est la dernière fois où j’ai vu mon grand-père, ma grand-mère, mes parents réunis pour un grand événement. Le soir, nous sommes allés manger dans un petit restaurant qui n’existe plus, le Pain-Perdu, dans le centre-ville. »

Une Nantais ou une Nantaise que tu admires ? 

« François Delarozière et Pierre Oréfice, les créateurs des Machines de l’île. Encore un endroit où j’adore aller. Dès qu’un ami ou un membre de la famille vient à Nantes, nous y allons. L’univers de Jules Verne me parle et j’adore le bricolage, l’hiver je fais des maquettes sur mon temps libre. J’ai toujours besoin de faire quelque chose (rires). Forcément, ce génie de mécanisme me parle. »

L’événement que tu attends ?

« La Fête de la musique ! Avec mon groupe, on s’y produit chaque année : je joue de la flûte traversière et de l’accordéon diatonique. Et franchement, l’événement nantais est une vraie réussite. »

Nantes en 2050 ?

« J’espère qu’il y aura encore plus de végétal. Et j’ai un rêve : que l’accès à l’Erdre soit rouvert au niveau du cours des 50-Otages. Ce bras n’aurait jamais dû être fermé… En 2050, j’espère qu’il y aura davantage de conscience écologique dans la population. Mais dans l’ensemble, depuis mon arrivée au début des années 1990, cela s’est tout de même grandement amélioré. »

L'info en plus

Sophie Brouard détient une quinzaine de brevets. Elle a été récompensée par la médaille du CNRS, le prix de l’Académie de médecine en 2012 et a été décorée de la Légion d’honneur en janvier 2025.