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Quand Maison Fumetti se transforme en résidence

ActualitésPublié le 02 juillet 2024

L'atelier Manu Manu accueille l'autrice et illustratrice de bande dessinée Lucie Albrecht, pour trois mois d'immersion. L'occasion de revenir sur ce dispositif de résidence, proposé par Maison Fumetti.

Lucie Albrecht, accueillie en résidence jusqu’au 22 juillet, aura passé trois mois à son nouveau projet de bande dessinée, et aura parcouru la région pour recueillir des témoignages et animer des ateliers sur le rapport au corps © DR.
Lucie Albrecht, accueillie en résidence jusqu’au 22 juillet, aura passé trois mois à son nouveau projet de bande dessinée, et aura parcouru la région pour recueillir des témoignages et animer des ateliers sur le rapport au corps © DR.

Au second étage de la bibliothèque de la Manufacture à Nantes, un grand bureau accueille six auteurs et autrices de bandes dessinées. C'est l'atelier Manu Manu. Orné de planches, chacun s'y retrouve pour approfondir son projet pendant plusieurs mois. L'un des bureaux est celui de Lucie Albrecht. L’autrice est venue passer trois mois en immersion sur son 4e album, à sortir aux éditions Casterman : Le Complexe, qui traite du rapport au corps. Une résidence soutenue par la DRAC des Pays de la Loire, le Département de Loire-Atlantique et la Ville de Nantes.

Premier objectif : approfondir un projet artistique, maturer son projet d'écriture « sans obligation de rendu », précise Cassandre Thienot, coordinatrice à Maison Fumetti, même si « plusieurs livres ont abouti, parfois plusieurs années après ». Pour Lucie Albrecht, cette échappée belle à Nantes est une opportunité de « se consacrer entièrement à ce projet en investissant – physiquement et psychologiquement – un autre lieu ». Après une quinzaine de versions du scénario, elle est à présent dans le storyboard. Ces croquis lui permettent d'affiner son histoire, qui évolue encore, au fil des réflexions, des retours de ses collègues d'atelier et des rencontres avec les publics. Car ce qui a également motivé l'autrice à participer à cette résidence est le temps consacré aux échanges. « Nous faisons office de laboratoire et nous sommes là aussi pour accompagner les auteurs et autrices à tenter des choses telles que des performances dessinées, des rencontres publiques... », explique Cassandre Thienot.

Le corps et ses complexes

« Les actions proposées par Lucie étaient joliment imbriquées avec son projet artistique. C'est ce qui nous a notamment donné envie de l'accompagner », poursuit la coordinatrice, qui a proposé à des partenaires d'accueillir l’autrice pour des ateliers. C'est ainsi que Lucie Albrecht s’est mise à travailler auprès d’adolescents et de femmes atteintes de cancer. Le sujet du corps et des complexes y est abordé de manière différente, selon la façon dont il résonne à chaque endroit.

Auprès des collégiens, l’autrice évoque la « dysmorphie Snapchat » : un phénomène engendré par l'utilisation de filtres sur le réseau social amenant à avoir une perception biaisée de son image, pouvant conduire jusqu'à la chirurgie esthétique. À travers une discussion, elle replace l'histoire de la mode des corps et les injonctions selon les époques. Puis elles les invite, par le biais d'un atelier de pratique, à y réfléchir avec imagination et dérision : quelles seront les canons de beauté de demain ?

À travers Le Complexe, Lucie Albrecht traite finalement d'un sujet plus vaste encore que celui du corps : où s'arrête la recherche de perfection ? Et comment se débarrasser du regard des autres ?

"Le Complexe" est un projet qui accompagne l’autrice depuis plusieurs années et dont la parution devrait avoir lieu en 2025 © Lucie Albrecht.