⚠️ En raison des conditions météorologiques, restrictions de circulation sur le pont de Cheviré. Circulation interdite à compter de 10h ce jeudi 21 novembre aux : poids lourds, véhicules matières dangereuses, véhicules attelés et motos.
Ce vaste parking, entièrement bitumé, va être rendu à la nature pour offrir à terme près 1 000 arbres en plein cœur de Nantes et de la métropole. Le projet, repensé pour répondre aux enjeux climatiques, a été dévoilé le 2 juin par Johanna Rolland, maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole.
Partager
Plus vert, plus accessible aux piétons et aux vélos, plus sécurisé… Le cœur de Nantes tout entier se transforme au gré des projets de réaménagement des espaces publics hérités des comblements de Loire. Après la nouvelle promenade Feydeau-Commerce, inaugurée le 13 mai 2023, et à quelques mètres du futur pont Anne-de-Bretagne, une autre métamorphose d’ampleur se dessine : celle de la Petite-Hollande.
Le projet, imaginé avec les habitantes et les habitants dès 2017, a profondément évolué pour répondre aux enjeux climatiques. « Nous vivons le début des conséquences du réchauffement. Les canicules estivales vont être de plus en plus précoces et longues. L’époque change, les projets urbains doivent aussi changer », a expliqué Johanna Rolland, maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole, vendredi 2 juin, en dévoilant une nouvelle version « plus ambitieuse » de la transformation de ce grand parking à ciel ouvert. Après l'été 2022, l'élue a demandé « à aller encore plus loin sur la place de la nature pour créer un nouveau parc en plein cœur de la métropole et offrir davantage d’îlots de fraîcheur en centre-ville, tout en conservant le marché et la capacité d'accueillir de grands rassemblements populaires. »
Nantes mérite mieux qu’un grand parking à ciel ouvert au cœur de la métropole. Avec ce projet, nous engageons une véritable bifurcation écologique.
Johanna Rolland, maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole
4 hectares de pleine terre
La grande pelouse et la place minérale imaginées dans le précédent projet ont été abandonnées pour créer un véritable « parc archipel qui ira jusqu’à la Loire pour renouer avec l’eau, l’estuaire et l’appel du large, détaille son concepteur, le paysagiste Henri Bava (Agence Ter). Autrefois, la ville toute entière était liée à son fleuve. Les bras de Loire formaient des îles. L’idée est de retrouver cette géographie devenue invisible, en redessinant un archipel d’îles végétales inspirées de la nature ligérienne. » Les 7 hectares de bitume actuels laisseront ainsi place à 4 ha de pleine terre (4 fois plus qu’actuellement), avec une canopée beaucoup plus étoffée.
Deux fois plus d’arbres que prévu
« Nous allons planter plus de 600 nouveaux arbres, soit deux fois plus que prévu, et restaurer des sols poreux qui retiendront l’eau et permettront à la vie de se développer », détaille Henri Bava. Tous les arbres et arbustes existants (350) seront conservés. « La végétation des berges, s’infiltrera jusqu’en ville », indique le paysagiste. L’enjeu est double : « Créer un écosystème bioclimatique qui servira de refuge pour la biodiversité et apporter de l’ombre et de la fraîcheur ». Sur ce site considéré aujourd’hui comme l’un des principaux îlots de chaleur de la ville, la température ambiante baissera de 8° en moyenne grâce aux plantations, à la végétalisation des sols et à l’installation de revêtements clairs. « Avec ce projet, nous agissons très concrètement pour rendre la ville plus vivable et respirable demain », assure Delphine Bonamy, adjointe au maire chargée de la nature en ville.
Avant les comblements, les bras de Loire formaient des îles. L’idée est de retrouver cette géographie devenue invisible en redessinant un archipel d’îles végétales.
Henri Bava, paysagiste, grand prix de l’urbanisme 2018
Espaces de jeux, de détente et de sport
Inspiré des paysages de Loire, avec ses îles et ses bancs de sable, ce « parc archipel » offrira un visage maritime au nord, sur la ligne des anciens quais. « Au sud, les rives de l’île Gloriette seront plus naturelles, plus fraîches aussi », détaille le paysagiste. On y trouvera, nichés dans la végétation, des espaces de jeux de société et de sports, des lieux d’observation de la biodiversité… À la proue de l’île Feydeau, la vocation familiale et ludique du square Daviais sera renforcée avec l’installation de jeux d’aventure dans la pente. Pour animer les lieux, deux petits kiosques, équipés de toilettes publiques, prendront place le long des « quais maritimes ». L’un abritera une bibliothèque de poche et une guinguette, qui permettra d’assurer une présence sécurisante aussi la nuit. Le second servira à des associations et au placier du marché de la Petite-Hollande.
