C’est grâce à la cartographie que nous pouvons remonter le cours du temps et découvrir les contours de ce qui plus tard, donnera corps au quartier de la Croix Bonneau. Au XIXe siècle, le paysage de Chantenay-sur-Loire, alors commune indépendante, s’urbanise et sur les cartes d’état-major réalisées entre 1820 et 1866, on retrouve les Bourderies, la Grande Lande et le futur quartier de la Croix Bonneau, qui longe la rue de la Convention. Son nom lui vient d'une croix de chemin qui marquerait une source de « bonne eau ».
En 1905, sur un plan communal de Chantenay-sur-Loire, trois ans avant son annexion par Nantes, le quartier de la Croix Bonneau est bien visible, où se rejoignent le chemin des Pavillons et la rue de la Convention. La forme géographique et le réseau des voies s’affinent. Le visage rural du XIXe siècle laisse place à l’urbanisation naissante de ce secteur marqué aussi par l’industrialisation, avec notamment l’usine des boîtes métalliques Carnaud, l’un des fleurons local de l’industrie de la conserve. Et un secteur économique où Nantes s’affirme comme pionnière en France (voir Nantes Passion octobre 2024).
De Chantenay à Nantes
1908. Chantenay est annexée, et la commune devient un quartier de l’ouest de Nantes. Y vivent en grande partie des ouvriers, travaillant dans les conserveries, les chantiers navals ou encore dans la Carrière Barré, au niveau de la rue du Bois-Hercé. Le granit y est exploité à ciel ouvert. « De nombreux murets et maisons anciens sont toujours apparents pour avoir été construits à partir de la roche extraite », relate le catalogue de l'exposition de 2021 La Croix Bonneau s’expose et se réinvente. La carrière est exploitée jusqu’en 1962. Elle est ensuite comblée pour accueillir en 1970 le boulevard Léon-Jouhaux puis en 1971 la Résidence HLM des Sables d’Olonnes. Elle est considérée comme l'héritière de la cité-jardin des HBM (Habitations à Bon Marché, ancêtres des HLM) du Bois de Hercé, toute proche et datant de 1927.
Reconnaissable à ses bâtiments articulés en forme de vague, la résidence des Sables d’Olonne est composée de 342 logements traversants, tout comme les portes d’entrée qui desservent d’un côté la rue des Sables d’Olonne et de l’autre, les jardins et espaces verts aménagés.
Pénétrante et tramway
Au cœur du quartier, la place de la Croix Bonneau est restée jusqu'aux années 1960 une limite urbaine séparant d'un côté maraîchage et horticulture et de l'autre les débuts de l'urbanisation nantaise. Les prés et pâturages cèdent alors leur place dans le paysage. Avec le développement de Bellevue et l’aménagement de la « pénétrante Ouest » - le boulevard Léon-Jouhaux - menant vers la Gare maritime, le quartier Croix Bonneau a pris sa forme contemporaine. Le retour du tramway en 1985, remodèlera un peu plus le quartier. En 2000, la place de la Croix Bonneau est réaménagée avec l’extension de la ligne 1 du tramway de Bellevue à « François-Mitterrand », nouveau terminus herblinois.
« Il est aujourd’hui un carrefour d’importance où se côtoient tram et grands axes, ruelles et impasses, collectifs et maisons individuelles », pointe Nantes Patrimonia.
Nos sources :
● Association La Croix Bonneau
● patrimonia.nantes.fr
● Dictionnaire de Nantes, PUR éditions
Une histoire d’eau
La présence d’une croix de mission caractérise la place de la Croix Bonneau et lui donne ainsi son nom. En 1887, cette croix de granit remplace un simple calvaire en bois qui apparaît sur le cadastre napoléonien de 1840. Située au sud-ouest de la place, elle est déplacée au nord-est lors des travaux de la ligne de tramway, à proximité de la pharmacie. L’ancien emplacement de la croix marquerait la localisation d’une source aujourd’hui disparue, la « bonne eau », qui aurait donné son nom au quartier.
Un livre pour mémoire
L’association des habitants du quartier Croix Bonneau publie en ce mois de décembre un ouvrage qui s’inscrit dans un travail de mémoire mené depuis plusieurs années. Sous la plume de l'auteure-interprète nantaise Anne-Gaël Gauducheau, ce livre-objet mêle portraits, poèmes et illustrations d’artistes retraçant l’histoire « de celles et ceux qui pour certains habitent encore la maison dans laquelle ils sont nés. Ou qui ont connu la Carrière Barré, les champs de fleurs de la Durantière, les multiples commerces et cafés de la rue de la Convention et bien d’autres choses qui ont aujourd’hui disparu ».
Parole des invisibles. Portraits d’habitants de la Croix Bonneau. 10€. Disponible chez Coiffard ou sur demande : contact@croixbonneau.fr
+ croixbonneau.fr