Marché sous les arbres
Ce grand rendez-vous hebdomadaire - « qui participe de la qualité de vie à la nantaise », rappelle Johanna Rolland - conserve toute sa place dans le futur parc. Déplacés plus au nord, les étals s’installeront sous les arbres, le long des quais et du tramway, et sur une nouvelle place (grande comme celle du Commerce) aménagée au centre devant le square Daviais. « Cette configuration plus ombragée permettra d’étirer le marché jusqu’au centre-ville et de mieux le connecter aux commerces du quai de la Fosse », précise Hervé Fournier, conseiller municipal chargé de l’alimentation, des marchés et des circuits courts. La place pourra aussi accueillir des événements festifs.
Parcours ombragés pour les piétons et les vélos
Résolument nature, le projet (estimé à 70 M€) fait la part belle aux piétons, avec la création de multiples parcours confortables et ombragés. La promenade nantaise, déjà réalisée entre la gare et Commerce, sera prolongée au nord jusqu’au pont Anne-de-Bretagne. Des traversées nord-sud permettront de rejoindre facilement le centre-ville depuis l’île de Nantes, via la passerelle Victor-Schoelcher. Pour les cyclistes, une voie vélo magistrale sera créée le long de la piscine Gloriette, à l’ombre des arbres existants. Et les voitures ? Comme aujourd’hui, elles emprunteront le boulevard des Nations-Unies, dont la largeur sera réduite. « Par souci de sobriété et pour limiter d’artificialisation des sols, nous réutiliserons au maximum la structure de la voirie actuelle », détaille Henri Bava. Autre avantage par rapport au premier tracé qui passait le long du tramway : la route sera éloignée des façades et générera moins de nuisances sonores pour les riverains. Les véhicules continueront d’emprunter la contre-allée du quai de la Fosse, uniquement pour accéder aux parkings Médiathèque et Commerce, et à l’entrée de l’aire piétonne Jean-Jacques Rousseau.
Ponton en bords de Loire
Ce plan de circulation préserve un espace piéton généreux en bord de Loire, qui débouchera sur un ponton permettant de contempler le fleuve au plus près de l’eau. Cet espace, accessible à toutes et tous par des passerelles, s’articulera de manière harmonieuse avec le lieu de recueillement du Mémorial de l’abolition de l’esclavage, tout en respectant la végétation des berges de Loire, protégée « Natura 2000 ». L’eau tient une place importante dans cette transformation qui permettra à la fois de mettre en valeur le patrimoine architectural nantais et de révéler des perspectives vers la Loire. « L’objectif est qu’on sente le fleuve », précise le paysagiste. Les eaux de pluie, gérées en surface pour éviter les réseaux enterrés, chemineront à ciel ouvert pour créer un paysage tantôt sec, tantôt humide selon la météo, et réduire le risque d’inondation. « L’enjeu est aussi d’économiser une ressource qui se raréfie », souligne Henri Bava. Pour l’arrosage, la Métropole étudie la possibilité de réemployer les rejets de la piscine Gloriette et les eaux servant à nettoyer le marché.
Premières transformations entre 2024 et 2026
Le réaménagement du site s’opérera en plusieurs phases. « Nous commencerons à supprimer le bitume et à végétaliser la rive nord entre 2024 et 2026 afin de préfigurer les futures îles vertes, indique Thomas Quéro, adjoint au maire chargé des projets urbains et de l’urbanisme durable. Ces premiers aménagements permettront aux habitants et aux usagers de commencer à investir les lieux pour y pratiquer de nouveaux usages (espaces de jeu et de convivialité, sports et activités en plein air, etc.) avant leur transformation définitive ». Les travaux d’espaces publics à proprement parler débuteront à partir de 2026, après une phase d’enquête publique. Afin de minimiser les perturbations pour les usagers et de permettre aux végétaux de se développer harmonieusement, le réaménagement se fera ensuite de manière progressive, tout en maintenant le marché. Lors des travaux, ce dernier sera provisoirement installé sur la partie sud du parking de la Petite-Hollande.
Où pourra-t-on stationner demain ?
À terme, et comme déjà annoncé, le projet prévoit la suppression des 1 200 places de stationnement qui occupent aujourd’hui la Petite-Hollande, à l’exception des places réservées aux livraisons, aux personnes à mobilité réduite, à l’autopartage et aux taxis. Leur disparition se fera progressivement, en conservant 50 % des stationnements jusqu’en 2026, précise Nicolas Martin, vice-président de Nantes Métropole en charge des mobilités douces. « Ce projet s’inscrit dans une démarche globale pour favoriser les mobilités douces, en lien avec le nouveau pont Anne-de-Bretagne et le développement des transports en commun ». Les solutions alternatives à la voiture individuelle ne cessent de se développer en parallèle : transports publics gratuits le week-end, futures lignes 6 et 7 de tramway, nouveaux axes vélos, covoiturage, autopartage… Pour stationner, il existe aussi les P+R. Ces parkings relais ceinturant Nantes offrent près de 7 800 places, gratuites quand on emprunte les transports publics. Les visiteurs qui ont besoin de se rendre en centre-ville en voiture pourront également toujours utiliser les autres parkings du centre-ville. Occupés à 73 % en moyenne, ces derniers comptent environ 2 000 places disponibles.